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Canon EOS 70D : le renouveau ?

Materiel
02/07/2013 | Franck Mée

En 2010, Canon lançait son EOS 60D sur le marché des reflex experts. Attaqué par un D7000 et un Alpha 77 très réussis, le Canon souffrait d’une approche un peu timide ; le nouvel EOS 70D doit donc revenir au niveau et espère s’imposer comme le nouveau ténor du segment.

Présentation

C’était il y a trois ans. Canon, Nikon et Pentax présentaient, coup sur coup, trois reflex experts : l’EOS 60D, le D7000 et le K-5. Premier arrivé, le Canon séduisait avec ses fonctions vidéo et son écran orientable ; mais trois semaines plus tard, le Nikon lui portait un coup sévère en adoptant un système autofocus de reflex professionnel, une protection tout temps poussée, un viseur montrant la totalité du champ cadré et deux ports de cartes mémoire. En comparaison, l’EOS 60D paraissait fragile et bien léger... Et un an plus tard, Sony enfonçait le clou en attaquant ses points forts : comme lui, l’Alpha 77 avait un écran orientable et misait nettement sur la vidéo.

Curieusement, l’EOS 60D est tout de même resté au catalogue deux ans de plus, porté par un tarif en baisse constante. Autant dire qu’en cet été 2013, le vénérable expert attend impatiemment la relève ; elle pointe enfin le bout de son nez sous la forme de l’EOS 70D.

Fils du 7D

Comme le D7100, le nouveau Canon n’a pas peur d’attaquer le segment supérieur : il hérite en fait autant de l’EOS 7D que de l’EOS 60D.

En premier lieu, il reprend le système autofocus de celui-là. Pour cette gamme, c’est une révolution : le diamant de neuf collimateurs apparu sur l’EOS 20D laisse donc enfin la place à un système à la couverture plus large, doté de 19 collimateurs utilisables point par point ou par zones, et capable de fonctionner de conserve avec la cellule pour identifier un sujet. Des réglages avancés (vitesse et suivi de sujet notamment) permettent d’affiner son fonctionnement selon chaque situation et, bien qu’il reste en retrait des 51 points du D7100, le nouveau module représente un progrès notable qui remet l’EOS 60D dans la course.

En second lieu, l’EOS 70D est enfin équipé d’une vraie protection antiruissellement. Sur le schéma ci-dessus, chaque élément rouge correspond à un joint d’étanchéité et chaque ligne verte indique un point où le châssis a été conçu pour limiter les infiltrations. Cela reste moins impressionnant que sur un D7100 ou même un K-50, sur lesquels les bordures de châssis elles-mêmes sont équipées de joints, mais c’est une vraie amélioration : au moins toutes les commandes sont-elles efficacement protégées.

Enfin, la rafale progresse, atteignant désormais 7 im/s, à un cheveu des 8 im/s de l’EOS 7D... et légèrement devant le D7100. Notons tout de même que le K-5 II fait aussi bien, et l’Alpha 77 reste sans équivalent pour les mitrailleurs les plus exigeants (12 im/s).

Héritier du 60D

L’EOS 70D n’est pourtant pas le successeur de l’EOS 7D : c’est une évidence dès le premier contact. Il n’a pas l’aspect body-buildé de son grand frère et se contente d’un corps plus svelte : 139 x 104 x 79 mm et 755 g, c’est plus petit et pas plus lourd qu’un EOS 60D. Du coup, certains éléments sont plus chiches : par exemple, le viseur est bien celui d’un "deux chiffres", avec ses 98 % de couverture et son grossissement à 0,95x — contre 100 % et 1x sur l’EOS 7D.

Plus gênant sans doute, l’EOS 70D conserve une régression ergonomique apparue sur le précédent modèle : au lieu du classique joystick de navigation, il se contente d’un pavé directionnel entouré d’une couronne de réglages. Moins pratique pour sélectionner un point autofocus et parfois agaçant pour naviguer rapidement dans la carte mémoire : faire tourner la couronne rapidement amène régulièrement à buter dans l’écran...

Heureusement, il reprend certains points forts des petits modèles, comme l’écran orientable, toujours pratique en vidéo. Celui-ci adopte en outre une surface tactile, permettant de naviguer confortablement dans l’appareil (menus, images et vidéos enregistrées, etc.) et de choisir le point à la volée en LiveView et en vidéo.

40 millions de photodiodes !

Il est temps de plonger à l’intérieur de l’appareil et de parler de la vraie nouveauté technologique. Non, nous ne faisons pas allusion à l’accroissement de la définition des images à 20 Mpxl, plutôt anecdotique, même s’il est toujours bon de rappeler que cela signe le premier "vrai" nouveau capteur APS de Canon depuis 2009 (la marque n’avait depuis fait que mettre à jour la base du 18 Mpxl de l’EOS 7D).

C’est à l’intérieur même du capteur que se situe l’innovation. Chaque photosite est en effet doté non d’une, mais de deux photodiodes, les éléments qui transforment la lumière en signal électrique. L’intérêt n’est pas dans la prise de vue : l’image reste à 20 Mpxl. En revanche, cela permet une mesure de déphasage plus fine entre les demi-photosites, améliorant l’autofocus.

Petit rappel : la mise au point par corrélation de phase fonctionne en séparant le faisceau lumineux en deux. Chaque demi-faisceau voit alors son point de projection plus ou moins décalé, et la mesure du décalage entre les projections des deux demi-faisceaux donne le sens et l’importance de la correction à apporter à la mise au point. Si cela paraît compliqué, trouvez un vieux reflex à stigmomètre : le disque coupé dont les moitiés se décalent en fonction de la mise au point, c’est exactement le même principe.

Jusqu’ici, diviser le flux lumineux sur un capteur photo se faisait en ajoutant un masque couvrant la moitié de quelques photosites épars. Ces photosites voyaient leur sensibilité naturelle réduite, empêchant de rendre active toute la surface du capteur, et la précision de la mesure dépendait de la distance entre les éléments du capteur concernés.

En divisant chaque photosite en deux, Canon gagne doublement : la sensibilité est conservée (il suffit de fusionner les signaux des deux diodes, ce qui est fait lors de la prise de vue), et la mesure de déphasage peut se faire sur tous les photosites ou presque — les plus excentrés reçoivent la lumière sous un angle trop fermé pour que cela fonctionne, mais ce "Dual pixel Cmos AF" couvre plus de 60 % de la surface du capteur.

Sur le papier, le principe est prometteur. En pratique, le prototype brièvement pris en main s’est révélé franchement séduisant : par rapport aux modèles précédents, l’autofocus en visée sur écran gagne manifestement en vitesse, hésite moins sur le sens dans lequel modifier le point, et est déjà beaucoup plus fluide que sur un EOS 100D, un EOS M ou tout autre modèle à autofocus hybride vu récemment.

Bien entendu, cette amélioration ne touche que l’utilisation en visée sur écran. Et sans surprise, le prototype ne nous a pas paru tout à fait prêt à inquiéter les Sony Alpha, seuls capables d’utiliser le système autofocus reflex même en LiveView. Mais le gain est d’ores et déjà réel et l’association de cet AF hybride amélioré et de l’écran tactile orientable est d’un confort appréciable : sous tous les angles, il suffit de frôler un sujet pour qu’il soit accroché par l’appareil, que ce soit pour prendre une photo ou pour réaliser une transition en vidéo.

La référence ?

Si les progrès sont évidents, il reste des domaines où l’EOS 70D reste en retrait de ses adversaires. Le D7100 et le K-5 II sont mieux protégés des agressions extérieures et disposent de viseurs 100 % ; le Nikon a également une couverture autofocus plus large et plus fournie en collimateurs, et accepte deux cartes mémoire simultanément. Le Pentax est le plus compact de la bande et propose des fonctions originales comme l’ajustement de l’horizon. L’Alpha 77 reste le spécialiste de la vidéo (il est le seul à atteindre 50 images par seconde en Full HD) et de la rafale rapide. Dans tous ces domaines, l’EOS 70D n’est pas le mieux-disant, mais il est souvent sur la deuxième marche du podium. Il est, en revanche, le seul à proposer une connexion Wi-Fi intégrée, ce qui peut séduire certains utilisateurs : il est notamment possible d’utiliser un smartphone comme télécommande.

À 1 099 € nu (1 249 € avec un objectif 18-55 mm, 1 449 € avec un 18-135 m), il arrive à des prix comparables à ceux des K-5 II et D7100. Le cas de l’Alpha 77 est un peu particulier : c’est désormais l’appareil le moins cher du segment (autour de 1000 €), mais aussi le plus ancien et la logique dit qu’il devrait, comme l’EOS 60D, voir arriver la relève prochainement.

Concluons d’ailleurs avec un mot sur ce dernier : désormais officiellement presque au tarif de l’EOS 700D, l’EOS 60D se trouve sur les boutiques en ligne à des prix cassés, inférieurs parfois à 700 €. Pour qui veut passer au segment supérieur, profiter de deux molettes de réglages et d’un viseur à pentaprisme, le tout sans trop se ruiner, il peut être considéré comme l’affaire du moment...

- Le site de Canon

Premier avis

L’EOS 70D est bien plus qu’une évolution de l’EOS 60D : il emprunte quelques caractéristiques-clefs à l’EOS 7D, innove techniquement et peut faire figure de référence dans certains domaines. Cette neuvième génération vient rappeler que Canon est la marque qui a la plus longue expérience du segment expert — depuis l’EOS D30 de 2000 — et même s’il n’est pas le meilleur sur chaque critère, son nouveau bébé est systématiquement bien placé sur l’ensemble de sa fiche technique.

Les acheteurs de reflex au profil traditionnel pourraient préférer les atours du D7100 ou du K-5 II, notamment leur viseur 100 % et leur protection tout-temps avancée ; les filmeurs et mitrailleurs acharnés resteront sans doute séduits par l’Alpha 77. Mais pour qui veut un viseur optique et un appareil bon à tout faire, efficace en visée sur écran et pourquoi pas connecté en WiFi, l’EOS 70D pourrait bien être le modèle le plus équilibré de la bande.

Fiche technique

- Capteur : Cmos APS-C, 20 Mpxl
- Monture : Canon EF / EF-S
- Stabilisation : -
- Protection : Anti-ruissellement
- Vidéo : 1080p, 24, 25 ou 30 im/s, son stéréo
- Formats de fichier : Jpeg, Raw (CR2), Mov
- Autofocus : Réflex par corrélation de phase, 19 collimateurs croisés ; Live view par corrélation de phase sur le capteur
- Écran : LCD 3", 1 040 kpts, orientable
- Viseur : Pentaprisme, 98 %, 0,95x
- Mesure de lumière : Multizone (63), locale, spot, pondérée centrale, correction sur +/- 5 IL
- Modes d’exposition : Auto, sans flash, P, A, S, M, Bulb, scènes (7), personnalisé
- Sensibilités : 100 - 25 600 Iso
- Vitesse : 1/8 000 s à 30 s, pose B
- Rafale : 7 im/s
- Flash intégré : Pop-up, NG=12 (pour 100 Iso), pilotage des flashs distants
- Stockage : SD/SDHC/SDXC
- Positionnement : -
- Divers : Micro-ajustement AF pour 40 objectifs
- Connectivité : WiFi (partage de fichiers, sauvegarde automatique, géolocalisation via smartphone), USB, HDMI, micro, télécommande
- Accu : 7,2 V, 1 800 mAh
- Dimensions/poids : 139 x 104,3 x 78,5 mm / 755 g (avec accu)

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