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Canon EOS R : hybride et plein format, enfin !

Materiel
05/09/2018 | LAURENT KATZ

L’accouchement a été long, mais la fin de l’été 2018 marque l’arrivée tant attendue de Canon dans l’univers des hybrides plein format. Une première incursion qui laisse un peu sur sa faim, tant certaines omissions laissent dubitatif sur la stratégie à court terme de la marque qui caracole toujours en tête des ventes de reflex !

Présentation

Canon a organisé un voyage de presse londonien, avec conférence et prise en mains. Laissant peu de temps à partir de l’officialisation de l’EOS R pour travailler correctement, sachant que les documents officiels ne nous ont pas été remis en amont sous le contrôle d’un accord de confidentialité. Cette présentation, dans une version raccourcie et peu illustrée, sera complétée en début de soirée et à nouveau enrichie dans les jours qui viennent. Par avance, acceptez des excuses pour les éventuelles coquilles et les omissions générées par un traitement à l’arrache.

Sony domine le marché de l’hybride plein format depuis quelques années. Nikon l’a rejointe récemment et c’est Canon qui arrive avec de grandes ambitions. Sous l’emblématique dénomination EOS. Même si la protubérance qui sert sur un reflex à abriter la visée est plus ramassée, visée électronique oblige, la parenté esthétique des EOS est bien présente sur cet hybride plein format qui utilise un capteur rappelant furieusement celui du reflex EOS 5D Mark IV, avec plus de trente millions de photosites, chacun d’une largeur de 5,36 μm, coiffé par un filtre passe-bas. Pas étonnant que l’on y retrouve deux technologies Canon qui ont fait leurs preuves. Un : le Dual Pixel AF, dont le fonctionnement a été expliqué quand il est apparu sur l’EOS 70D ; pour mémoire, l’autofocus à détection de phase repose sur le doublement des photodiodes au niveau de chaque photosite. Deux : le Dual Pixel Raw qui produit un Raw de plus grande taille, avec les données des deux photodiodes de chaque photosite, ce qui permet non seulement d’affiner la netteté, mais aussi de décaler un peu la mise au point pour transformer le bokeh.

L’imageur produit des photos plein format, mais aussi de moindre définition (4176 x 2784), avec un recadrage de 1,6x. Ce capteur n’est pas stabilisé... quand Nikon, son concurrent de toujours, a fait le choix, comme Sony pour ses hybrides plein format, de le stabiliser. Canon indique que beaucoup de ses objectifs le sont pour le justifier. Revenons sur l’autofocus qui, indique Canon, fonctionnera à -6 IL, ce qui est très excellent et même unique, ouvrant de nouvelles perspectives à la photo de nuit ou en très basse lumière. Notre prise en main à paraître a montré que cette allégation est fondée. Son champ d’action couvre la majorité de l’image et il présente 5 655 collimateurs ! À choisir avec le doigt sur le LCD tactile, car le joystick si pratique a disparu. Dommage dans ces conditions de constater que les rafales avec l’AF continu culminent à 5 im/s, ce qui est une valeur totalement insuffisante pour nombre de types de photo d’action. En mise au point sur la première vue, la cadence passe à 8 im/s.

Le boîtier, protégé des poussières, de l’humidité et du ruissellement, présente une nouvelle baïonnette, pour la monture RF. Ce qui fait que Canon gère quatre gammes d’optiques : EF (reflex plein format), EF-S (reflex APS-C), RF (hybride plein format) et EF-M (hybride APS-C). Quelle santé ! D’un diamètre de 54 mm, elle présente un tirage de 20 mm et 12 contacts électriques. Quatre adaptateurs sont proposés pour les optiques EF et EF-S, mais pas pour celle de l’hybride APS-C, ce qui a du sens, car ces dernières ne sont pas conçues pour couvrir un cercle image intégrant un capteur plein format.
Renouvellement dans les commandes
Extérieurement, on note avec satisfaction le maintien d’un LCD de contrôle, comme sur les Nikon Z6 et Z7 ou le Fujifilm X-H1. En outre, en liaison avec les touches M-Fn et Mode, il gère plusieurs paramètres de prise de vue ainsi que le mode d’exposition.
Le grip est confortable, pas très haut et surmonté par une molette. À l’arrière, exit la roue codeuse, remplacée par une molette. Et une troisième molette, à gauche, sert juste d’interrupteur de mise sous tension. Tout est totalement configurable, pour une bonne adaptation aux pratiques de chacun. Comme la bague avant de certaines optiques, configurable par exemple pour ajuster la sensibilité ou l’ouverture.

Une nouvelle commande matérielle, la barre M-Fn, inédite sur un boîtier, apparait. Si l’on ne trouve pas de joystick à l’arrière pour délocaliser les collimateurs dans le cadre de visée, ce mini pad tactile offre une ergonomie de réglage intéressante. Il tient compte de plusieurs mouvements du doigt : glissement, pression gauche ou droite, appui intégral… ce qui, selon les options de personnalisation sert à gérer la sensibilité, la balance des blancs, l’affichage des infos…

Le LCD tactile est multidirectionnel, affichant 1,04 Mpts. Le viseur Oled, lui, propose 3,69 Mpts. En vidéo, petite déception, l’UHD 4K ne monte pas à 60p, qui reste l’apanage de la Full HD. Cette dernière conserve le cadrage, quand la 4K présente un violent recadrage. L’ALL-I ou l’IPB sont proposés comme modes de compression, le premier induisant un débit maximal de 480 Mbit/s. Le Canon Log est de sortie, avec 12 bits de dynamique tonale. La sortie HDMI délivre le signal en 10 bits en 4:2:2.

L’EOS R sera disponible à partir du 9 octobre au prix de 2 499 € nu, avec la bague d’adaptation de base EF-ES. Un kit sera proposé avec le 24-105 mm pour environ 3 500 €. Un couple bien moins encombrant qu’un EOS 6D et le 24-105 mm II f/4. Un grip d’alimentation BG-E22, servant aussi à recharger une paire d’accus LP-E6N, sera vendu 329 €.

- Le site de Canon

Premier avis

L’EOS R offre beaucoup d’atouts, mais prouve aussi que, depuis son entrée dans l’hybride, Canon va de l’avant avec le pied sur le frein. Elle n’est pas prête à renoncer sans réticence à ses reflex, même si l’on devine que l’hybride est en train de les remplacer inéluctablement à mesure que les ans passent. Alors, oui, on apprécie le Dual Pixel Raw pour étendre la dynamique et jouer, un peu, sur la mise au point a posteriori, sans pour autant parler le Lytro dans le texte. Oui, on aime la couverture de l’autofocus et ses collimateurs en grand nombre. Oui, on apprécie les promesses de la gamme optique naissante. Oui, la compacité avec le 24-105 mm f/4 est attirante. Oui, la barre tactile ouvre de nouvelles perspectives en matière d’ergonomie, comme la bague de réglage au bout de certains objectifs. Et comment ne pas mentionner l’AF qui agit à -6IL avec des milliers de collimateurs. Mais pourquoi ne pas avoir intégré une unité stabilisatrice au niveau du capteur ? Pour toutes les optiques non stabilisées qui trainent dans l’escarcelle des canonistes de longue date. Avoir mis seulement un lecteur de cartes n’est pas rédhibitoire, mais la concurrence a « officialisé » cet avantage. Et que penser des 8 im/s avec autofocus sur la première photo, ou 5 im/s en AI Servo (autofocus continu) ? Surtout quand Sony et Nikon produisent du plein format, à un tarif similaire, capable de conjuguer 20 im/s ou 12 im/s et mise au point continue. Voilà qui laisse augurer d’un hybride plus professionnel dans le futur. Avec la 4K 60p. Difficile d’avoir à son catalogue des reflex et caméras vidéo pros que l’on ne souhaite pas voir phagocyter par un nouveau venu. Voilà sans doute pourquoi, les hybrides Canon deviennent de plus en plus satisfaisants au fil des modèles, laissant encore sur sa faim par certains aspects. Mais avec ce modèle, Canon envoie un signe fort, celui de s’investir dans l’hybride plein format et sans doute de préparer un modèle haut de gamme, certes pas encore annoncé, mais que le développement d’optiques L rend inévitable.

- Le site de Canon

Fiche technique

  • Capteur : Cmos 30,3 Mpxl, 36 x 24 mm, avec filtre passe-bas
  • Définition maxi. : [3/2] 6 720 x 4 480 [3/2, format APS-C] 4 176 x 2 784
  • Définition vidéo. : UHD (30p, 25p, 24p), Full HD (60p, 50p, 30p, 25p, 24p)
  • Montures/Coefficient : Canon RF/1x
  • Stabilisateur : -
  • Tropicalisation : oui
  • Sensibilités : 100 à 25 600 Iso (extension à 102 400 Iso)
  • Formats de fichiers : Jpeg, Raw CR3, C-Raw, MP4 AVC/H.264
  • Processeur : Digic 8
  • Stabilisateur : -
  • Viseur : électronique Oled, 3,69 Mpts, 100 %, 23 mm, 0,76x
  • Écran : LCD 8 cm (3,15 pouces), orientable et tactile, 2,1 Mpts
  • Flash  : -
  • Autofocus : AF Cmos Dual Pixel à détection de phase. Autofocus à détection de contraste en 4K Movie Servo.
  • Vitesses : 1/8 000 s à 30 s, synchro flash 1/200e
  • Rafales : AF-One shot : environ 8 im/s ; Servo AF : environ 5 im/s
  • Balance des blancs : Auto, préréglages (6), K, mesurée
  • Modes Exposition : PASM
  • Modes Scènes : Scène Intelligent Auto
  • Image Process : Priorités Hautes Lumières, Optimiseur d’exposition, Réduction de bruit, Réduction de bruit hauts Iso, correction aberration chromatique, correction optiques.
  • Styles d’image : Auto, prédéfinie (7), personnalisées (3)
  • Stockage : 1 x SD/SDHC /SDXC UHS-II
  • Interfaces : USB 3.1 Gen 1(Micro USB), Micro HDMI Type C, prise casque et micro
  • Wi-Fi/Bluetooth/GPS : WiFi IEEE 802.11b/g/n, Bluetooth v4.1 BLE (Bluetooth Low Energy/-)
  • Alimentation : Li-ion LP-E6N jusqu’à 370 photos en mode Eco
  • Logiciels : EOS Utility, Digital Photo Professional Express (iPad), Digital Photo Professional 4.9
  • Accessoires fournis : Dragonne, câble USB, accu et chargeur, bague d’adaptation EF-EOS R
  • Dimensions/Poids : 135,8 x 98,3 x 84,4 mm /660 g avec carte et batterie

- Le site de Canon

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