On le considère comme le père de la photographie d’art. Alfred Stieglitz prônait la « photographie pure », en l’envisageant comme une discipline moderne à part entière.
Dans cet ouvrage, intitulé sobrement Alfred Stieglitz, Phaidon poursuit son hommage aux plus importants photographes du XXe siècle, après avoir notamment mis l’œuvre de Martine Franck à l’honneur et en attendant un livre consacré à Martin Parr. Après une introduction de l’enseignant Graham Clarke (University of Kent, Angleterre), une sélection chronologique de 55 photographies noir et blanc est copieusement commentée. Depuis son fameux portrait Rayons de soleil, Paula, réalisé en 1899, jusqu’à une photo représentant la main de son modèle préféré, Georgia O’Keeffe (photo de couverture), posée sur une roue de voiture.
Du portrait pictural à l’avènement de machines modernes. Entre les deux, un monde. Stieglitz est un témoin effacé de la marche en avant des États-Unis dans l’entre-deux-guerres. Ses images de New York dépeignent une ville fantôme, dépourvue d’âme. Le photographe préfère se réfugier à Lake George, dans l’Etat de New York. « Là, il peut chercher la nature comme élément d’une condition spirituelle profonde. » Restent les portraits, nombreux bien qu’incomplets de Georgia O’Keefe. Stieglitz en effectua plus de cinq cents. À chaque fois, ils sont tronqués. L’expression d’un refus de la part de Georgia O’keefe de s’abandonner totalement à l’objectif, marque d’une revendication de son indépendance en tant que femme et peintre américain majeur. Finalement, ces images composites illustrent bien la démarche de Stieglitz. « Alfred Stieglitz ne fut jamais un photographe documentaire. D’ailleurs, dans sa recherche d’une réalité supposée supérieure, il ignorait (et évitait) les implications sociales et économiques des scènes qu’il photographiait. » Un pan majeur de l’histoire de la photographie.
Alfred Stieglitz, par Graham Clarke
Éditions Phaidon
128 pages (55 photos)
24,95 €