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Irving Penn et les petits métiers

23/06/2010 | Benjamin Favier

Après une exposition magistrale consacrée à Robert Doisneau, qui dévoilait un pan méconnu de l’œuvre du photographe humaniste, la fondation Henri Cartier-Bresson rend hommage à Irving Penn, disparu à l’automne dernier.

L’exposition Les Petits Métiers est née d’un projet personnel d’Irving Penn. Photo : Benjamin Favier

Du métier à l’œuvre mettait en lumière une gravité insoupçonnée dans l’œuvre de Doisneau. La fondation Henri Cartier-Bresson se concentre cette fois sur le travail d’Irving Penn, décédé en octobre 2009 à l’âge de 92 ans. Le New York Times rend alors hommage au photographe américain : « Il était probablement plus connu pour ses photos de mannequins de la mode parisienne et ses portraits de personnalités du monde de la culture, mais il était tout aussi à l’aise quand il photographiait des paysans péruviens. » La preuve en images avec cette exposition, fruit d’un projet personnel de l’auteur, mené en parallèle à des commandes effectuées pour le magazine Vogue, en 1950, à Paris, Londres et New York. Rémouleurs, rempailleurs, bouchers, femmes de ménage… Ces gens-là fascinent Penn. Il s’empresse de les faire poser en studio, dans un décor neutre. Regard droit vers l’objectif, buste fier. Penn compose rigoureusement avec les instruments de chacun. À tel point qu’ils apparaissent comme un prolongement du corps. Au cours de ces séances, le photographe livre une analyse sociologique sur les sujets. Selon lui, les comportements diffèrent d’un métier, d’une ville, d’une nationalité à l’autre. À propos des Américains : « Des trois (Anglais, Américains et Français, NDLR), les Américains étaient le groupe le plus imprévisible. En dépit de nos recommandations, quelques-uns arrivèrent aux séances changés de pied en cap, rasés de frais et parfois même dans leurs costumes sombres du dimanche, convaincus de faire leur premier pas vers Hollywood. » Pourtant, l’élégance naturelle de ces individus éclabousse l’ensemble l’exposition. Même ce portrait de pompier d’aciérie, vêtu d’une imposante combinaison blanche de la tête aux pieds, apparaît tel un super-héros, armé de son extincteur.

Rigueur technique

Au total, une centaine d’images sont exposées. Le premier étage rassemble des tirages gélatino-argentiques, tandis que le second abrite des impressions platines. On peut lire l’explication suivante, pour différencier les deux rendus sur un plan purement technique : « Pour le procédé au platine, la couche sensible à la lumière est absorbée dans les fibres du support papier laissant ainsi apparaître sa texture, alors que pour les tirages gélatino-argentiques, les particules sensibles à la lumière sont suspendues dans une émulsion de gélatine qui recouvre le support papier. » Le fait de pouvoir comparer les deux procédés à partir d’une même composition s’avère très intéressant. Toutes les photos ont été prises au Rolleiflex, avec une pellicule N/B Tri X. Penn recadrait ensuite ses films 6 x 6 pour éliminer les éléments gênants en arrière-plan. On peut en outre consulter le magnifique ouvrage (en anglais) Small Trades (Getty Publications, 45 €) dédié à l’exposition, conçue à l’origine par Virginia Heckert et Anne Lacoste, du J. Paul Getty Museum, à Los Angeles. Sous verre, un « arbre » mêle les noms des artistes qui l’ont influencés : Matisse, Cartier-Bresson, Van Gogh, Nadar, Rodchenko et bien d’autres… Son regard finement éduqué assène, parfois avec ironie (un photographe de rue est présent dans la série) qu’il n’y a vraiment pas de petits métiers.

- Les Petits Métiers, à voir à la fondation Henri Cartier-Bresson, jusqu’au 25 juillet.

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