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100 photos de Ai Weiwei pour la liberté de la presse

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23/09/2013 | Benjamin Favier

L’artiste dissident chinois est à l’honneur du dernier album de Reporters Sans Frontières, qui œuvre pour la liberté de la presse à travers le monde. L’occasion de découvrir de nombreux clichés inédits, montrant le quotidien d’un homme en proie à une surveillance permanente.

L’œuvre d’Ai Weiwei ne se limite pas à la photographie. Cet artiste chinois s’empare tout aussi bien de la sculpture ou de la vidéo pour alimenter sa critique sociale et politique acerbe à l’égard de la République populaire de Chine. Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF, a rencontré Ai Weiwei dans son atelier, à Caochangdi, au bord de l’autoroute, situé entre le centre-ville de Pékin et l’aéroport. Il parle d’un homme « cerné de dizaines de caméras de surveillance, suivi par des policiers en civil affalés dans des voitures banalisées ».


Lanterne devant le portail du studio de Caochangdi. © Ai Weiwei

Provocations

Ce qui n’empêche par Ai Weiwei d’exposer son travail à travers le monde (le Jeu de Paume à Paris lui a ouvert ses portes l’an dernier), avec un certain sens de la provocation : l’une des ses photos les plus célèbres est un doigt d’honneur adressé par l’artiste à Mao, sur la place Tiananmen. Un concept décliné un peu partout dans le monde, par exemple devant la Tour Eiffel ou le Colisée, à Rome (voir chapitre « Étude de perspective »). Pourtant, il a participé à la conception du fameux « Nid d’oiseau », stade construit à l’occasion des Jeux olympiques d’été qui se sont déroulés à Pékin en 2008… Cette même année, le tremblement de terre dans la province du Sichuan radicalise son engagement vis-à-vis de l’autorité. Il se traduit par sa participation à « l’Enquête des citoyens » sur les décès d’enfants survenus lors de cette catastrophe : son blog est fermé un an plus tard.


Ai Weiwei dans l’ascenseur alors qu’il est emmené en garde à vue par la police, août 2009, Sichuan, Chine. © Ai Weiwei

Casse-tête

En 2011, il est arrêté et détenu par la police chinoise pour évasion fiscale, puis libéré sous caution quelque trois mois plus tard. Ai Weiwei « présente un casse-tête sans précédent pour le pouvoir chinois », souligne Pierre Haski, co-fondateur du site Rue89 et fin connaisseur du pays, puisqu’il a été pendant cinq ans correspondant à Pékin pour le quotidien Libération. Selon lui, comme il l’exprime dans son beau texte « L’art de la contestation », Ai Weiwei exploite parfaitement les réseaux sociaux et documente sous toutes les formes son quotidien d’homme épié, qui décuple sa créativité. Le chapitre de l’album intitulé « Pouvoir d’État, Police secrète » est à ce titre édifiant, pour comprendre ce que vit Ai Weiwei. Lui-même proclame sans hésitation : « Je ne me considère pas comme un artiste dissident. Pour moi, c’est le gouvernement qui est dissident. »


Caméra de surveillance devant le portail du studio. © Ai Weiwei

Pour la première fois, une application dédiée aux albums de RSF voit le jour sur l’Apple Store. Pour 7,99 €, le numéro quarante-trois sera accessible dans une version numérique enrichie. La version papier coûte 9,90 €. L’intégralité des recettes sera reversée à l’association.

Chaque année, Reporters sans frontières publie un classement mondial des pays, pour pointer du doigt ceux où la liberté de la presse est la plus bafouée. La Chine arrive en cent-soixante-treizième position… sur cent-soixante-dix-neuf ! Au passage, notons que la France arrive seulement à la trente-septième place. La Finlande est classée première.

- 100 photos d’Ai Weiwei pour la liberté de la presse
- Éditions Reporters sans frontières
- 132 pages
- 9,90 €

- Le site de Reporters sans frontières

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