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Ovlac : « Toutes les couleurs, le bruit et la joie donnent une impression d’infini »

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07/06/2017 | Sandrine Dippa

En 2015, Ovlac délaisse la photo de mode et se rend à Nashik en Inde pour photographier le Kumbh Mela, un pèlerinage religieux ayant lieu quatre fois tous les douze ans. Les images prises durant son voyage seront – si le financement lancé sur Ulule aboutit – regroupées dans un ouvrage intitulé Inside Kumbh Mela. Le passionné de voyage, également auteur de séries consacrées à Burning Man, revient sur son périple.

- Le Monde de la Photo : Comment vous êtes-vous retrouvé à photographier le Kumbh Mela à Nashik en 2015 ?
Ovlac : J’aime voyager. J’ai par exemple eu l’occasion de photographier Burning Man, un festival basé sur le don et le respect se déroulant chaque année dans le désert d’une ville éphémère. Je recherchais d’autres endroits dans le monde où je pouvais retrouver cet amour des autres. J’ai dû attendre plus d’un an avant de pouvoir découvrir ce pèlerinage se déroulant tous les douze ans, dans quatre villes simultanément. En allant en Inde, j’ai trouvé plus que ce que j’imaginais.

- Le Monde de la Photo : Racontez-nous l’effervescence dont vous avez été le témoin…
Ovlac : C’est assez inexplicable. Je me suis retrouvé parmi des millions de personnes. Toutes les couleurs, le bruit et la joie donnent une impression d’infini. Ce spectacle est à la fois magnifique et inédit. Par exemple, dans toutes les rues, les pèlerins sont assis par terre en ligne, dos à dos ou face à face sur des kilomètres attendant leur repas offert par les chefs de clans. Tout se fait dans le calme et le respect avec une organisation et un déroulement millimétré. C’est un des moments les plus impressionnants.

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Photo : Ovlac

- Le Monde de la Photo : Le Kumbh Mela est avant tout un pèlerinage religieux que j’imagine intime pour ceux qui le pratiquent. Comment votre appareil a-t-il été accueilli dans ce contexte ?
Ovlac : Nous étions une poignée d’Occidentaux à être présents. La gentillesse des pèlerins à mon égard était aussi forte que leur curiosité. Certains villageois ne s’étaient jamais vus en photo. Parfois, ils m’interpellaient pour que je les photographie en famille. Le plus surprenant est que j’étais moi-même continuellement pris en photo par ce peuple indien qui voulait capturer l’étrange spectacle d’un Occidental au Kumbh Mela. J’ai dû accepter avec plaisir des centaines de selfies par jour. Je me souviendrais toujours de ce sâdhu qui, après que je lui ai proposé une cigarette, insista pour m’offrir son collier.

-  Le Monde de la Photo : Qu’en est-il des conditions de prise de vue ?
Ovlac : Au début, ce n’était pas simple, car je ne pouvais pas accéder à tous les lieux. Il faut savoir que les pèlerins ne peuvent approcher le chef de clan, ni accéder au bain des sâdhu. Malgré une accréditation obtenue auprès des organisateurs du Kumbh Mela avant mon départ, j’ai du attendre deux jours sur place et passer par huit bureaux différents pour obtenir une autorisation. Même avec ce précieux sésame, j’ai souvent dû négocier sur place. Sans compter la foule. Elle ne facilite pas la prise de vue lorsqu’on est au cœur du pèlerinage. Il m’est arrivé, lors d’un bain spirituel important, d’être si happé et serré par la foule que je n’ai pas pu prendre de photo. Ce qui est fou est que pendant une dizaine de mètres, mes pieds n’ont pas pu toucher le sol !

- Le Monde de la Photo : Et concernant le matériel utilisé ?
Ovlac : J’ai travaillé avec mon 1D X de Canon et un 5D Mark II pour une série de quarante portraits que j’ai réalisés dans un mini studio monté sur place : mon assistant tenait un fond noir en arrière-plan et une lumière fixe. Sinon, j’ai emporté quatre objectifs : un 24-70 mm, un 70- 200 mm f/2,8 de Canon, un 120-400 mm Sygma et un 50 mm f/2,8.

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Photo : Ovlac

- Le Monde de la Photo : Les prochaines Ardh Kumbh Mela devraient se dérouler en 2019 à Prayag et en 2022 à Haridwar. Que pourriez-vous conseiller aux lecteurs tentés par l’"aventure" ?
Ovlac : Je leur conseille de ne pas trop préparer leur voyage sauf pour trouver un lieu où dormir. Il ne faut pas hésiter à se laisser porter par le courant de ce peuple incroyable. Pour la petite anecdote, c’est grâce à un vendeur de thé parlant anglais que j’ai pu shooter un chef de tribu sur son trône, en pleine réunion !

- Le Monde de la Photo : Votre livre Inde Kumbh Mela est en financement sur Ulule jusqu’au 28 juin. À quoi devrait-il ressembler si les 20 000 € demandés sont récoltés ?
Ovlac : Ça sera un beau livre de 300 pages au format 22 x 30. Au fil des pages, vous comprendrez les rites de ce pèlerinage, vous rencontrez les sâdhus, ces hommes qui ont renoncé à toutes les attaches de la vie matérielle pour se consacrer à la recherche spirituelle, mais aussi des femmes pieuses et colorées, des chefs de tribus vénérés comme des dieux, des enfants hindous et la foule, gigantesque… Si je dépasse l’objectif des 20 000 €, je pense réaliser un coffret comprenant dix tirages en plus du livre.

- Le Monde de la Photo : Quels sont vos autres projets ?
Ovlac : Je travaille sur un livre dédié au festival Burning Man que j’ai photographié – cinq fois en quatre ans – dans le Nevada, dans le Neguev et en Afrique du Sud. Je prévois aussi un voyage au Japon.

- Inside The Kumbh Mela sur Ulule
- Le site d’Ovlac

Crédit image d’accueil : Ovlac - En route pour le repas

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