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400 unes de Libération dans un livre

21/05/2010 | Benjamin Favier

Cet ouvrage rassemble quelque 400 unes de Libération : cultes ou historiques, elles montrent le traitement de l’actualité si singulier du quotidien, depuis sa création en 1973.

Les unes de « Libé », c’est un savoureux mélange entre le sens des mots et la force des photos. « En faisant le choix du quotidien magazine, Libération favorise les unes en pleine page, lorsque les événements le nécessitent, et à l’intérieur du journal des traitements qui courent sur plusieurs pages », rappelle Serge July, fondateur du journal avec le philosophe Jean-Paul Sartre en 1973. Et parmi ces événements, les disparitions engendrent souvent les parutions les plus marquantes. Dernière en date, celle de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, le 4 novembre dernier, qui clôt d’ailleurs l’ouvrage. Le titre, une fois n’est pas coutume, fait dans la sobriété : « Le siècle Lévi-Strauss ». Suivent huit pages de biographie, analyses et récits, où, là encore, la photo occupe une place prépondérante. Quelques semaines auparavant, la mort de Michael Jackson est annoncée d’un grinçant « Too Bad ». D’autres sont tout aussi cultes : « C’est un mec, y meurt… » (Coluche) ; « Tout fout Lacan » (Jacques Lacan) ; « Avec Léo va, tout s’en va (Léo Ferré) ; « Marcello ! » (Marcello Mastroianni) ; « Une photo de trop » (Lady Diana)…

Nouvelle formule

Le livre est découpé en quatre décennies, dûment introduites par des journalistes maison. C’est en 1981, alors que le journal cesse de paraître de février à mai, que le Libé tel qu’on le connaît voit le jour, au lendemain de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république : on voit l’homme politique apparaître en pleine page, en couleur. L’ouvrage offre un joli florilège de moments politiques forts, jusqu’à la récente élection de Barack Obama à la tête des États-Unis. Souvent, les formules sont jubilatoires : « Mururoa mon amour », épingle Jacques Chirac lorsqu’il reprend les essais nucléaires dans l’atoll du Pacifique au lendemain de son élection, en 1995 ; le 22 avril 2002, un gros « Non » barre le portrait de Jean-Marie Le Pen, alors que le président du Front National accède au second tour de l’élection présidentielle, à la stupeur générale. Chaque fois, le livre inscrit ces unes dans le contexte politique, social et culturel. Toutes ne sont pas du meilleur goût. En atteste « Waterbraguette », en guise de clin d’œil au Monicagate qui écorne sérieusement l’image de Bill Clinton, alors président des États-Unis. Peu importe. Même si depuis la reprise du journal par Laurent Joffrin à l’été 2006, le ton a perdu de sa verve, Libé continue d’occuper une place singulière dans l’univers de la presse quotidienne française. Et la photographie y est toujours bienvenue : ne pas rater le sujet 68 vu par Depardon publié en juin 2008, sur six pages, et reproduit ici. Espérons que Libération puisse manier cette fameuse « langue parlée écrite », selon la formule de Serge July, encore longtemps…

- Les unes de Libération
- Par Béatrices Vallaeys
- Éditions de La Martinière
- 352 pages
- 49 €

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