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Olympus : et maintenant ?

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26/06/2020 | SEPULCHRE Jean-Marie

La nouvelle est tombée le 24 juin 2020. Olympus Corporation a fait état de son intention de se séparer de son unité d’imagerie.

La marque centenaire, qui avait commencé par la fabrication de microscopes avait lancé son premier appareil photo en 1936. C’est à partir de la fin des années 50, notamment sous la houlette du génial ingénieur Yoshihisa Maitani (voir MDLP n° 113), que la marque gagna une réputation mondiale de qualité d’abord avec les compacts amateur demi-format Pen puis avec la lignée des reflex OM des années 70. Noms et styles tellement célèbres qu’ils sont toujours aujourd’hui le cœur de la gamme Micro 4/3 de la marque, couplés à ces objectifs Zuiko dont tous nos tests ont montré l’excellent rendement en gamme expert et pro. Oui, mais la division imagerie du groupe, la seule sans doute à être bien connue des photographes, ne dépasse pas 6 % du chiffre d’affaires de la compagnie, et surtout n’arrive pas à être rentable depuis une dizaine d’années malgré maints efforts. Elle regroupe 12,5 % des emplois alors que la division médicale en compte 21,5 %, mais contribue à 80 % aux revenus du groupe.

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Dans les années 70 la publicité d’Olympus était très marquée par la personnalité de son ingénieur en chef. © Olympus

Et surtout, alors que la rentabilité de la branche médicale est très haute et que le bénéfice opérationnel du groupe dépasse les 10 % pour le dernier exercice clôturé fin mars 2020 la division imagerie est en perte à hauteur de 24 % de son chiffre d’affaires, après une perte de 37,5 % en 2019. En fait, en dix années, cette structure a perdu près de 900 millions d’euros, malgré le lancement de plusieurs modèles sans miroir experts de haute volée, le marché des compacts où Olympus occupait une position solide depuis le début du siècle avec ses Mju numériques s’est érodé de plus en plus rapidement.

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Les derniers modèles sans miroir de la marque restent fidèles au style des années 70. © Olympus

Pendant des années, on a pu considérer qu’en quelque sorte combler les pertes de la division imagerie avec les marges conséquentes dégagées par la division médicale était en partie une dépense favorisant la bonne image de la compagnie dans le public. C’était compter sans les interventions des actionnaires demandant toujours plus de dividendes et souhaitant tailler dans le vif. Or si le patriotisme d’entreprise japonais est bien connu, 45 % des actionnaires de la compagnie sont des institutions et investisseurs étrangers, dont ceux que Bloomberg qualifie « d’activistes », c’est-à-dire des fonds qui interviennent dans le seul but d’augmenter leur retour financier à court terme.

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Le graphique de gauche montre la répartition du chiffre d’affaires de la compagnie pour l’exercice 2018-2019, celui de droite le chiffre d’affaires et les pertes de la division imagerie en 2018-2019 et 2019-2020. (Source : Rapports financiers Olympus)

Dès lors a été annoncée le 24 juin la décision du groupe de se séparer de sa division imagerie en la cédant à une petite structure d’investissement japonaise spécialisée dans la restructuration, mais ses détracteurs prétendent qu’elle est spécialisée dans la liquidation industrielle en ne conservant que les marques, des entreprises en difficulté. Japan Industrial Partners (JIP) reprendrait tous les actifs d’une nouvelle société mise en place pour concentrer en une seule entité toute la division imagerie, laquelle pourrait devenir propriétaire des noms OM-D et Zuiko, mais nul ne sait combien de temps elle pourrait garder le nom d’Olympus pour ses produits. JIP est intervenu depuis une dizaine d’années pour « exclure » du périmètre de grands groupes tels que Toyota, Hitachi ou NEC telle ou telle activité jugée trop périphérique, ce qui s’est parfois traduit par un abandon pur et simple de l’activité après cession à JIP selon le site officiel du fonds d’investissement. Un précédent dans le domaine des hautes technologies grand public existe avec la reprise par JIP de la division Sony Vaio, devenue Vaio Corp en 2014, mais avec un capital minime de l’ordre de 15 millions de dollars et une gamme de produits très réduite. On a du mal à croire le communiqué officiel selon lequel « en scindant l’activité d’imagerie et en exploitant l’entreprise avec JIP, la structure d’entreprise de l’entreprise d’imagerie peut devenir plus compacte, efficace et agile et c’est le moyen le plus approprié pour réaliser son autosuffisance et une croissance continue ». Toutefois, Olympus s’engage à conduire, avant la cession, des opérations de restructuration, en prévoyant « de mettre en œuvre des réformes structurantes de l’activité Imagerie visant à changer la structure commerciale afin qu’elle soit plus rentable et durable. » Reste que la nouvelle structure serait en tout état de cause chargée de la commercialisation et de l’après-vente des produits actuels.

L’état des lieux définitif doit être arrêté le 30 septembre et la séparation serait effective le 30 décembre 2020, d’où la prudence qui s’impose à très court terme. Mais on voit mal comment rétablir en si peu de temps une rentabilité si dégradée sans diminution des effectifs, qui s’élèvent aujourd’hui à 4 270 sur les 35 174 recensés par la compagnie, voire sans coupes sombres dans la gamme des produits les moins vendus.

- Crédit image d’accueil : Les appareils mythiques de la marque ont fait succès entre 1960 et 1980. (Photo JMS)

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