« Le maintien d’un service photo à 20 Minutes n’est pas stratégique. » Voilà comment le journal justifie la suppression des postes de photographes, remplacés par les bases des agences de presse, le public et les rédacteurs eux-mêmes.
Un journal a-t-il besoin d’un service photo ? Au printemps dernier, le Chicago Sun-Times répondait par la négative, licenciant au passage un gagnant de prix Pulitzer. Aujourd’hui, c’est plus près de nous qu’une opération similaire a lieu : le quotidien gratuit 20 Minutes a annoncé une restructuration dans laquelle treize postes doivent être supprimés. Au programme : un rédacteur en chef technique, des opérateurs prépresse, et surtout le chef de service photo et des photographes.
Selon Libération, qui révélait l’information hier soir, seuls deux rédacteurs photo resteront, basés à Paris, pour illustrer l’ensemble du journal et de ses éditions locales. Ils utiliseront les illustrations d’agences, les archives et les photos d’amateurs (qui fournissent il est vrai parfois de très bons clichés) ; au sein du journal, ce sont les rédacteurs qui fourniront désormais les images, qu’elles soient fixes ou animées.
La direction évoque la conjoncture économique et la nécessité de se développer sur les supports numériques et l’information en temps réel. La diffusion des éditions papier de 20 Minutes a en effet chuté de près de 10 % par rapport à l’année précédente et le journal a perdu 4 millions d’euros entre janvier et septembre.
Est-ce pour autant une bonne stratégie que de se couper d’une production originale et spécialisée pour aller piocher dans la banque des agences et les retours de rédacteurs multitâches ? L’avenir le dira, mais l’opinion générale est qu’un reporter d’images professionnel fournit un contenu plus constant que le public et les journalistes polyvalents. À ce sujet, le Tumblr comparant les couvertures du Sun-Times et de ses concurrents ne manque pas de cas explicites…