L’album de famille français

Véritable hommage à Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs sous le Front populaire, Les grandes vacances nous fait voyager dans la France des années 30 à 60. Sous la plume alerte de Pennac (lauréat du prix Renaudot 2007 pour son essai Chagrin d’école) et l’œil amusé de Doisneau, cet ouvrage nous fait revivre des scènes de joie, à une époque où les Français découvrent la société de loisirs. Le bonheur se lit sur chaque visage. Pennac en profite pour raconter ses souvenirs de vacances, en parallèle avec celles de la famille Doisneau.

Les anecdotes pleuvent et font mouche à chaque fois. La manie du photographe de toujours garder le secret de la destination au dernier moment, en allant jusqu’à faire plusieurs fois le tour du périphérique avant de bifurquer « vers un des points cardinaux. » Les jeux d’enfant de l’écrivain, qui s’amusait à condamner toutes les toilettes dans un train, afin d’« observer le travail des vessies sur la tête des voyageurs. » Les années passent, les mœurs évoluent. Les postes radio envahissent les voitures. Doisneau en vient à fredonner un air de Strauss à la manière d’une chanson populaire, alors qu’il fait route à travers les Pyrénées. Pour se baigner, chacun veut se sentir plus léger. « Elles bikinaient, les cousines, c’était devenu des cousines deux-pièces, avec des petits volants aux balconnets, un effet terrible ! » Les grandes vacances est une réédition, l’ouvrage datant de 1991. Il constitue néanmoins un grand bol d’air frais, avec ces images illustrant un bonheur simple, palpable aux quatre coins de l’hexagone, et son prix est très raisonnable.

 Les grandes vacances
 Éditions Hoëbeke
 96 pages -18 €