Publié le : 27/11/2014

Arte : Rien à voir, saison 2

Dans le cadre du Mois de la Photo, la chaîne franco-allemande tend le micro à douze photographes. Le concept reste le même que lors de la première série : ils expliquent pourquoi, dans une circonstance particulière, ils n’ont pas pris de cliché.

Vous avez aimé la première saison, diffusée il y a un peu plus d’un an sur Arte Radio ? La journaliste Aude Laporte récidive et propose douze nouveaux enregistrements sonores d’environ deux minutes, selon le même principe : chaque fois, un ou une photographe raconte la raison qu’il l’a poussé(e) à ne pas presser le déclencheur. Pas n’importe lesquels : Françoise Huguier, Roger Ballen, Sabine Weiss, Jane Evelyn Atwood, Anders Petersen, Olivier Donnet, Sarah Moon, Sacha Van Dorssen, Patrick Zachman, Guy Le Querrec, Denis Dailleux et Jean-Christian Bourcart.

Françoise Huguier, qui a fait l’objet d’une grande exposition à Maison européenne de la photo l’été dernier (lire l’entretien avec la photographe dans MDLP 68) a ouvert le bal. Dans l’épisode intitulé « Le deuil chiite », elle narre un reportage en Inde commandé par Actuel, où elle s’est interdite de prendre une photo d’une scène particulièrement atroce, certaine que le journal l’aurait publiée : mais pourquoi ne pas l’avoir prise malgré tout, sans la livrer ? Réponse ici. Simple coïncidence, Patrick Zachmann livre lui aussi une anecdote liée au magazine Actuel, au cours d’un reportage intitulé « L’almanach de la banlieue ».

Le photographe américain Roger Ballen, qui a élu domicile en Afrique du Sud depuis les années 70, affirme pour sa part n’avoir aucun regret, livrant une explication à l’image de son œuvre : mystique. D’ailleurs, son propos n’a pas été traduit, peut-être pour insister sur cet aspect alors que le témoignage d’Anders Petersen est accompagné d’une voix française.

C’est un plaisir d’écouter Sabine Weiss, apparemment très à l’aise, se souvenir d’une séance au cours de laquelle elle a bien pris une photo, mais pas celle qu’elle avait prévu au départ et on aimerait que le moment se prolonge. En revanche, la durée accordée au poignant témoignage d’Olivier Donnet suffit à transmettre la pudeur dont il a fait preuve lors de la dernière tournée d’Alain Bashung. Six autres épisodes seront diffusés prochainement. L’exercice est toujours aussi instructif et éclectique. On en redemande, et il serait intéressant d’entendre d’autres professionnels sur les raisons qui les ont poussés à ne pas montrer, par exemple, telle ou telle image, dans un magazine ou une exposition…

- Photos : Emilie Deligne

- Écouter la saison 2 de Rien à voir sur Arte Radio

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Cet ouvrage est l’aboutissement d’un travail long et passionné, un acte de création pure, le produit d’une démarche éditoriale sincère.