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Robert Delpire : disparition d’un éditeur hors pair

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27/09/2017 | Benjamin Favier

Le célèbre éditeur de livres d’art, directeur artistique, commissaire d’expositions et producteur de films est décédé hier à Paris, à l’âge de 91 ans. Il a édité les plus grands noms de la photographie et créé la collection Photo Poche.

Lorsqu’il crée le magazine Neuf, en 1950, Robert Delpire est étudiant en médecine. Il souhaite alors concevoir une revue de luxe « destinée aux médecins et qui serait financée par les laboratoires pharmaceutiques ». C’est dans ce cadre, qu’il rencontre Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Robert Capa et Robert Frank ; mais aussi Jacques Prévert, André Breton et Henry Miller. « Mes premiers livres sont des numéros de Neuf, développés et enrichis », avouait Delpire. Ainsi paraît la première monographie de Brassaï, Flagrants délits de Cartier-Bresson ou Les Parisiens tels qu’ils sont de Doisneau. Son premier coup d’éclat intervient en 1958, avec la publication du livre Les Américains, de Robert Frank.

Entre-temps, il a fondé la maison Delpire Éditeur, en 1951. Il définit son travail en ces termes : « Je ne suis pas artiste. Un éditeur n’est pas un artiste. Un éditeur est un artisan. Il est au service de l’auteur. Faire un bon livre de photographie ça n’est pas faire un livre pour soi, mais pour l’auteur. » Outre ses collaborations en tant qu’éditeur avec de grands photographes, qui aboutissent souvent à de grandes amitiés, notamment avec Cartier-Bresson, qu’il considérait comme « un frère », Robert Delpire endosse d’autres responsabilités dans le monde de l’art.

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La collection Photo Poche a été créée par Robert Delpire en 1982. Depuis 2004, elle est éditée par Actes Sud. Au 30 août 2017, elle compte 157 ouvrages.

En 1982, il fonde le Centre national de la photographie, dont il assure la direction jusqu’en 1996. La même année, il crée la collection Photo Poche (aujourd’hui éditée par Actes Sud). Deux démarches qui s’inscrivent dans une volonté de « faire connaître la photographie d’expression dans sa pluralité, à un public aussi large que possible ». Il n’oublie pas de remercier Jack Lang, alors ministre de la Culture : « Je n’ai jamais cessé et ne cesserai jamais de chanter ses louanges (…) Si Photo Poche existe, c’est grâce à lui. » Robert Delpire a aussi publié des livres pour enfants (il trouvait ce genre d’ouvrage « mal fait » et « bêtement naïf »). Parmi les distinctions qu’il a reçues, citons, en 1995, la médaille du centenaire de la Royal Photographic Society. En 2009, son travail a fait l’objet d’une rétrospective aux Rencontres d’Arles et à la Maison européenne de la photographie.

À la question « quels sont vos photographes préférés ? », Robert Delpire répondait : « Ceux que je publie ». William Klein, Josef Koudelka, Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Sarah Moon (sa compagne) ou Robert Frank, en font partie. Robert Delpire est mort hier à Paris, où il est né il y a 91 ans. Il laisse un immense héritage photographique. Le dernier en date, C’est de voir qu’il s’agit (éditions Delpire), paru au mois de juin, contient de nombreuses réflexions de Delpire sur son métier et surtout sur les œuvres des photographes qu’il a côtoyés. Les citations publiées dans cet article sont extraites de cet ouvrage, dont nous recommandons la lecture à tous les amoureux de la photographie.


- C’est de voir qu’il s’agit
- Par Robert Delpire (écrits et propos réunis par Michel Christolhomme)
- Éditions Delpire
- 16,5 x 20 cm, 240 pages, 34 €

- Crédit photo page d’accueil : Portrait de Robert Delpire. © Sarah Moon

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