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Fujifilm X-H1 : stabilisé !

Materiel
15/02/2018 | LAURENT KATZ

On se posait la question de savoir si Fujifilm, qui avait fait le saut du moyen format, allait rebondir et se poser sur la case plein format. Eh bien, non ! Mais le X-H1 est à ce jour le modèle APS-C le plus ambitieux de la famille X, avec une caractéristique attendue au fil des lancements antérieurs : l’arrivée de la stabilisation. Plus une forte orientation vidéo.

Présentation

Si l’on excepte le GFX 50s d’obédience moyen format qui a été lancé à la Photokina 2016, Fujifilm reste attachée à l’APS-C. Et on la comprend. Sa gamme optique, qui comporte quelques fleurons, n’est pas encore aboutie et elle a en chantier l’extension d’une famille d’objectifs pour le GFX 50S. Je la voyais mal se lancer en plus dans l’aventure du plein format et mener de front un triple développement. Les X-Pro2 et X-T2 ont maintenant un autre compagnon de route pour conquérir le cœur des professionnels. Et les X100F, X-E3 et XT-20 pour les seconder en tant que boîtier d’appoint ou séduire les amateurs experts attirés par la qualité d’image du capteur X-Trans qui, je le rappelle, n’utilise pas une matrice de Bayer, mais une disposition tout aussi régulière et néanmoins plus alambiquée des filtres rouges, verts et bleus.

Pour faire simple, le X-H1 est un X-T2 amélioré, plus encombrant et stabilisé. Alors que ce dernier mesure 132,5 x 91,8 x 49,2 mm, pour 507 g, le nouveau venu mesure 139,8 x 97,3 x 85,5 mm pour 673 g. Un accroissement de taille provenant d’un châssis en alliage d’aluminium 25% plus épais et amorti, de la présence d’un stabilisateur et d’un grip bien plus profond. Plus une platine interne dissipant la chaleur. Fujifilm n’en a pas pour autant profité pour y insérer un accu d’une plus grande capacité que celle du X-T2, donnée pour 310 vues (norme Cipa). Ni d’y ajouter la prise casque, qui ne sera disponible qu’avec la poignée VPB-XH1 (329 €) qui contient deux accus. Le capteur n’a pas bougé, c’est un X-Trans Cmos III de 24 Mpxl sans filtre passe-bas, associé au processeur X-Processor Pro. Un imageur dont nous avons plusieurs fois apprécié la qualité.

D’un point de vue fonctionnel, le nouvel écran LCD de contrôle prenant de la place - 3,25 cm de diagonale - la molette d’ajustement de l’exposition a disparu, laissant place à une touche +/. Autre changement, l’afficheur Oled de la visée électronique passe dans la catégorie 3,69 Mpts avec un taux de rafraichissement de 100 Hz, amélioré par un système de réduction du scintillement. L’écran LCD est orientable verticalement et horizontalement sans pour autant offrir la souplesse d’un afficheur multidirectionnel. Tactile, il s’étale sur 7,6 cm de diagonale et présente 1,04 Mpts.

Une poignée contenant deux accus est annoncée, différente ce celle du X-T2. La VBP-XH1 amène selon Fujifilm l’autonomie à 900 images ou quasiment 30 mn de filmage 4K, avec un troisième accu, celui de l’appareil. Elle apporte un surcroit de performance en rafale quand le mode Boost est activé. Elle offre la même résistance que le boîtier face aux poussières, aux intempéries et au froid. Elle reprend le joystick, la molette, les touches de fonction, d’AF, de mémorisation et d’activation du menu Q. Question connectique, il y a une prise casque et une prise pour la recharge avec l’adaptateur fourni (AC-9VS).

- Le site de Fujifilm

Prix

Appareil, kits et accessoires seront disponibles en mars.

  • X-H1 nu : 1 899 €
  • Poignée VPB-XH1 : 329 €
  • X-H1 + poignée VPB-XH1 : 2 199 €
  • X-H1 + Fujinon XF 16-55 mm f/2,8 R LM WR : 2 898 €
  • X-H1 + Fujinon XF 16-55 mm f/2,8 R LM WR + poignée VPB-XH1 : 3 198 €
  • Œilleton EC-XH W : 19,90 €

La stabilisation

Grande première pour les hybrides Fujifilm : la stabilisation Ibis (In Body Image Stabilization) est arrivée, en technologie cinq axes. Sa mise en œuvre s’appuie sur trois accéléromètres et autant de gyroscopes, dont les fluctuations sont analysées 10 000 fois par seconde par un double processeur. Fujifilm revendique une fabrication précise, assistée par la mesure laser, afin de vérifier le positionnement et la planéité du mécanisme lors du montage, complété par un contrôle pour chaque appareil. Des améliorations mécaniques ont été apportées sur le mécanisme à ressort de l’obturateur, pour réduire les micros vibrations. Faute d’informations à ce jour, je ne peux rien dire sur la synergie entre la stabilisation interne et celle de l’optique si celle-ci en dispose.

La face photo

Si l’on excepte la stabilisation et le viseur bien plus précis, on retrouve les atouts du X-T2 sans autres améliorations fondamentales. La prise en main bénéficie du nouveau grip surdimensionné et d’un déclencheur à la résistance adoucie et constante. Le si pratique joystick pour gérer les collimateurs est reconduit. S’il existe un obturateur électronique, silencieux, la " musique " de l’obturateur mécanique est plus discrète, revendique Fujifilm. Par ailleurs, il existe un obturateur électronique limité au premier rideau en plus de l’obturation électronique complète.

On retrouve le système autofocus rappelant celui du X-T2, intégrant les améliorations de firmware qui n’ont pas manqué d’être apportées pour affiner sa précision et sa réactivité. Assorti d’améliorations, comme une analyse des différences de phase dans les sens horizontaux, verticaux, plus une évaluation interpixels. En outre, la détection de phase sur les fines textures devrait être plus efficace. Ce sont 325 collimateurs qui sont mis à contribution dans cet AF, conjuguant détection de phase et de contraste, plus des scénarios d’autofocus continu selon les types de mouvements et les déplacements du sujet. Sa sensibilité, en AF-C descend à - 1 IL et l’ouverture minimale passe de f/8 à f/11.

En matière de rafale, qui varient entre 8 et 14 im/s selon le mode d’obturation, l’usage ou non du grip externe et la fluidité d’affichage. Un mode à 6 im/s est introduit. Pour les cadences infernales des Olympus OM-D E-M1 Mark II, d’un Panasonic G9 ou d’un Sony A9, il faudra peut-être attendre la Photokina 2018 et le lancement espéré (mais nullement annoncé par Fujifilm) d’un X-T3.

La face vidéo

Les capacités vidéo sont mises en avant par Fujifilm, avec des prestations plus évoluées visant les professionnels. La 4K DCI (4 096 x 2 160, au format 17:9) est introduite, en complément de l’UHD 4K (3 840 x 2 160) qui plafonne à 30 im/s, quand il existe un mode Full HD à 120 im/s favorisant les ralentis. Le débit maximal est étendu à 200 Mbps, pour une moindre compression. Ce qui est appréciable, même si la vidéo est enregistrable via l’HDMI sur un matériel externe, est maintenant l’enregistrement direct sur carte SD en F-Log (gamut Rec 2020).

Fujifilm a amélioré la section microphone, avec un traitement en 24 bits/48 kHz. Mais on sait que la véritable qualité sonore et l’adaptation de la prise de son au terrain passent par un micro ou un enregistreur externe. En revanche, il faut toujours se procurer le grip d’alimentation pour disposer d’une prise casque. L’ergonomie bénéficie de l’écran tactile, pour ajuster certains réglages en silence pendant le filmage.

En matière de rendu, une nouvelle simulation de film, Eterna, est introduite. Fujifilm la décrit comme apportant le "rendu d’un film cinéma, avec des couleurs subtiles et des ombres aux tonalités riches ". Et un rendu moins froid, faisant la part belle aux tons chairs.

Premier avis


On n’a pas cherché à planter des clous avec le boîtier, mais sa robustesse semble réelle d’autant qu’un nouveau traitement de surface du boîtier vise à le rendre plus résistant aux rayures. Dire que Fujifilm est dur à la détente est un euphémisme. Il a fallu attendre de nombreuses années pour que la stabilisation atterrisse au niveau du capteur. On s’en félicite, mais quelques récriminations restent en stock. Comme l’absence de prise casque ou encore le mode d’orientation du LCD. La charnière multidirectionnelle de Panasonic, Nikon ou Canon par exemple présente un avantage majeur comparé au système mis en œuvre ici, celui d’autoriser le placement du LCD contre le boîtier, pour le protéger ou éviter un allumage involontaire quand la discrétion est de mise. Par ailleurs, des touches facultativement rétroéclairées… ce serait bien pratique.

Mais les motifs de satisfaction sont nombreux, le X-T2 étant déjà un boîtier apprécié. Le X-H1 en est une version fortement professionnalisée au niveau de la construction, des tolérances et de la protection contre les phénomènes vibratoires qui perturbent la qualité de l’image.

Le viseur Oled ultra défini, l’accès à de nombreux réglages grâce aux commandes externes (le doublement du couple barillet/couronne), le menu Q paramétrable pour les réglages opérationnels, le joystick et le petit LCD de contrôle rendent l’usage agréable. Sans oublier le stabilisateur qui fait passer le X-H1 dans une autre catégorie, celle habitée aujourd’hui par Olympus, Panasonic et Sony. On aurait du mal à comprendre que les prochaines déclinaisons des hybrides Fujifilm en soient dépourvues, surtout quand le transstandard 16-55 mm f/2,8 et le 60 mm Macro ne sont pas stabilisés.

Le compartiment vidéo accepte la dualité 4K/UHD, l’enregistrement en Rec 2020 sur SD, mais les 60 im/s n’y sont pas quand les 120 im/s de la Full HD ouvrent la porte aux ralentis fluides. Avec les nouvelles optiques orientées vidéo, la cible est on ne peut plus évidente, chasser sur les terres de Panasonic.

Pour finir, inutile de tenir rigueur à Fujifilm de faire l’impasse sur le plein format, tenu compte de l’investissement humain et économique que cela représente. Dans un contexte où les ventes d’appareils photo sont loin d’être explosives, la sagesse et la prudence imposent une forte consolidation de ses atouts avant de partir vers une nouvelle aventure. Reste quand même une dernière question si jamais un X-T3 sortait… comment le X-H1 pourrait-il cohabiter avec lui ?

Fiche technique

-* Capteur : X-Trans Cmos III 23,6 x 15,6 mm, format 3/2, 24,3 Mpxl

  • Définition maxi. : [3/2] 6 000 x 4 000 [16/9] 6 000 x 3 376 [1/1] 4 000 x 4 000
  • Définition vidéo : 4K (24p), UHD (30p, 25p, 24p), Full HD (120p, 100p, 60p, 50p, 30p, 25p, 24p)
  • Monture : Fujifilm X, coeff. 1,5x
  • Stabilisateur : mécanique 5 axes, gain 5,5 vitesses maxi
  • Protection : poussière, pluie, froid (-10°)
  • Sensibilités : 200 - 12 800 Iso (100-51 200 Iso)
  • Formats de fichiers : Jpeg, Raf (14 bits), Mov
  • WiFi/Bluetooth : IEEE802.11b/g/n pour transfert d’images et pilotage avec Camera Remote/Version 4
  • GPS : -
  • Mise au point : autofocus hybride à détection de contraste et corrélation de phase ; modes Zones AF et Large/Suivi sur 325 points ; mise au point manuelle (avec focus peaking)
  • Illuminateur AF : oui
  • Mesure de l’exposition : multizone (256), intégrale, pondérée centrale, ponctuelle
  • Histogramme : prise de vue, Lecture
  • Compensation d’exposition IL : +/-5 IL par 1/3
  • Vitesses : 1/8 000s - 30s (mécanique) ou 1/32 000s - 30s (électronique) en mode A ; synchro 1/250 s
  • Mode d’exposition : PSAM
  • Mode Rafale : 14 im/s (40 Jpeg, 27 Raw compression sans perte, 23 Raw non compressés) obt. élec ; 11 im/s (70 Jpeg, 28 Raw compression sans perte, 24 Raw non compressés) en obt.mécanique avec grip, 8 im/s sinon (80 Jpeg, 31 Raw compression sans perte, 26 Raw non compressés)
  • Bracketing : exposition ; dynamique ; simulation de film ; Iso ; balance des blancs
  • Retardateur : 2 ou 10 s
  • Divers : modes Film (Astia, Provia, Velvia, Classic Chrome, Acros avec ou sans filtre, Pro neg. Hi, Pro neg. Std., N&B avec ou sans filtre, sépia, Eterna), plage dynamique variable, filtres créatifs, intervallomètre, exposition multiple, Panorama
  • Balance des blancs : auto, préréglée (7), manuel (3), K (2 500 - 10 000)
  • Flash : externe EF-X8 fourni
  • Prise flash : sabot et prise de studio
  • Compensation éclair : NC
  • Visée : électronique Oled 3,69 Mpts, 100 %, grossissement 0,75x, dégagement 23 mm
  • Moniteur : LCD 7,6 cm /1,040 Mpts
  • Affichage : Zoom, index (4, 9, 100), Affichage par date, visage, type, notation (0 à 5 étoiles)
  • Stockage : 2 x SDXC/UHS II
  • Interfaces : USB 3.1 Gen 1, micro HDMI, micro 3,5 mm, télécommande 2,5 mm, synchro flash
  • Personnalisation : touches de fonctions, molettes, configurations utilisateur, menu personnel, écran de réglages rapides Q
  • Alimentation : accu Li-Ion NP-W126S
  • Logiciels : Raw File Converter
  • Accessoires fournis : dragonne, câble USB, accu et chargeur
  • Dimensions : 139,8 x 97,3 x 85,5 mm
  • Poids : 673 g (avec accu et SD)

- Le site de Fujifilm

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