A la vitesse d’un bison au galopmercredi 20 février 2008, par Bruno Calendini
Depuis hier, la neige tombe abondamment. Au lever du jour, je pars vers la réserve des bisons d’Europe de Ste Eulalie pour profiter de la blancheur des paysages. Un soigneur m’attend pour m’accompagner à l’intérieur du parc où je dois réaliser un reportage destiné à la communication de ce site touristique*.
Notre véhicule nous transporte à travers la réserve. Arrivé à une distance intéressante des animaux, je descends pour faire quelques images tests. Mon premier souci est d’équilibrer le contraste entre la fourrure sombre des mammifères et le manteau neigeux immaculé. Après avoir jonglé entre mesure ponctuelle, centrale et multi- zones, c’est finalement cette dernière que je sélectionne car elle s’avère comme souvent, la plus intéressante dans la majorité des situations. Par sécurité, je travaillerai en RAW et j’exploiterai la dynamique du capteur au maximum de ses capacités, afin de conserver au mieux les détails dans les hautes lumières et dans les ombres. Les bisons déambulent nonchalamment mais je suis prévenu : attention aux démarrages explosifs, aux sauts, aux conflits entre dominants et aux charges subites. J’observe le troupeau à l’affût de belles attitudes quand deux mâles se lancent dans un affrontement musclé à quelques mètres de moi.
Je déclenche une rafale mais j’ai choisi des options bien peu adaptées à la photographie d’action. Avec le réglage de la dynamique au maximum de ses capacités, les performances habituelles (16 vues à 3 images/seconde en RAW + JPG Fine) chutent à 7 vues à 1,7 images/seconde. Le S5 Pro met ensuite 40 secondes à traiter les données et à digérer complètement ces 7 fichiers (**). Pendant ce temps, le combat continue sous mes yeux et je suis impuissant ! Cette scène relativement rare durera moins d’une minute et je ne pourrai faire que très peu d’images. Il est à noter que ce problème de cadence se pose aussi si vous choisissez le mode « Simulation film » et ses rendus de couleurs pré- programmés (voir post du 28 décembre), vu que les images sont traitées en interne par le boîtier. Je décide donc de revoir ma copie : rester en RAW+JPG mais revenir en mode dynamique standard. Me revoilà à 3 images/seconde sur 16 vues... C’est beaucoup mieux !
Peu de temps après j’ai l’occasion de mesurer la pertinence de ce choix, lorsqu’un bison démarre au galop. En mise au point continue, je profite d’une rafale suffisamment longue et rapide pour obtenir plusieurs images nettes…. avant de céder le passage ! (*) A la fin du XVIIIe siècle, le bison d’Europe survivait à l’état naturel dans la grande forêt polonaise de Bialowieza. Mais la Première Guerre mondiale et le braconnage, ajoutés à un équilibre de l’espèce déjà fragile, décimèrent les derniers spécimens sauvages qui disparurent en 1921. Après 1923, l’effectif des bisons augmenta de nouveau régulièrement grâce à la création de plusieurs réserves en Pologne. Mais en 1953, une épidémie de fièvre aphteuse fit de nouvelles victimes. Les scientifiques cherchèrent alors à créer un autre pôle de reproduction dans une zone éloignée de la Pologne. La Margeride française (Massif Central) correspondait parfaitement à l’habitat recherché. Un premier groupe de six mâles et trois femelles, transporté par camion de Bialowieza, fut lâché à Sainte Eulalie en juin 1991. Après une acclimatation réussie, une seconde introduction de bisons plus jeunes eut lieu en avril 1992. Aujourd’hui, la réserve abrite un troupeau important. Elle se visite en calèche l’été et en traîneau l’hiver, quand la neige est suffisamment abondante. (**) Mesures réalisées avec une Compact Flash Sandisk Ultra II 2 Go. Réagir à cet article |
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