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Bruno Serralongue, Feux de camp au Jeu de Paume

30/07/2010 | Pascale Brites

L’espace d’exposition du Jeu de Paume, place de la Concorde à Paris, accueille, jusqu’au 5 septembre 2010, l’exposition "Feux de camp" du photographe français Bruno Serralongue. 100 photographies de reportage dans une mise en scène originale.


Newborn, Priština, Kosovo, mardi 17 février 2009. Série "Kosovo", 2009 © Bruno Serralongue, courtesy Air de Paris et Francesca Pia.

On est tellement habitué aux lieux d’exposition classiques, où les cadres de tailles équivalentes sont pendus bien alignés aux cimaises, qu’en entrant dans l’exposition Feux de camp, on est un peu déconcerté. Les grands formats, d’environ un mètre, côtoient les petites images de 9cm de large réunies en planches contacts, le tout exposé à différentes hauteurs, dans deux vastes pièces blanches et hautes de plafond. Au bout de la deuxième salle, la série de 81 diapositives La route de l’aéroport, Pristina, Kosovo, février 2009 est même projetée directement sur le mur.

Cet aménagement original donne lieu à un amusant ballet de visiteurs, forcés de s’approcher des petites images et de se reculer pour profiter des grands tirages.
Amusant lorsqu’on visite l’exposition quasiment seul, mais sans doute un peu agaçant en cas d’affluence…

Plus gênant, l’éclairage maladroit des images qui oblige à « tourner » autour des cadres pour éviter les reflets. C’est dommage, car la démarche de Bruno Serralongue est intéressante et les images percutantes.


Condemn World Bank, WSF, Mumbai 2004. Série "World Social Forum", Mumbai, 2004. © Bruno Serralongue, courtesy Air de Paris.

L’auteur

Photographe français, diplômé de l’école nationale de la photographie d’Arles et titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art, Bruno Serralongue a débuté sa carrière dans le milieu des années 90. Bien qu’il couvre des sujets en relation avec l’actualité, on ne peut pas le classer dans la catégorie des reporters photographes. Son travail, qui s’apparente plus à la photographie documentaire, est le fruit d’une démarche rigoureuse et d’une réflexion sur l’usage de la photographie et sur sa subjectivité. « Pour moi, la photographie n’est pas première. Elle est médiatisée. Elle arrive dans un second temps, après une réflexion, après la mise en place d’un cadre opératoire des règles. », explique-t-il en introduction de l’exposition.
Quelle que soit sa destination, Bruno Serralongue ne s’intéresse pas aux manifestations en tant que telles, mais à l’envers du décor, à ce qui se passe en marge des événements médiatiques. « Deux photographies faites l’une par un journaliste et l’autre par moi, au même moment lors d’un même événement, de la même personne ou de la même scène, seront dans un cas, une information et dans l’autre cas, une contre-information. » Avant de s’attaquer à un sujet, le photographe se documente. Il épluche les journaux, écoute la radio et surfe sur Internet pour récolter un maximum d’informations et de points de vue sur la question. Il est ensuite son propre commanditaire et se rend sur les lieux par ses propres moyens. « Je réalise peu de séries par année : deux, parfois une seule, avec un nombre restreint de photographies par série, de cinq (« Destination Vegas », 1996) à vingt-deux (« Calais », 2006-2008). », explique-t-il dans son entretien avec Marta Gili, publié dans le catalogue de l’exposition. « Des liens existent entre les événements, qui se répondent même à plusieurs années d’écart. Par exemple, « Free Tibet », 1998, et « Tibet in Exile », 2008. Comme ils sont choisis en fonction de critères précis, ils forment autant un point de vue sur quelques enjeux et conflits de société de la fin de XXe siècle et du début du XXIe siècle, auxquels les médias ont donné une audience et une résonance planétaires, qu’une cartographie très personnelle de mes intérêts. »


Inconnu (Las Vegas), 1996. Série "Destination Vegas", 1996. © Bruno Serralongue, courtesy Air de Paris.

L’exposition

Feux de camp ne respecte pas la chronologie des images de Bruno Serralongue, ni même le regroupement en série. « Pour l’exposition au Jeu de Paume, l’hypothèse de départ a été de rapprocher des photographies réalisées lors d’événements distincts et n’ayant pas forcément de liens entre eux mais où l’on peut repérer des ressemblances, des invariants. »
Le visiteur est libre de parcourir l’exposition comme bon lui semble, sans qu’aucun cheminement ne s’impose. On peut suivre un parcours linéaire classique, qui oblige à s’approcher ou se reculer des images en fonction de leur taille, ou bien adopter un regard circulaire qui embrasse l’exposition dans son ensemble et permet d’observer tous les grands formats avant de se s’approcher pour lire les légendes et découvrir les petits tirages. Chacun appréciera à sa manière.
Les photographies de Bruno Serralongue sont des photographies engagées bien que distantes. Le mode est narratif et le style froid et neutre, de même que les légendes des images, purement descriptives. Libre au spectateur d’interpréter. « Mes photographies sont des documents historiques, c’est-à-dire relatifs et ambigus. »

Dommage que l’éclairage de la pièce et la scénographie des lieux ne mettent pas plus en valeur la qualité de son travail.

- Feux de camp
- Bruno Serralongue
- Commissariat : Bruno Serralongue, Marta Gili et Carles Guerra
- Le Jeu de Paume – 1, place de la Concorde – Paris 8e
- www.jeudepaume.org
- Jusqu’au 5 septembre 2010

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