Tout savoir pour réaliser, optimiser et diffuser ses photos

5.Distance focale et sensibilité ISO

technique
09/04/2007 | Michel Lion

Y a-t-il une vie avant le 200 mm ?

Une idée largement répandue parmi les photographes consiste à penser que sans téléobjectif puissant, point de photographie animalière. Si nous ne pouvons contester ici les atouts d’une telle focale qui donne à son heureux possesseur un confort de prise de vue indéniable, il n’est toutefois plus un outil totalement indispensable en safari. La technologie numérique a introduit une nouvelle donne grâce à la taille des capteurs qui équipentt les refex numériques. C’est le fameux coefficient multiplicateur, souvent situé autour de la valeur x 1,5 (jusqu’à x 2 pour le D2x), qui par le jeu des équivalences 24 x 36 permet de transformer la plage focale d’un classique 70-200 mm en un 105-300 mm de même couverture…Très intéressant ! Mais attention, les risques de bougé augmentent proportionnellement au rallongement des focales et avec eux, leurs lots de flous plus ou moins maîtrisés. Voyons déjà les moyens d’éviter la tremblote. L’incontournable monopode est très pratique dans un 4 x 4 de type Jeep. Assis sur votre banquette, il est l’outil idéal permettant d’être en appui sur le plancher et de tourner dans tous les sens. Pour notre part, nous avions opté pour l’excellent Manfrotto Néotec 684B, un monopode innovant qui ne possède aucun vis de blocage. Grâce à un astucieux système autobloquant et à une poignée de débrayage, il se manipule très rapidement et s’ajuste en un clin d’œil. Si votre véhicule possède un toit ouvrant ou des fenêtres, utilisez alors un Beanbag. Ce petit sac de haricots ou de riz posé sur la carrosserie du 4 x 4 constitue un appui stable et moelleux, idéal pour votre téléobjectif. Quoi qu’il en soit, demandez toujours à votre chauffeur de couper le moteur dès qu’il stoppe le véhicule pour éviter les vibrations.

© Bruno Calendini / www.vision-sauvage.com. Les lechwes sont des antilopes très à l’aise dans les eaux du delta dont elles sont un des symboles. Sur cette image, l’eau est sombre et occupe une bonne partie de l’espace. L’appareil va chercher à éclaircir cette zone. Il faut donc sous-exposer pour ne pas cramer les hautes lumières.

Et même si vous êtes l’heureux détenteur d’une optique stabilisée et que vous maîtrisez l’apnée comme jacques Mayol, sachez que si votre sujet bouge, point de salut : vous devrez choisir une vitesse élevée pour obtenir une photo nette ! Mais comment grimper en vitesse alors que l’on vient de monter son super téléobjectif, que l’on a ouvert son diaphragme à fond, et que la lumière ambiante qui décline doucement s’avère insuffisante ? Nous touchons à un autre avantage majeur de la prise de vue numérique : pouvoir changer de sensibilité Iso quand bon vous semble. Voici une anecdote tirée de notre séjour illustrant à merveille l’intérêt de la chose. Un soir, nous avions misé sur un point d’eau situé à peine à plus de 20 minutes de piste du camp.
Espoirs couronnés d’un franc échec… Au crépuscule, nous remballons le matériel dans les sacs et entamons le chemins du retour quand au bout de quelques kilomètres, nous tombons « nez à trompe » avec un groupe d’éléphants. La réaction ne se fait pas attendre. Pour protéger les jeunes, la matriarche fait face et entame une charge d’intimidation assez convaincante. L’attitude du pachyderme est magnifique. Elle barrit, envoie de droite à gauche sa tête immense que ses larges oreilles déployées rendent encore plus impressionnante. La bête, terriblement agacée, s’arrête puis repart dans une course bruyante en soulevant des nuages de poussière à quelques mètres du véhicule. Ce n’est pas la première fois que nous nous faisons charger mais l’énergie déployée par cette éléphante à nous éloigner du troupeau est extraordinaire. Cette scène nous plonge pourtant dans un profond désarroi : le soleil est passé sous l’horizon et il commence à faire vraiment sombre. Quant au flash, il est totalement déconseillé, les éléphants détestent ! Dans la voiture, moteur à l’arrêt, notre guide est stoïque arguant que ce comportement est certes très impressionnant mais sans danger… pour l’instant ! Comme il n’a pas l’air décidé à redémarrer de suite, l’instinct du photographe reprend le dessus : peut être pourrions-nous tout de même tenter quelque chose ?

© Bruno Calendini / www.vision-sauvage.com

Nous extirpons prestement nos boîtiers des sacs. Deux pressions et deux tours de molette au dos de l’appareil et nous voici en 800 Iso et en balance des blancs Auto.L’éléphant charge à nouveau alors que crépite le bruit d’une série de déclenchements instinctifs. Les clichés sont exécutés à main levée face à l’animal en furie. La voiture démarre enfin laissant un dernier nuage poussiéreux envelopper la mère éléphante. C’est une émotion unique de vivre une telle scène animalière à la tombée de la nuit, un moment d’une rare intensité. Au camp, peu de temps après, nous découvrons nos photos, partagés entre l’excitation d’avoir pu déclencher dans ces conditions délicates et la déception de découvrir que nos images sont floues. Il ne pouvait pas en être autrement.Mais bizarrement elles nous séduisent tant elles traduisent fidèlement l’intensité de la scène passée. Nous décidons, sous l’argument très personnel d’un parti pris artistique de vous soumettre notre préférée. Avec le recul, nous estimons que dans de telles conditions, ce cliché était irréalisable sur un film diapo. Peut-être envisageable en négatif, à condition d’avoir un boîtier chargé en 800 Iso et prêt à déclencher sous la main… peu probable en réalité, car dans des conditions de lumière aussi difficiles, le capteur réagit mieux que le film. Si le numérique procure de grands avantages en matière de photographie animalière, il est des écueils qu’il convient d’éviter intelligemment. La balance des blancs est un sujet largement évoqué dans la presse spécialisée. Et force est de constater que le mode automatique, si difficile à piéger en intérieur, trouve ici ses limites et peut être facilement pris en défaut. Au petit matin, lorsque les premiers rayons du soleil inondent la savane de leur lumière si particulière, la balance automatique s’emballe et « voit rouge » ! S’ensuit une correction dramatiquement bleue à vous faire pleurer de vous être levé si tôt ! Évidemment, le problème se repose le soir : quand la lumière décline, la balance auto corrige les tons chauds. Pour éviter ce problème , il est conseillé de se mettre sur l’icone Soleil correspondant à une température de 4 800° Kelvin et qui restitue de façon plus fidèle les lumières tant recherchées du matin au soir.

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