Après avoir investi le marché de l’hybride plein format, Nikon dévoile un nouveau boîtier adoptant la même monture. Mais cette fois, le capteur est de type APS-C, d’une définition identique à celle des D500 et D7500.
Un hybride Nikon pourvu d’un capteur d’une taille inférieure au 24 x 36 ? Si l’on s’en tient à cette formule, le Z50 n’a rien d’inédit, puisque les Nikon 1 ont bel et bien existé. Mais depuis l’arrêt de la production de ces appareils sans miroir à optiques interchangeables, la place était vacante en entrée de gamme, au sein de la marque, si l’on excepte les reflex : les D3500, D5600 ou D7500 sont toujours au catalogue. Après le lancement, l’an dernier, des Z6/Z7, premiers hybrides plein format Nikon, voici le troisième boîtier adoptant la monture Z (55 mm de diamètre, tirage mécanique de 16 mm).
Contrairement à ses deux aînés 24 x 36, le Z50 n’intègre pas de système de stabilisation en interne. Un choix curieux, de la part de Nikon, qui mise donc plus sur la stabilisation optique (VR), proposée sur les deux zooms DX en monture Z dévoilés simultanément, les 16-50 mm f/3,5-6,3 VR et 50-250 mm f/4,5-6,3 VR. Par contre, en montant des objectifs au format 24 x 36 en monture Z comme le 24-70 mm f/4 S ou le 85 mm f/1,8 S, il faudra composer sans stabilisation. Cela sera surtout préjudiciable en vidéo. Nikon n’est au passage pas la seule marque à fonctionner de la sorte. Sony, qui loge une stabilisation sur cinq axes sur tous ses Alpha 24 x 36 sans miroir depuis la seconde génération des A7, n’en dote pas systématiquement tous ses appareils hybrides : nous l’avons vu avec les récents A6400 et A6100. Par ailleurs, Canon et Fujifilm font toujours l’impasse, pour l’instant, respectivement sur tous les EOS M et le X-T30.
Cette définition fait écho à deux autres modèles APS-C, chez Nikon : les D500 et D7500. Il s’agit pourtant d’un nouveau capteur, de type BSI.
Pourvu d’un filtre passe-bas, il offre une plage de sensibilité qui s’étend de 100 à 51 200 par défaut, extensible à 102 400 Iso et 204 800 Iso. Il délivre des Raw, au choix sur 12 ou 14 bits (pas d’option relative à la compression). Comme sur les Z6/Z7, on retrouve le processeur Expeed 6 à la manœuvre.
La parenté avec les deux hybrides plein format est évidente, pour ce qui est du design. En revanche, l’arborescence des menus, la forme de la poignée – bien que plus compacte, par rapport aux Z6/Z7 – ou la disposition des molettes avant/arrière, ainsi que des touches programmables en façade, sont autant d’éléments qui font écho aux premiers Z, ainsi qu’aux reflex, forme du viseur exceptée. Le barillet de prise de vue a été déplacé sur la droite. Non verrouillé, il nous a semblé un peu trop facile à faire tourner, sur le modèle de présérie que nous avons eu entre les mains. Contrairement au duo de molettes, fermement cranté.
Un sélecteur fait basculer entre modes photo et vidéo. Les touches Iso, Rec et de correction d’exposition sont situées à proximité du déclencheur, comme sur les Z6/Z7. Au dos en revanche, Nikon a largement épuré l’ergonomie du Z50. Trois touches « virtuelles » figurent ainsi le long de l’écran LCD, tandis que le joystick disparaît (dommage que Nikon n’ait pas imité Fujifilm, qui l’a intégré sur le X-T30, situé dans la même gamme).
Le niveau de construction, en alliage de magnésium, s’avère dans la lignée d’un D7500, donc en dessous d’un D500 ou des Z6/Z7 : en revanche, les deux premiers zooms Z DX ne sont pas protégés contre les intempéries. Mieux vaudra, pour braver des conditions climatiques hostiles, privilégier les optiques Nikkor Z de la série S, ou les modèles DX en monture F, en utilisant la bague FTZ.
Au niveau du viseur, on trouve un Oled de 2,36 Mpts (les Z6/Z7 ont un Oled de 3,68 Mpts). Sur le dessus trône un flash intégré (NG 7 pour 100 Iso). A priori, il ne peut servir de flash maître dans une configuration avec des flashs externes sans fil. Il sera toutefois utile pour déboucher des sujets en contre-jour.
À l’arrière, l’écran LCD (3,2 pouces et 1,04 Mpts), tactile, bascule sur un axe vertical, mais va plus loin que celui des Z6/Z7. Il peut être déployé à 170° vers le bas, pour faciliter la réalisation de selfies, souligne Nikon. En revanche, il n’est alors pas possible d’utiliser une perche ou une gimbal (pour se filmer)…
Le système autofocus hybride n’est pas le même que celui des Z6/Z7. Il repose ici sur 209 points (contre 273 sur les Z 24 x 36), couvrant environ 90% de la surface du capteur. La fonction « Détection visage/yeux activée », apparue sur les Z6/Z7 via une mise à jour de firmware 2.00 majeure, investit les menus du Z50.
En mode Rafale, le Z50 se situe en dessous du Z6 (12 im/s), mais assure une cadence élevée à 11 im/s, avec suivi AF et AE sur toutes les images. Nous n’avons en revanche pas d’informations sur la capacité de la mémoire-tampon. Enfin, un mode silencieux est accessible, pour un déclenchement totalement inaudible.
Avec les Z6 et Z7, Nikon nourrit de grandes ambitions dans le domaine de la vidéo. Le fait de pouvoir tourner en 4K sur tout le capteur, en 4:2:2 10 bits via un enregistreur externe connecté en HDMI (l’Atomos Ninja V supporte les deux modèles avec le profil N-Log à la clé), en atteste. Ce ne sera pas le cas pour le Z50, qui ne fournira que du 8 bits dans ces conditions. Par contre, il tourne bien à 25 im/s en 4K UHD, sans recadrage, et à 100 im/s en 1080p, en slow motion. Une prise 3,5 mm autorise le branchement d’un micro externe (pas de prise casque en revanche). Des fonctions comme le zébra et le focus peaking figurent au menu, ainsi qu’une stabilisation électronique (moyennant un recadrage), en renfort du système VR des optiques, selon le modèle employé ; il faudra composer sans stabilisation interne.
Alors que les D7500 et D500 sont alimentés par le même accu que les D850, Z6 et Z7, le Z50 ne fonctionne pas avec l’EN-EL15. Compacité oblige, c’est l’EN-EL25 qui officie, une batterie de 1120 mAh. Elle pourra être rechargée en USB (un chargeur sur secteur est fourni), de type 2.0 (les Z6/Z7 disposent d’un port USB 3 Type C). WiFi et Bluetooth pourront être sollicités, pour envoyer des fichiers, ou piloter l’appareil via Snapbridge. Enfin, point de carte XQD (les Z6/Z7 disposent d’un logement unique pour ce type de carte). Étant donné le positionnement plus grand public, c’est une carte SD, qui se glisse aux côtés de l’accu EN-EL25.
Le Z50 sera disponible courant novembre, aux tarifs suivants :
999 € : nu
1149 € : Z50 + bague FTZ
1149 € : Z50 + DX 16-50 mm f/3,5-6,3 VR
1399 € : Z50 + DX 16-50 mm f/3,5-6,3 VR + 50-250 mm f/4,5-6,3 VR
La marche en avant des hybrides se poursuit, laissant présager une proche extinction des reflex. En tout cas, sans abandonner le créneau des appareils à miroir (le D850 se porte encore très bien selon la marque), les efforts se concentrent sur la monture Z. Après l’échec des Nikon 1, voici donc un appareil à optiques interchangeables sans miroir, en monture Z, doté d’un capteur au format APS-C.
Le petit frère des Z6/Z7 peut ainsi être comparé à l’A6400 chez Sony, par rapport aux A7 III/A7R III et IV. Comme le boîtier Alpha, le Z50 est privé de stabilisation, tout en étant pourvu d’une cadence de course, d’un mode vidéo ambitieux et d’un afficheur Oled 2,36 Mpts. En revanche, l’avance prise par Sony sur le plan de la gamme optique, lui donne quelques longueurs d’avance, aussi bien en 24 x 36 qu’en APS-C, Nikon arrivant bien tard sur ce segment. On pourra bien sûr utiliser la bague FTZ et accéder aux optiques AF-S DX et FX. Et c’est un avantage par rapport aux Canon EOS hybrides, puisque les modèles APS-C (EF-M) et plein format (RF), n’adoptent pas la même monture. Mais l’ajout d’un accessoire, aussi performant soit-il (et c’est le cas de la bague FTZ) nuit à la compacité.
L’arrivée d’un boîtier APS-C hybride montre une nouvelle fois que les petits capteurs ont encore leur mot à dire. Nous l’avons vu depuis la rentrée avec l’annonce d’une salve d’appareils au format APS-C : Canon EOS 90D, M6 Mark II, Sony A6600 et A6100, tandis que Fujifilm a annoncé la sortie de son X-Pro3 pour le 23 octobre. Le Z50 paraît armé pour lutter face aux A6400, EOS M50 et X-T30. Nous attendons maintenant un équivalent du D500 en monture Z, pour titiller les A6600 et X-T3. En espérant que la stabilisation soit de la partie, et que la gamme optique continue de croître à un rythme régulier. La feuille de route, mise à jour par Nikon, est à cet égard prometteuse.