Regarder, c’est chercher à voir !
Un safari-photo offre de multiples opportunités au photographe, mais il faut savoir les saisir. Dans un véhicule qui roule, même doucement, les images défilent en permanence sous vos yeux. À chacun de faire preuve de concentration en réfléchissant sans cesse à ce que donnera tel sujet, dans tel cadrage, avec telle focale et telle luminosité. Si vous repérez une image intéressante, il faut être vif et faire immédiatement stopper le véhicule, voire le faire reculer. Ensuite il faut se positionner, observer l’animal, anticiper sur son comportement, tout en jonglant entre l’exposition, la cadence moteur, la vitesse, la profondeur de champ, et pourquoi pas la sensibilité Iso, la balance des blancs ou le flash si nécessaire…Tous ces automatismes demandent à être mainte fois répétés avant d’être acquis. En Safari, vous pratiquez cette gymnastique au quotidien au moins 8 heures par jour et vous allez forcément progresser. Face à la nature, apprenez aussi à être patient. Certains débutants avides de découvertes vont frénétiquement d’un animal à l’autre et cherchent à en voir toujours plus. À éviter absolument. Bien souvent, c’est le sujet qui vient à vous et c’est en se fondant dans le décor et en se montrant calme et persévérant que l’on assiste aux plus belles scènes de la vie sauvage. En bien des cas, notamment à bord du véhicule, vous surplombez les animaux. Cette situation n’est pas rédhibitoire, mais vous vous rendez vite compte qu’en vous abaissant (soit en vous allongeant, soit en vous maintenant accroupi au fond du véhicule) vous évitez la sempiternelle photo en plongée et que le cliché final y gagnera en force. Recherchez l’originalité et affûtez votre regard.
Prenons par exemple la photographie ci-dessus. Elle a été réalisée au passage d’un troupeau de buffle estimé à plus d’un millier de têtes que nous avons largement photographié sous tous les angles. Au milieu de cette impressionnante masse compacte qui avançait dans un nuage de poussière, Bruno a repéré l’activité discrète de quelques pique-bœufs qui virevoltaient autour d’un buffle balafré. Il a choisi d’en faire le sujet principal d’une image et a travaillé pendant de longues minutes jusqu’à saisir parfaitement le vol furtif de l’un de ces oiseaux. Un petit recadrage a fait le reste. Il en résulte une photo forte dont l’oiseau est bien le sujet central. Malgré sa petite taille, il interpelle par son attitude, sa position dans l’image, et par son bec orange attirant l’œil dans cet univers monochrome. « Le morceau » de buffle donne une information claire sur l’environnement et sert juste assez la composition pour ne pas l’envahir. Un subtil dosage de technique et d’harmonie qui délivre un autre regard sur ce lilliputien africain.
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© Bruno Calendini/ www.vision-sauvage.com. Tapis dans les hautes herbes au lever du jour, ce lion guette un troupeau et prépare son offensive. Pour être net sur l’œil, il est préférable de passer en mise au point manuelle car l’autofocus risque de privilégier les herbes qui se balancent en avant plan. |