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LA BALANCE DES BLANCS

02/11/2010 | Michel Lion

Très souple en Raw, cette fonction essentielle permet d’obtenir un rendu juste des couleurs.

■ [Ci-dessus] : Le soleil en début et en fin de journée constitue l’un des sujets préférés des photographes. Mais attention à ne pas se laisser piéger par un réglage de la balance des blancs automatique !

La balance des blancs est devenue une notion incontournable dans le jargon de la photo numérique. La température de couleur d’une image dépend essentiellement des réglages effectués sur le boîtier, dans le menu dédié. Selon les appareils, la palette de possibilités est plus ou moins large. Lors de la prise de vue, il est essentiel de savoir ce que l’on veut obtenir. La plupart du temps, il est souhaitable de reproduire exactement ce que l’on voit. Tout dépend du type de lumière qui se présente. On distingue principalement deux sortes de lumières : naturelle et artificielle. Les appareils photo numériques fonctionnent sur une échelle de 3 000 à 6 500 degrés kelvin (K), du plus sombre au plus clair. Les valeurs proches de 3 000 correspondent aux lumières artificielles, de type néon ou éclairage tungstène. Plus on se rapproche de 5 500 degrés kelvin, plus on atteint une lumière naturelle. Il faut alors se montrer très précis dans les réglages, en fonction des conditions de luminosité auxquelles on est confronté. En photo de paysage, les photographes préfèrent les lumières de début et de fin de journée, lorsque le soleil est en train de se lever ou de se coucher. Dans de tels cas, il est conseillé de ne pas sélectionner le réglage automatique de la balance des blancs, au risque de neutraliser le cliché. Il faut plutôt opter pour une balance des blancs privilégiant la lumière naturelle. Ce réglage permet de restituer des tons orangés. Toutefois, en général, il vaut mieux régler son appareil sur balance des blancs automatique. Bien sûr, les risques d’erreur existent toujours. La puissance des logiciels de retouche autorise quelques errements. Cependant, il faut rester vigilant sur le format à adopter. Si vous shootez en Raw, votre latitude de retouche sera infiniment plus importante qu’en Jpeg, notamment en ce qui concerne la balance des blancs. Photoshop a beau accomplir des miracles, il ne permet pas de la corriger en format Jpeg. En revanche, Camera Raw l’autorise, en format Raw. Tous les appareils n’offrent pas la possibilité de photographier au format Raw. Surtout les compacts. Se pose aussi la question de la taille des fichiers. Une image au format Raw peut peser cinq fois plus lourd qu’un fichier Jpeg. D’où l’utilité d’acheter des cartes mémoire de forte capacité. Elles permettront par ailleurs de shooter en Raw + Jpeg. La post-production devient alors plus rapide. Si vous êtes satisfait du résultat, pas besoin de convertir vos fichiers Raw en Jpeg : vous pouvez sélectionner le Jpeg.

« Si vous shootez en Raw, votre latitude de retouche sera infiniment plus importante qu’en Jpeg, notamment en ce qui concerne la balance des blancs »

TEMPÉRATURE DE COULEURS :La température de couleurs se mesure en degrés kelvin. Elle permet de déterminer la couleur d’une source de lumière. Dans le langage scientifique, on compare la couleur d’une source lumineuse à un corps noir théorique chauffé entre 2 000 et 10 000 degrés kelvin. Dans le domaine de la lumière visible, il aurait un spectre d’émission similaire à la couleur considérée. Ainsi, on considère qu’un soleil couchant à l’horizon mesure
2 000 degrés kelvin. Une lampe fluorescente blanc chaud se situe autour de
2 600 K. Une lampe fluorescente blanc neutre est comprise entre 3 900 et 4 200 K. Le soleil, une fois au zénith, se mesure à 5 800 K. Une lumière naturelle se situe entre 5 000 et 6 500 K. Il est important de se familiariser avec ces valeurs, afin de procéder à des réglages judicieux au moment de l’ajustement de la balance des blancs sur son boîtier… ou plus tard, sur un logiciel de retouche. ■ [Ci-contre] : Les appareils numériques modernes permettent de se passer de posemètre : ils mesurent la lumière de manière très efficace !

Très utile en reportage. Le Raw + Jpeg constitue une sorte de soupape de sécurité. Il faut simplement s’assurer que l’on dispose d’un espace de stockage suffisant. En ce qui concerne le réglage de la balance des blancs, il faut privilégier
une mesure automatique de la lumière, si vous shootez en Raw. Ainsi, vous serez
en mesure de la corriger, le cas échéant. Car en balance des blancs automatique,
on n’est pas à l’abri de quelques soucis. En lumière artificielle, il peut arriver, à moins que la source ne soit proche d’une source de lumière naturelle, que les couleurs prennent un ton jaune ou orangé. Si vous travaillez en studio à l’aide de lampes tungstène, il est peu probable que vous obteniez une couleur fidèle à l’objet photographié, si vous réglez votre boîtier sur balance des blancs automatique. Même une balance des blancs tungstène peut être inefficace dans ces conditions, car les éclairages studio de type tungstène présentent plusieurs
centaines de degrés kelvin de décalage avec une lumière tungstène classique.
Même problème avec les lumières fluorescentes. Leur température de couleur et leur teinte varient d’une marque à l’autre. La solution consiste à opter pour la mesure personnalisée. Une fois sous la lumière en question, faites la mise au point sur un sujet neutre, gris ou blanc. Ce dernier servira de référence à l’appareil, qui prendra en compte cette mesure pour les clichés suivants. Il est conseillé d’investir dans une charte de gris neutre à 18 % (Kodak, par exemple), accessoire en outre précieux pour mesurer l’exposition.

TEINTE : La teinte est souvent comprise dans la notion de balance des blancs. Sur les logiciels de retouche, elle apparaît sous la forme d’une jauge à part entière. Comme sur Camera Raw, par exemple (voir ci-dessus). Cette option permet d’influer sur les couleurs de l’image, plus particulièrement si elle a été exposée aux lumières fluorescentes. On remarque en effet que la jauge de température évolue du bleu vers le jaune. La jauge réservée au réglage de la teinte, quant à elle, propose de travailler sur un axe allant du vert au rouge. Si seulement c’était si simple ! En réalité, il arrive souvent que l’appareil prenne en compte la mesure de la teinte lors du réglage de la balance des blancs. Le travail de retouche se complique alors…[Ci-contre] : Les jauges Teinte et Température sont très utiles pour gérer les couleurs d’une image.

Lors de la prise de vue, une autre possibilité s’offre à vous. Si vous photographiez en Jpeg, vous pouvez utiliser la fonction bracketing.Habituellement lié à l’exposition, le bracketing peut permettre d’obtenir trois fichiers présentant une image normale, refroidie et réchauffée, pour un seul déclenchement. En revanche, vous ne pourrez pas utiliser cette fonction au format Raw. Mais comme nous l’avons déjà dit, il est en général préférable d’opter pour un réglage automatique de la balance des blancs. Au format Raw, il existe toutefois un bémol. Vous constaterez que les températures de couleur peuvent varier entre votre appareil et le logiciel sur lequel vous travaillez. Faites quelques essais en extérieur, puis comparez le résultat de l’image avec une balance des blancs réglée sur lumière naturelle.

Ensuite, sur Camera Raw, par exemple, ajustez la jauge de la balance des blancs sur cette même mesure : il peut y avoir des surprises ! Dans l’absolu, lorsqu’on shoote au format Raw, il est préférable d’opter pour des réglages précis de balance des blancs, en fonction des conditions de luminosité. Cependant, il arrive souvent que dans l’action, le photographe n’ait pas vraiment le temps de régler finement la balance des blancs. C’est pourquoi un réglage automatique est conseillé. Vous aurez tout le temps de vous préoccuper de ces paramètres en post-production. Si vous souhaitez aller vite, si vous devez envoyer des images à votre rédaction, shootez en Raw + Jpeg. Si le résultat vous convient, nul besoin de passer par la case Camera Raw ! En ce qui concerne l’éclairage, l’affaire se complique lorsque le photographe se trouve confronté à plusieurs sources de lumière sur une même scène. Prenons un exemple simple. Lors d’un événement (salon, exposition), situé dans un endroit clos, il se peut que certaines zones (comme des lumières de stands) présentent un éclairage sensiblement ou totalement différent de la source de luminosité principale. Si vous travaillez en extérieur, au flash, il se peut que la température de couleur soit perturbée sur certaines zones de vos images, notamment au niveau des ombres.
Dans ces conditions, la solution consiste à privilégier la source de luminosité principale lors de la mise au point. Le résultat peut être satisfaisant. Néanmoins, il est préférable, une fois encore, d’opter pour un réglage automatique de la balance des blancs. Sur les clichés au format Jpeg, la marge d’erreur est mince. Moins il y a de retouches à effectuer, plus votre image gagnera en qualité. Car s’il est possible d’intervenir sur la balance des blancs en Jpeg, les outils de retouche sont loin d’être parfaits. Sur iPhoto, Lightroom ou Aperture, des jauges dédiées à la correction de la balance des blancs sont disponibles. Lightroom propose
aussi une pipette qui permet de prélever un ton sur une portion neutre d’une image afin de définir la bonne température de couleur. Dans Photoshop, vous pouvez utiliser le même outil sur les courbes. Mais aucun de ces logiciels n’est plus
performant que Camera Raw. Ce plug-in d’Adobe offre une formidable palette de réglages pour corriger la balance des blancs de manière très précise. Un menu déroulant permet d’intervenir comme sur un boîtier. Vous pouvez appliquer à votre fichier Raw la balance des blancs de votre choix. Dans ce cas, il n’est pas inutile de vous rappeler du type d’éclairage auquel vous étiez confronté lors de la prise de vue. Une jauge (en degrés kelvin) offre la possibilité d’être plus précis dans les réglages. La jauge teinte est également précieuse, de même que l’outil balance des blancs. Les images Raw affichent une qualité incomparable. Il s’agit de fichiers bruts, non compressés, contrairement aux images Jpeg. Les logiciels cités plus haut sont des valeurs sûres en termes de retouche photo. Cependant, il ne faut pas oublier les logiciels proposés par les fabricants d’appareils numériques. Si vous êtes débutant, inutile d’investir dans un logiciel sophistiqué
que vous n’exploiterez qu’à 20 % de son potentiel. Suivez les instructions du manuel et entraînez-vous sur le logiciel livré avec le boîtier. D’ailleurs, certains logiciels de fabricants se révèlent plus performants pour le réglage de la balance des blancs.

« Vous pouvez appliquer à votre fichier Raw la balance des blancs de votre choix »

Si vous possédez un Canon EOS 400D, par exemple, shootez au format Raw en
extérieur en réglant la balance des blancs sur lumière du jour. Importez vos images dans Digital Photo Professional, livré avec le boîtier : vous pouvez être sûr que la balance des blancs lumière du jour disponible sur le logiciel correspond trait
pour trait à celle du 400D. De la même manière, si vous sélectionnez une autre
balance des blancs sur une image shootée en extérieur, vous pouvez être certain que votre 400D aurait donné le même résultat. Ce n’est pas toujours le cas avec d’autres logiciels de retouche. Chacun réagira de manière différente, selon la marque. Une lumière tungstène ne sera pas identifiée avec la même valeur en degrés kelvin chez Camera Raw et Aperture, par exemple. La lumière du jour non plus. Il s’agit là d’un élément à prendre en compte. Si vous passez fréquemment d’un logiciel à un autre, votre œil ne pourra jamais vraiment identifier la balance des blancs idéale. Plus modestement, vous ne saurez pas si celle utilisée lors de la prise de vue était la bonne. Quel que soit votre choix, soyez fidèle !

Automatique Canon Le format Raw offre plus de latitude en terme de choix de couleur.Cependant, un logiciel de retouche d’un fabricant tiers ne permet pas toujours de tirer le maximum d’un fichier Raw. Sur cette image, notre Canon EOS 400D a produit une image neutre, en utilisant un réglage automatique de la balance des blancs.
Lumière du jour Canon En optant pour une balance blancs lumière du jour, le résultat est strictement identique à l’image réalisée précédemment. Quelques différences apparaissent sur les deux histogrammes. Mais elles sont mineures. Si les réglages automatique et lumière naturelle s’avèrent identiques dans ces conditions, on ne peut pas en dire autant avec une lumière artificielle…
Camera Raw Nous avons ouvert un fichier Raw sous le logiciel Camera Raw d’Adobe. Nous laissons la balance des blancs réglée telle quelle. Camera Raw utilise ainsi les réglages effectués par l’appareil lors de la prise de vue. En passant à la fonction automatique, le résultat devient horrible. Une nuance de jaune non désirée apparaît. Ce qui n’est pas le cas sur le logiciel de Canon.
Verdict Les choses s’améliorent en optant pour lumière naturelle sous Camera Raw. Le rendu des couleurs est nettement meilleur, même si des teintes de vert et de jaune font leur apparition au niveau du ciel. Le logiciel d’Adobe offre un large choix de retouche. Aucun réglage ne convient pour le cliché effectué avec l’EOS 400D. Le logiciel livré avec le boîtier est plus performant.

« Le réglage de la balance des blancs est un élément déterminant pour réussir une belle image »

Finalement, le principal problème posé par le choix de la balance des blancs réside dans le fait que son interprétation, sa lecture, et donc sa correction restent subjectives. On arrive à distinguer des défauts récurrents, comme un excès de jaune sur des clichés réalisés avec une lumière tungstène. Le revers de la médaille, si vous choisissez de photographier avec un réglage automatique de la balance des blancs, est que la majorité de vos images ne seront pas forcément ratées, mais présenteront une apparence neutre. Le fait que votre photo sollicite ou non une retouche ne tient qu’à votre regard, à votre appréciation. Vous devez tenir compte des conditions dans lesquelles vous avez effectué vos prises de vue, vous souvenir de ce que vous souhaitiez obtenir à ce moment-là. Le réglage de la balance des blancs est un élément déterminant pour réussir une belle image. Mais il ne doit pas être une obsession.

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