Lors du dernier Festival Sundance, qui s’est déroulé du 22 janvier au 1er février, la photographe Victoria Will, une portraitiste basée à New York, a immortalisé des comédiens et des réalisateurs, comme Vincent Cassel, Kevin Bacon ou Robert Redford, en utilisant un procédé ancien : le ferrotype. Mis au point au milieu du XIXe siècle par Adolphe Alexandre Martin, cette technique nécessite l’utilisation de plaques d’aluminium recouvertes de vernis noir. L’artiste nous explique sa démarche et les aspects techniques de ce procédé.
La photographe Victoria Will a installé un studio de ferrotype lors du dernier festival de film Sundance pour y immortaliser des célébrités. Nous avons posé trois questions à l’artiste.
Comment en vient-on à immortaliser des stars au férrotype à Sundance ?
Victoria Will : J’ai eu beaucoup de chance. Quand un photographe arrive au festival qui se déroule à Park City dans l’Utah, on lui attribue, si ce dernier a de la chance, une pièce avec quatre murs pour y réinventer la roue. En ce qui me concerne, ça fait cinq ans que je participe au festival et chaque année je tente d’apporter quelque chose de frais et de nouveau.
J’ai découvert les ferrotypes il y a quelques années grâce à la Fondation Penumbra. Je suis littéralement tombée amoureuse du procédé ! J’ai donc pensé qu’avec beaucoup de travail et de la persévérance, il serait possible de proposer ce type de portrait au Festival Sundance.
Comment créez-vous ces portraits ?
V W : On commence par recouvrir un morceau d’aluminium avec un mélange colloïdal. Puis dans une chambre noire, on place la feuille imbibée (elle peut être en être en aluminium, en fer ou autre) dans un bain de nitrate d’argent pour la rendre sensible à la lumière. Après le bain on place la plaque humide dans le passe-vue de l’appareil. Il ne reste plus qu’ à exposer !
Il faut savoir qu’il est essentiel d’utiliser rapidement la plaque, quand elle est encore humide. Techniquement, on expose l’image puis on retourne dans la chambre noire avec la plaque pour la développer, arrêter l’action de la chimie dans un second bain, fixer, sécher et vernir. On peux obtenir un cliché avec des rayures uniques. Le résultat est vraiment gratifiant.
Quel type de matériel utilisez-vous ?
V W : L’appareil photo n’a pas d’importance, car il n’a pas d’incidence sur le ferrotype. C’est un choix artistique et personnel. J’utilise plusieurs types d’appareils et différents objectifs. Je me sers d’un Graflex Super D 4x5 à lentille unique des années 40 que je dote d’un objectif Hermagis Petzval (203 mm f/3,8) des années 60, fabriqué en France.
J’utilise également un Sinar p2 (4x5) avec un objectif Wollensak Raptar 210 mm f/4,5. Les ferrotypes nécessitent beaucoup de lumière lors de la prise de vue. Concernant l’éclairage, j’utilise donc 9600 watt de flash, un bol de beauté et une Octabox de 150 cm.
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© Victoria Will, Ewan McGregor
