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Un œil à Parr

06/02/2008 | Benjamin Favier

Il était écrit que Martin Parr serait photographe. Telle est la réponse de l’intéressé quand on l’interroge sur ses débuts derrière l’objectif.

Dès l’âge de 18 ans, le jeune Martin se lance dans des études de photographie à Manchester Polytechnic. Les années 60 et 70 marquent l’avènement d’une grande école photographique aux Etats-Unis : celles de Lee Friedlander ou Robert Frank, des photographes à l’œil sociologique affûté. Les Américains, célèbre livre de Frank, convainc définitivement Martin Parr de s’engager dans cette voie. Sur le sol anglais, le photographe Tony Ray-Jones incarne à merveille ce courant. Sous influence, Parr fait ses premiers clichés à Manchester, privilégie les sujets locaux, photographie habitants et vacanciers. Des sujets qu’il ne quittera plus. Chaque image est révélatrice de traditions, de coutumes propres au rang social des personnes représentées.

Sandra S. Phillips, auteur de l’ouvrage, résume bien sa démarche : « Fasciné par notre espèce si curieuse, son regard subtil et amusé, s’est posé, au cours des trente dernières années, sur les us et coutumes des Européens dont la culture est en pleine mutation. Il a également étudié les effets de la mondialisation sur les comportements et leur évolution à travers le monde. »

Les 55 photos recueillies dans cet ouvrage (d’où le nom Collection 55), présentées de manière chronologique, illustrent bien l’orientation progressive prise par le photographe. Peu à peu, il devient obsédé par la nourriture. Boulimique. Le choix de la photo en couverture n’est pas innocent : un enfant, deux cônes de glace dans une main, est en train de payer la vendeuse, dont le regard fuit le devant du comptoir pour pénétrer l’objectif discret de Martin Parr, dissimulé dans son dos. Son air trahit une certaine lassitude, voire un sentiment de frustration.

Sans vouloir choquer, Parr interpelle. Plus il avance dans le temps, plus il s’engage. De la photographie d’aliments présentables, donc consommables, il remonte aux premiers maillons de la chaîne alimentaire : son objectif macro enlaidit de plus belle d’immondes saucisses crues ou une glace italienne répandue sur un trottoir, toute crème dehors. Souvent proche du dégoût, on finit toujours par en redemander. Grand amateur de livres photo (il a co-signé Le livre de photographies, une histoire, volumes I et II, aux éditions Phaidon), Martin Parr feuillettera certainement ce beau livre avec plaisir. Sans prétention aucune.

- Martin Parr
- Éditions Phaidon
- 128 pages
- 19,95 €

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