Illustrations : trois photos (sans le masque, avec le masque, le résultat final).

Trois questions à Paul Englebert, l’étalonneur du film HH, Hitler à Hollywood. Il travaille aux studios Dame Blanche en Belgique.

En quoi consiste votre travail ?

L’étalonnage, c’est l’étape où, pendant le post-traitement, on ajuste la colorimétrie du film. Avec mon assistant Xavier Pique, nous avons travaillé sur une machine qui s’appelle un banc d’étalonnage « Baselight ». Nous en avons deux au studio. Il en existe une centaine dans le monde. 

Pour ce film, vous avez cherché à donner un look particulier à l’image…

Oui, étant donné que ce film est une sorte de road movie avec de nombreux rebondissements qui lui donnent par moment un côté BD belge, il s’agissait de se rapprocher de l’image de la bande dessinée, avec des personnages aux silhouettes bien nettes et épurées. C’est pourquoi les personnages qui mènent l’enquête sont très colorés. Le décor et les personnages secondaires sont, eux, en noir et blanc. »

Comment avez-vous procédé ?

Comme les images issues du 5D Mark II sont très compressées (échantillonnée en 4 :2 :0 sur 8 bits, pour les puristes), on n’a pas beaucoup de marge pour la retouche. Pour prendre une comparaison qui parlera aux photographes, c’est comme de travailler sur une image en Jpeg plutôt qu’en Tiff 16 bits. Nous avons commencé par découper la vidéo HD en images fixes. Puis, nous avons divisé chaque en différentes zones. Nous avons alors détouré les personnages à l’aide de masques, un peu comme sous Photoshop. Enfin, nous avons saturé légèrement les couleurs des personnages principaux tout en désaturant l’arrière plan. Nous avons travaillé sur des groupes de deux images à chaque fois. Nous avons dû appliqué des masques sur presque 100 000 images au total. Cela représente trois mois de travail. Les images fixes ont ensuite été envoyées dans un laboratoire pour être imprimées sur pellicule en 24 images par seconde.
Propos recueillis par Claire Riou