Le développement du successeur de l’EOS-1D X Mark II était connu depuis la fin du mois d’octobre. Canon officialise la sortie du 1D X Mark III. Un modèle qui s’inscrit dans la tradition des 1D, avec de belles évolutions à la clé, tant au niveau du système autofocus, des performances, que du mode vidéo. La définition en revanche, ne change pas.
Le mandat de l’EOS-1D X Mark II s’achève comme prévu en 2020. Après quatre ans de bons et loyaux services, comme l’EOS-1D X avant lui, il laisse la place au Mark III, qui incarnera le haut de gamme EOS aux Jeux olympiques de Tokyo, l’été prochain. Canon avait annoncé le développement de ce modèle le 24 octobre dernier, dévoilant au passage quelques caractéristiques. Nous disposons désormais de la totalité des informations.
Les premières images divulguées par Canon à l’automne attestaient d’une certaine continuité, entre les Mark II et Mark III, du point de vue de l’ergonomie. Le 1D X Mark III repose toujours sur le concept d’un boîtier monobloc, muni d’un grip facilitant la prise en main verticale, comme le Nikon D5, et très probablement le futur D6, actuellement en développement, ou encore l’E-M1 X, doté d’un capteur 4/3. Là où Sony a fait le choix, sur ses A9 et A9 Mark II, de proposer la poignée en option.
Les possesseurs des deux premiers EOS-1D X trouveront immédiatement leurs marques (l’agencement des touches demeure identique), tout en appréciant le revêtement des poignées, plus agréable au toucher, ainsi qu’une légère perte de poids (90 g). Muni de sa batterie LP-E19, le Mark III pèse tout de même 1250 g ! Au dos, dans l’obscurité, les touches peuvent désormais être rétroéclairées. L’écran LCD n’est pas inclinable, mais il est entièrement tactile, tant lors de la prise de vue que lors de la navigation dans les menus.
Lors de la configuration du boîtier, un détail retiendra l’attention des fidèles de la saga EOS-1. La touche AF-On, si elle conserve sa vocation première, de dissocier la mise au point du déclencheur, devient tactile sur le Mark III. Le concept : faire défiler les collimateurs en effleurant la surface, comme on le ferait sur un trackpad d’ordinateur portable ou certaines souris.
Après le fiasco de la « touch bar » sur l’EOS R, Canon est attendu au tournant sur ce type d’innovation, ainsi traduite dans les menus français : « Contrôleur intelligent ». Cette fois, c’est une vraie réussite. Si bien qu’on finit par délaisser le traditionnel joystick, une fois que l’on a apprivoisé le nouveau contrôleur : il s’avère ainsi beaucoup plus rapide pour sélectionner les collimateurs sur les bords, notamment en LiveView, la surface couverte étant bien plus large (90%) qu’en visée reflex.
En présentant l’appareil, Canon souligne plus d’une centaine d’évolutions par rapport au Mark II. Parmi celles-ci, nous nous attendions à ce que la définition du capteur figure en tête de liste. Il n’en est rien. Le Cmos du 1D X Mark III, bien qu’il s’agisse d’un capteur différent, avec un nouveau filtre passe-bas, reste cantonné à 20 Mpxl. Il reste donc en retrait par rapport à l’A9 Mark II (24 Mpxl). Le fait de privilégier la vitesse d’exécution et une rafale haute vitesse ainsi que le rendement en hauts Iso par rapport à la définition est en soi parfaitement compréhensible. Néanmoins, quand on constate les performances ébouriffantes du Mark III à 16 im/s, en visée reflex, avec suivi AE et AF en Ai Servo, on regrette de ne pouvoir accéder à une définition plus élevée, à 30 (comme l’EOS 5D Mark IV) ou 40 Mpxl, pour du paysage ou du portrait, quitte à opter pour une taille de fichier intermédiaire dans le domaine sportif. Le Sony A7R IV a prouvé récemment que la haute définition (61 Mpxl) n’était pas incompatible avec une cadence élevée (10 im/s). Pas de stabilisation en interne. À l’instar des précédents reflex EOS, le 1D X Mark III fait l’impasse : c’est le prochain EOS R, qui bénéficiera d’un système en interne, capable de fonctionner de concert avec le système IS des optiques.
Canon s’est toutefois efforcée d’améliorer la qualité d’image. Exactement comme elle l’avait fait lors de la sortie du Mark II, la marque indique avoir amélioré la dynamique et la gestion du bruit en hauts Iso. L’EOS-1D X Mark III abrite un processeur inédit, baptisé Digic X.
Tandis qu’un capteur dédié, pris en charge par le processeur Digic 8, est entièrement dévolu à la mesure de la lumière (on passe de 360 kpts à 400 kpts). La plage de sensibilité est plus étendue. Elle va de 100 à 102 400 Iso par défaut (extension à 50-819 200 Iso). Soit un IL de plus par rapport au Mark II.
Au niveau des formats de fichiers, on retrouve le Raw CR3, désormais habituel sur les EOS, ainsi que le format Heif, connu des utilisateurs d’iPhone. Il présente l’avantage d’être moins compressé que le Jpeg (quatre fois moins, d’après Canon). Les fichiers sont enregistrés en 10 bits, contre 8 bits pour les Jpeg. Il est possible de convertir les Heif en Jpeg en interne.
Nous l’avons évoqué un peu plus haut : ce sont désormais des cartes CFexpress qui enregistrent les données. Deux emplacements sont prévus pour ce type de carte, avec à la clé une capacité assez délirante de la mémoire tampon en mode Rafale, d’où nos regrets de ne pouvoir accéder à une définition supérieure à 20 Mpxl. En mode rafale, en visée reflex, on atteint 16 im/s avec suivi AE et AF en Ai Servo.
Le nombre de Jpeg enregistrés est illimité, tandis qu’on peut engranger plus de mille fichiers Raw. En LiveView, en obturation mécanique ou électronique, on accède à 20 im/s, cadence proposée par les A9 et A9 Mark II en mode électronique uniquement. Sur l’EOS-1D X Mark III, AE et AF sont verrouillés sur la première image en LiveView.
Le système autofocus évolue. En visée reflex, de soixante-et-un collimateurs, on passe à cent quatre-vingt-onze (dont 155 en croix à f/4 et un en double croix à f/2,8). Parmi les cases AF, en plus des modes disponibles, on peut désormais opter pour un mode Auto.
Quand on a pris l’habitude de la couverture AF des viseurs électroniques, on a du mal à s’accommoder de la répartition trop centrale des collimateurs, en visée reflex. En LiveView, la technologie Dual Pixel AF est toujours à l’œuvre, et comporte quelque 3869 points (moins que l’EOS R, qui en compte 5 655 avec une sensibilité à -6L ; sur le Mark III le collimateur central est sensible à -4 IL), avec une détection des visages et des yeux (mais pas animaux), que l’on peut activer en vidéo. Ce n’est pas le cas en visée reflex : d’après les ingénieurs, la couverture AF est insuffisante en visée reflex pour exploiter cette technologie.
Du côté de la vidéo, l’EOS-1D X Mark II était déjà bien loti. Le Mark III va beaucoup plus loin et se pare de caractéristiques dignes de séduire les professionnels. En plus de la 4K DCI, déjà à l’œuvre dans le Mark II, il sera possible de tourner en 4K UHD, à 25 im/s, ou 50 im/s, en ALL-I ou IPB. En revanche, à 50 im/s en 4K DCI ou UHD, pas d’autofocus, à moins de tolérer un recadrage.
En 1080p, on tournera à 100 im/s, avec autofocus. Autre définition à retenir, l’enregistrement vidéo au format Raw 5,5K (12 bits), en interne, à 25 im/s (avec AF) ou 50 im/s (sans AF). Il sera possible de sélectionner le profil Canon Log (4:2:2 10 bits). Le focus peaking sera disponible pendant le tournage.
Parmi la centaine d’améliorations effectuées par rapport au Mark II, outre l’intégration du WiFi et du Bluetooth et la connexion à l’application Camera Connect, la majorité concerne les photographes professionnels, ayant besoin de transmettre leurs images au plus vite. Ainsi, la possibilité d’enregistrer un mémo vocal pendant l’envoi d’un fichier sera appréciée lors de grandes manifestations sportives, tout comme l’ajout du protocole SFTP et de l’interface WFT-E9B pour une transmission rapide. Il sera également possible de stocker ses Raw sur un Cloud, via le logiciel maison DPP.
Au niveau de l’alimentation, on retrouve l’accu LP-E19, mais avec une meilleure autonomie. Lors de nos essais avec un boîtier de présérie, nous avons largement dépassé les 2850 images pour une charge (norme CIPA) revendiquées par Canon : nous en avons réalisé plus de 4800.
Le tarif augmente, par rapport à celui de l’EOS-1D X Mark II à sa sortie. Alors que ce dernier était proposé à 6349 € en 2016, l’EOS-1D X Mark III sera vendu 7299,99 € à partir du 13 février. Dans le cadre d’une offre de lancement, une carte CFexpress de 64 Go avec son lecteur seront inclus.
L’EOS-1D X Mark III, comme ses aînés (le premier EOS-1 est sorti en 1989) s’adresse à une minorité. En premier lieu, les photographes travaillant en agence et couvrant des événements exigeant une réactivité maximale : en ligne de mire, les Jeux olympiques de Tokyo, où Canon jouera à domicile. Il est cependant toujours intéressant d’observer les caractéristiques en détail, car elles donnent quelques indications pour les générations de boîtiers à venir. Le processeur Digic X pourrait ainsi figurer dans le prochain EOS R, qui devrait être stabilisé. Nous l’attendons dans le courant de l’année à venir et il devrait véritablement lancer la série des EOS 24 x 36 sans miroir.
En attendant, Canon ne rompt pas avec la tradition des EOS-1. Nous aurions aimé un brin d’audace en plus, au niveau de la définition notamment, pour élargir le domaine de compétence de ce reflex, pourvu d’une construction à toute épreuve. Dans le domaine de la vidéo, les avancées sont importantes. Là aussi, le prochain EOS R – voire un éventuel future EOS 5D ? – sera attendu au tournant, car il semblerait que le temps où Canon « bridait » ses reflex et hybrides en matière de tournage, est bien révolu.
Fort d’une gamme optique en monture EF pléthorique, l’EOS-1D X Mark III ne devrait pas décevoir (les premiers essais effectués ont révélé d’excellentes performances de l’autofocus, tant en visée reflex qu’avec le LiveView. Qu’en sera-t-il dans quatre ans ? Y aura-t-il encore des reflex EOS haut de gamme ? Cet EOS-1D X Mark III pourrait bien être le dernier, avant que les EOS R ne prennent la relève, le temps que la gamme optique RF prenne de l’ampleur…
Capteur : Cmos 24 x 36 mm, 20,1 Mpxl, format 3/2
Définitions maxi. : 5 472 x 3 648, (M-RAW) 4 104 x 2 736, (S-RAW) 2 736 x 1 824 pixels
Vidéo maxi : 4K Raw (5496 x 2904 pixels) à 24, 25 et 50 im/s ; 4K DCI (4096 x 2160 pixels, 17:9) à 24, 25 et 50 im/s ; 4K UHD (3840 x 2160 pixels, 16:9) à 24, 25 et 50 im/s ;1080p à à 24, 25 et 50 im/s
Protection du boîtier : Tropicalisation
Stabilisateur : Sur certaines optiques
Nettoyage du capteur : Oui
WiFi/Bluetooth : Oui/Oui
GPS : oui ; longitude, latitude, altitude, coordonnées universelles ; GPS, Glonass ou Michibiki
Sensibilité : 100-102 400 Iso ; L : 50, H1 : 204 800, H2 : 409 600, H3 : 819 200 Iso
Formats de fichiers : Jpeg, Heif, Raw, C-Raw
Espace de couleurs : AdobeRGB, sRVB
Monture : Canon EF
Coefficient multiplicateur : 1x
Zones de mise au point : 191 collimateurs (dont 155 en croix à f/4 et un en double croix à f/2,8), 61, 15 ou 9 (auto ou manuel) ; Dual pixel AF en LiveView
Illuminateur AF : Oui (par flash Speedlite)
Mise au point : Automatique au déclenchement, continu avec suivi AI-Servo, manuelle ; 6 schémas de suivi AF ajustables ; micro ajustement AF
Mesure de lumière : 400 kpts RGB + sensible à l’infrarouge
Mode d’exposition : Auto, priorité vitesse, priorité diaphragme, programmée avec décalage, manuel ; 0-20 IL ; évaluative multizone (384), pondérée centrale, sélective, ponctuelle
Histogramme : Consultation (luminosité ou RVB)
Compensation d’exposition : +/-5 IL par 0,3 IL ou 0,5 IL
Bracketing d’exposition : 2, 3, 5 ou 7 vues, +/-3 IL par incréments d’1/3 ou d’1/2 IL
Vitesse : 1/8 000 à 30 s
Vitesse de synchro X : 1/250 s
Rafales : 16 im/s avec AE et AF fixes (Jpeg illimités, plus de 1000 Raw) ; 20 im/s en LiveView avec miroir verrouillé et AF effectué sur la première image
Retardateur : 2 s ou 10 s
Balance des blancs : Auto, préréglée (6), manuelle, mesurée (5), +/-9 sur bleu/ambre ou magenta/vert, mode AWBW (mode priorité aux blancs)
Prise flash : Griffe, prise synchro
Contrôle du flash : E-TTL II
Flash intégré : -
Compensation d’exposition au flash : +/-3 IL par 0,3 ou 0,5 IL
Visée : Reflex optique par pentaprisme (100 %), grossissement 0,76x, dégagement 20 mm
Moniteur : LCD TFT 3,2 pouces/2,1 Mpts, tactile en LiveView et vidéo
Écran LCD de contrôle : 2 (rétroéclairés)
Visée LCD temps réel : Oui ; zoom 5x et 10x ; grille ; horizon virtuel ; vumètres
Stockage : 2x CFexpress
Interfaces : USB 3, mini HDMI, télécommande IR, accessoire, RJ45, micro stéréo, prise casque
Personnalisation : jeux de fonctions personnalisables ; touches programmables
Divers : Mode silencieux, ratio hauteur/largeur
Télécommande : opt.
Logiciels : Digital Photo Professional 4, EOS Utility 3, Picture Style Editor
Accessoires fournis : Accus et chargeur/adaptateur secteur, bandoulière, câble USB, câble vidéo
Alimentation : Accu Li-Ion LP-E19
Dimensions/poids : 158 x 167,6 x 82,6 mm/1250 g