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Nikon Z7 : Prise en main

Materiel
23/08/2018 | SEPULCHRE Jean-Marie

Nous avons eu la chance de pouvoir manipuler un exemplaire de présérie de la version haut de gamme, le Z7 de 45 millions de pixels. Deux des nouveaux objectifs Nikkor S l’accompagnaient, ainsi que l’adaptateur permettant d’utiliser les objectifs en monture F. Nous attendrons d’avoir un exemplaire avec un firmware définitif pour publier des images.

Première vision, le boîtier allie les lignes droites et les parties recourbées autour du déclencheur avec une poignée très creusée, et sur le capot du viseur. L’objectif est très déporté sur la gauche, c’était déjà le cas sur les reflex récents, mais pas de polycarbonate ou carbone en façade, la construction est tout métal. Sur le dessus et de gauche à droite un barillet de commande avec verrou, le contrôle dioptrique, un écran de contrôle et une grosse molette, devant elle deux touches de commande et deux déclencheurs, pour la photo et la vidéo, le second assez éloigné pour ne pas l’activer par erreur, et tout à l’avant en haut de la poignée la seconde molette. Pas de flash intégré, c’était prévisible après la sortie des D850 et D500. Le petit SB-500 est à conseiller, pour un éclairage direct beaucoup plus valorisant, car sa tête est orientable en toutes directions. Il peut commander à distance des flashs esclaves sans passer par le nouvel adaptateur radio.

Un viseur remarquable

Mettons l’œil au viseur. L’image fournie par l’afficheur Oled de 3,68 millions de points apparaît très grande. Plus grande (grossissement ×0,8) que celle fournie par le prisme optique du D850, mais avec couleurs plus douces et nuancées que celles des concurrents actuels. D’où un aspect plus naturel que celui que procurent les viseurs du Leica SL et du Sony A7R III. Passer l’œil d’un appareil à l’autre donne un net avantage au petit dernier. En plein soleil, les contrastes restent un peu forts, mais en faible lumière et hauts Iso, on n’est pas agressé par le bruit numérique et les détails de l’image sont beaucoup mieux perceptibles que dans l’oculaire du D850. L’appareil gère en temps réel les paramètres de la photo qui sera identique à celle que l’on découvre avant la prise de vue, que ce soit pour l’effet du Picture control, de l’exposition, de la balance des blancs, mais aussi des corrections optiques qui se font à la volée. En déclenchant en rafale rapide, nous n’avons pas constaté de retard à l’affichage.

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1 : molette des modes de prises de vue. 2 : correcteur dioptrique. 3 : molette arrière. 4 : touches de visualisation et d’effacement. 5 : commutateur photo/vidéo. 6 : paramètres affichés dans le viseur et sur l’écran. 7 : activation autofocus. 8 : pad secondaire. 9 : appel du menu i. 10 : pad principal de commandes. 11 : menu i. 12 : loupe. 13 : appel menu. 14 : cadence de prises de vues.

Une petite restriction concerne la profondeur de champ : il faut configurer une touche de fonction pour l’apprécier totalement, car pour garantir le bon fonctionnement d’un autofocus à détection de phase, il importe de ne pas illuminer la cible AF (sous le miroir avec un reflex, sur le capteur ici) à une ouverture plus petite que f/5,6. Logiquement, quand on choisit le mode A (priorité ouverture), le diaphragme se ferme de pleine ouverture à f/5,6 ; et si l’on choisit f/11 il reste à f/5,6 pour la mise au point et se ferme à f/11 uniquement pour prendre la photo. Donc il faut faire une manœuvre supplémentaire, notamment en mise au point manuelle avec le loupe et/ou le focus peaking pour fermer complètement le diaphragme tout en gardant une image claire contrairement à un reflex.

Compatibilité optique

L’adaptateur FT-Z permet d’utiliser de façon complète toutes les capacités des objectifs motorisés pour reflex (AF-S, AF-S G, AFS-E, AF-P…) que ce soit pour le pilotage de l’exposition, de l’autofocus, et du stabilisateur. Avec les anciens AF et AF-D on doit passer en mise au point manuelle, et avec les objectifs AI ou AI-S l’automatisme ne fonctionne qu’en priorité diaphragme sans rappel de l’ouverture dans le viseur faute d’indexation.

Compact, mais ergonomique

Une première comparaison entre les trois 24 × 36 « sans miroir et à visée électronique » du marché fait découvrir un boîtier très compact, plus large de quelques millimètres que celui des Sony A7. Le Leica SL, dont la base n’est pas plus épaisse, est plus encombrant d’un centimètre et demi en largeur. Un choc quand on est habitué au D850. Nos lecteurs les plus âgés se souviendront du débat relatif à la prise en main des « petits » Nikon des années 80 par rapport aux « gros » Nikkormat des années 60. Et bien le Nikon Z est large comme un Nikon EM alors que le Leica SL a la largeur du Nikkormat.

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15 : écran supérieur. 16 : déclencheur vidéo. 17 : réglages de sensibilité. 18 : correction d’exposition. 19 : molette avant. 20 : interrupteur général. 21 : déclencheur.

Une préhension aisée

Malgré cette compacité, la prise en main est excellente du fait de la poignée très creusée qui reprend le dessin de celle du D850 : les doigts épais ne seront pas coincés contre l’objectif comme avec un Sony A7 et le majeur peut facilement actionner les deux touches de fonction situées contre la baïonnette. De face, cette dernière apparaît gigantesque, surtout quand on la compare à la classique monture F. Mais les Nikonistes ne seront pas dépaysés, les objectifs se monteront toujours dans le sens anti-horaire, auquel ils sont habitués.

Les commandes

Quand on regarde l’appareil d’en haut, on observe la poignée avec toutes les commandes à main droite sur le dessus et à l’arrière de l’appareil, à gauche, figure seulement une large molette avec blocage de sécurité donnant accès aux programmes d’exposition, y compris « l’appareil vert » destiné aux débutants. Cela fait penser au D750, mais sans les modes « Scène » et « Effects » de ce dernier. Le viseur est doté d’un large oculaire et d’un correcteur dioptrique, à sa droite un petit écran de contrôle affiche les principaux réglages et l’effet des molettes, il est noir avec des graphismes blanc comme celui du Leica. La logique « touches de commande + molette » inaugurée par Nikon avec le F801 il y a trente ans est toujours présente, mais compacité de l’objet oblige elles sont moins nombreuses que sur les reflex, ainsi l’autofocus a perdu son interrupteur de commande au pied de la baïonnette. La touche i permet d’afficher sur l’écran arrière tactile et articulé – de même géométrie que celui du D850 – un menu d’accès rapide personnalisable pour éviter d’aller sans cesse chercher certaines commandes dans le menu faute de touches dédiées. Une habitude à prendre.

Carte mémoire et mémoire tampon

Il n’existe qu’un seul compartiment au format XQD pour l’enregistrement des images. Nikon estime que c’est le format de l’avenir, puisqu’il a été adopté par le consortium CF pour la nouvelle carte CFexpress. Mais le stock de cartes SD rapides peut être conséquent chez les clients potentiels, et le fait d’utiliser la XQD pour les Raw et la vidéo et la SD pour des Jpeg en vue d’éditing est fréquent chez les possesseurs de D500 ou D850. Reste surtout qu’une XQD de 64 Go se négocie autour de 170 € : trois fois plus qu’une SD de même capacité.

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Dimensions du Nikon Z7 comparées à celles du D850, du Sony A7R III et du Leica SL

Une XQD ultra rapide est-elle le prix à payer pour compenser une mémoire tampon plutôt restreinte ? Nous avons regardé la numérotation des vues pour constater qu’en rafale, on ne conserve la cadence initiale de 9 im/s que sur environ 20 Nef ou 30 Jpeg ; à 5 im/s on aura 30 Nef ou 60 Jpeg, ensuite la vitesse ralentit progressivement. L’autofocus suit le sujet aux deux cadences, mais à 9 im/s l’exposition est mémorisée sur la première vue. Avec le même exemplaire de carte XQD Lexar 2933x, le D850 nous a donné à sa cadence maximale (7 im/s) 55 Nef ou 130 Jpeg…grosse différence qui diminue les capacités du nouveau modèle pour le sport. Reste à connaître les performances du Z6 dans ce domaine (nous n’avons pas encore eu le boîtier en main).

L’autofocus

Impossible de nous prononcer clairement par une prise en mains en intérieur. Nous ne pouvons que donner des impressions par rapport à la vivacité de l’autofocus qui nous semble rapide, et équivalente selon que l’on utilise le nouveau zoom ou le classique AF-S 24-85 mm G VR avec la bague d’adaptation. En mode vidéo la mise au point se fait de façon beaucoup plus fluide qu’avec un D850.

La prise de vue silencieuse

Le D850 l’offre déjà en mode LiveView, l’obturateur étant alors exclusivement électronique. Le Z7 permet bien sûr de l’utiliser sans quitter le sujet de l’œil dans le viseur. Une restriction cependant – qui n’est pas propre au Z7, car nous l’avons rencontrée également avec le D850, le Sony A7R III et le Leica SL – si le sujet est éclairé par des éclairages scintillants comme les Leds qui se répandent de plus en plus en éclairage intérieur, des rayures sombres apparaissent sur l’image dès que l’on choisit une vitesse plus rapide que 1/60s. Un essai préalable sera indispensable, par exemple, avant de photographier un spectacle dans la discrétion absolue, sauf s’il se déroule à la lumière du jour.

Le stabilisateur

La stabilisation se fait par le capteur, une grande première chez Nikon. Il est possible de gagner les cinq crans de vitesse promis en restant bien concentré sur son sujet, bien entendu. On peut descendre à 1/2 seconde avec le zoom de kit à 70 mm. Quand on utilise une optique VR avec l’adaptateur, c’est le commutateur de l’objectif qui le pilote et le menu du boîtier devient inactif. Avec un objectif sans micro processeur, il faut renseigner le boîtier sur la focale pour le bon fonctionnement du stabilisateur, focale qui s’affiche d’ailleurs sur l’écran à côté de l’icône signalant que le système est actif.

Le renouveau des objectifs

Dans l’immédiat seuls trois nouveaux objectifs sont commercialisés, la bague FT-Z permettant d’utiliser pleinement tous les objectifs motorisés de la marque, mais aussi les séries à la norme AI ou AF en mise au point manuelle. Nous avons pu essayer le nouveau 35 mm f/1,8 et le « zoom de kit », un 24-70 mm f/4. Nous ne pouvions les mesurer selon notre norme « haut de gamme » habituelle, faute de pouvoir traiter les NEF, ce ne sont donc que des impressions que nous donnons ici.

Le 35 mm f/1,8 de finition très sobre mais construit en métal y compris pour sa bague de mise au point est sans doute au moins au niveau du modèle équivalent pour reflex avec un piqué très élevé en zone centrale dès la pleine ouverture et un très beau bokeh doux et bien étagé. En photographiant (faute de briques !) mes étagères à CD pas de distorsion notable.

Il en va de même pour le 24-70 mm f/4 de finition moins haut de gamme et de construction plus compacte que le 24-85 mm f/3,5-4,5 VR de la gamme reflex. L’objectif embarque des corrections non débrayables qui lui garantissent très peu de distorsion à l’usage et dans des conditions nettement plus subjectives que nos mesures habituelles…mais en comparaison directe avec le 24-85 sur la bague…il nous semble beaucoup plus régulier et homogène. Son tarif est attractif en kit mais bien sûr tous les Nikonistes attendent évidemment aussi un 24-70 mm f/2,8 de course !

Enfin pas de voiture de course à se mettre sous la dent, mais montés sur la bague d’adaptation le 70-200 f/2,8 FL et le 200-500 f/5,6 font preuve d’une bonne rapidité en autofocus sur des sujets mobiles…vivement un essai normalisé avec des modèles testables dotés de leur firmware définitif.

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