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Alec Soth

technique
09/06/2009 | Benjamin Favier

Membre de l’agence Magnum depuis l’année dernière, Alec Soth porte un regard cru et acerbe sur son pays, les États-Unis. Pourtant, une certaine poésie se détache de ses images désaturées…

Son œuvre est principalement axée sur l’Amérique profonde. Alec Soth en fait partie. Il est né (en 1969) et vit toujours à Minneapolis, dans le Minnesota. Il photographie une réalité qu’il connaît, à laquelle il fait face au quotidien. Pas d’emballement, donc. Pas d’euphorie. Les couleurs sont désaturées. On voit des lieux déserts. Des lieux de vie, pourtant. On voit des portraits d’hommes et de femmes. Très peu de gros-plans. Alec Soth garde ses distances avec ses sujets. Une démarche volontaire. Une distance nécessaire pour porter une regard juste et dénué de jugement sur ses compatriotes.

Fin du rêve

Ses images montrent une Amérique désenchantée, imbue d’elle-même, sans âme. Il faut voir ces visages jeunes, âgés, blancs, noirs, rarement souriants, presque apeurés. Il faut voir ces habitats précaires, délabrés, qu’il s’agisse d’une caravane dans un champ déplumé ou d’une embarcation sur les rives du Mississippi.

Ce portrait sans concession trouve un écho évident sous l’appellation ironique : «  The Last Days of W. » (Les derniers jours de W.). Comme pour souligner la responsabilité de Georges Walker Bush, ancien président des États-Unis, dans ce défilé de clichés sans saveur. À dix mille lieues du concept de rêve américain, brisé par le règne du Texan :

« Maintenant, le Ranch est calme,
Nettoyé dans ses moindres recoins,
Les champs sont brûlés,
Presque ennuyeux,

Ce sont les derniers jours de W. »

Ainsi se termine le poème de Lester B. Morrison, intercalé (en anglais) dans le portfolio éponyme.

Références

Le travail d’Alec Soth n’est pas sans rappeler ceux de Stephen Shore ou Martin Parr. Cette volonté de photographier des éléments de la vie de tous les jours, comme une roue de voiture, un cadre ou un porte-kleenex rappelle les clichés du premier. Tandis que l’ironie - voire le côté burlesque - qui émane de certaines images, évoque le travail du second.

Mais il ne faudrait pas réduire l’œuvre de Soth à une fusion de ces deux univers. Il suffit de voir la série intitulée « Niagara ». Sur une quarantaine d’images, les clichés des célèbres chutes se comptent sur les doigts d’une main. Le photographe s’intéresse plus aux gens qui peuplent cet endroit, synonyme de beauté dans l’inconscient collectif. Et là, le contraste est saisissant. Les mines tristes trahissent un quotidien difficile. Pour enfoncer le clou, Soth n’hésite pas à mettre des couples à nu, au sens littéral. Pourtant, la poésie n’est pas uniquement présente dans les textes qui jouxtent les images dans les portfolios. Elle enveloppe l’ensemble du travail de l’artiste.

- Crédits photos : Alec Soth

- Le site d’Alec Soth

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