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Larry Clark (expo) : une adolescence en enfer

07/12/2007 | Benjamin Favier

L’univers de Larry Clark est résolument sombre. Apocalyptique. L’exposition Tulsa, 1963-1971, présentée à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, retrace huit années durant lesquelles Larry Clark photographie ses proches.

« Je suis né à Tulsa, Oklahoma en 1943. J’ai commencé à me shooter aux amphétamines à 16 ans. Je me suis shooté tous les jours, pendant trois ans, avec des copains, puis j’ai quitté la ville mais je suis revenu. Une fois que l’aiguille est rentrée, elle ne ressort plus. »

En 1962, Larry Clark revient dans sa ville natale, un an après l’avoir quittée. Il réalise des portraits sans concession, illustrant la déchéance d’une jeunesse embourbée dans l’Amérique profonde sur fond de sexe, de drogue et de violence. Au même moment, des milliers d’adolescents sont envoyés au Vietnam, dans un conflit dont ils ignorent tout. Sur le continent ou en dehors, cette génération de jeunes américains est déboussolée, sacrifiée. Tandis que le mouvement hippie prend une ampleur considérable sur la côte ouest, la plupart des États restent observateurs. L’Oklahoma en fait parti. Les Américains ont coutume de qualifier cet Etat de « middle of nowhere state » (État au milieu de nul part). Peuplé de bisons, de réserves débordant d’Indiens accrocs à la bouteille, victime privilégié des tornades, l’Oklahoma souffre de la comparaison avec son imposant et orgueilleux voisin, le Texas. Un indice de satisfaction, toutefois, le sport. Les équipes universitaires de football américain et de basketball figurent régulièrement parmi les meilleures du pays. Mais on peut comprendre la détresse d’une jeunesse passive, ennuyée, envieuse, désireuse de s’affranchir des Red Necks locaux.

En 2007, les choses n’ont pas beaucoup évoluées. Les clichés de Larry Clark sont toujours d’actualité. Depuis, il est passé derrière la caméra, encouragé par des cinéastes prestigieux comme Martin Scorsese et Gus Van Sant. Kids, Bully ou Ken Park sont autant de constats d’impuissance dressés par Larry Clark sur la descente aux enfers des teenagers américains. En comparant ses films à ses photos, qui datent de près de quarante ans, on prend conscience qu’à 64 ans, Larry Clark est toujours hanté par l’absurdité de son vécu. De son propre aveu : « des photographies interdites, des photos qu’on n’était pas censé faire, d’une vie qui n’était pas censée avoir lieu. » Une exposition à voir absolument.

- Larry Clark, Tulsa, 1963-1971
- 10 octobre 2007 - 6 janvier 2008
- Maison Européenne de la Photographie
- 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
- 01 44 78 75 00
- www.mep-fr.org

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