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Canon EOS R3 : un bolide sans miroir

Materiel
14/09/2021 | Benjamin Favier

Depuis le mois d’avril, nous savions que ce boîtier était sur la rampe de lancement. Le voici officialisé. Une étape importante dans l’histoire des EOS.

Présentation

De la même manière qu’elle avait entretenu le suspense en dévoilant plusieurs teasings, en amont de l’annonce de l’EOS R5, Canon en a fait de même avec le R3. Une réponse à Sony, qui avait lancé l’A1 au mois de janvier, mais aussi à Nikon, qui laissait entrevoir les contours de son Z9, toujours en salle d’attente.

Boîtier monobloc, LCD multidirectionnel, capteur Cmos BSI à structure empilée, processeur Digic X, stabilisation IBIS, Dual Pixel AF II, pilotage AF à l’œil, rafale à 30 im/s, tournage 4K Raw en interne, transfert d’images via smartphone, griffe flash nouvelle génération… Voici les informations distillées par Canon au compte-goutte en avril et juin dernier.

Synthèse EOS 1D / EOS R

Avec l’EOS R3, la marque effectue une synthèse entre les EOS-1D X Mark III et R5 en quelque sorte. Il y a, tout de même, des innovations à la clé, comme ce capteur « stacked » (empilé) rétroéclairé, avec filtre passe-bas.

Une nouveauté chez Canon, mais cette technologie est déjà employée sur des hybrides haut de gamme, puisque Sony en a pourvu ses A9/A9 Mark II ainsi que l’A1. Ainsi, une puce Dram, entièrement dédiée au capteur, accroît de manière spectaculaire le traitement des données. Et donne accès à des rafales superlatives, 30 im/s en l’occurrence.

Une donnée déjà proposée par le Sony A1 et ses 50 Mpxl. L’EOS R3 est quant à lui pourvu d’un Cmos de 24 Mpxl (sensibilité par défaut : 100-102 400 Iso). C’est plus que l’EOS-1D X Mark III ou l’EOS R6 (20 Mpxl), deux autres bolides 24 x 36. À l’instar des EOS R5/R6, l’EOS R3 embarque un système de stabilisation sur cinq axes, qui, combiné avec celui de certaines optiques IS, procurera un gain de 8 IL, d’après la marque. Au cœur des opérations, se trouve le processeur Digic X.

L’obturateur mécanique de l’EOS R3 plafonne à 1/8 000s. Mais il culmine à 1/64 000s en version électronique. De quoi exploiter pleinement la cadence de 30 im/s dans ces conditions, d’autant que la structure empilée du capteur réduirait considérablement la sensibilité au rolling shutter, selon Canon.

Avec une carte CFexpress type B (le second port est dédié aux cartes SD, comme sur l’EOS R5), il serait possible d’engranger quelque 540 Jpeg et 150 fichiers Raw, à 30 im/s. Tandis qu’en obturation mécanique, à 12 im/s, le millier de fichiers, Jpeg ou Raw, serait permis, avant que la mémoire tampon ne s’essouffle. Au passage, de la même manière que sur l’EOS-1D X Mark III, les fichiers Heif peuvent être préférés aux Jpeg dans les menus (compression moindre).

Gabarit pro

S’il a le « physique » d’un reflex 1D, avec une poignée verticale intégrée, l’EOS R3 n’en demeure pas moins un appareil sans miroir. Nu, il pèse 1 015 g (avec carte et accu), contre 1 250 g pour le 1D X Mark III. Le pentaprisme laisse la place à une dalle Oled de 5,76 Mpts, avec un grossissement 0,76x, un dégagement oculaire de 23 mm et un taux de rafraîchissement de 120 im/s. Il sera possible d’opter pour une simulation de visée reflex (OVF), pour les nostalgiques de la visée « réelle ». Et donc, de piloter les collimateurs AF littéralement à l’œil, comme cela a été annoncé en amont par Canon. Une technologie vue sur les EOS 3 et 5 argentiques notamment, qui bénéficie d’un menu dédié, dans le R3, avec six paramétrages à la clé. Il sera possible de modifier la forme du témoin (rond par défaut).

L’autofocus hybride AF Dual Pixel II passe à 4 779 points (contre respectivement 6 072 et 5 940 points sur les R6 et R5) avec une sensibilité à -7,5 IL sur le collimateur central. Soit 1 IL de mieux que les EOS R5/R6. La reconnaissance des visages et des yeux est bien sûr accessible, sur les humains ou les animaux (chiens, chats, oiseaux). Mais aussi les véhicules, notamment les voitures et motos, ce qui sera utile aux photographes postés en bordure de circuit.

Vidéo 6K Raw

En vidéo, l’EOS R3 offre la possibilité de tourner en 6K Raw 12 bits, en interne, à 24, 25 ou 50 im/s, avec le profil Log 3. On pourra aussi filmer en 4K DCI ou UHD, jusqu’à 100 im/s, ou bien à 24, 25 ou 50 im/s. Mais a priori, pas de format Raw à cette définition. Il faut le souligner, tout cela sans limite de durée d’enregistrement.

On pourra brancher un casque et un micro… dont un nouveau venu, le DM-E1D (419 €), un modèle entièrement numérique, compatible avec la nouvelle griffe multifonction à vingt-et-une broches (on pourra tout de même utiliser les précédents flashs et accessoires prévus pour les griffes à cinq broches).

Pas besoin de câble avec ce micro stéréo, qui offre trois directivités. L’écran LCD arrière de 3,2 pouces, tactile, s’articule dans toutes les directions, avec une définition record à la clé de 4,15 Mpts.


Protégé comme il se doit contre les intempéries, grâce à de nombreux joints d’étanchéité, le boîtier en alliage de magnésium devrait être un roc, dans la lignée des reflex 1D. Il est alimenté par l’accu LP-E19, le même qui officie dans l’EOS-1D X Mark III. Pour répondre aux besoins des professionnels, notamment les agences, il sera possible de transmettre ses fichiers en WiFi (5 GHz), mais aussi en Bluetooth au besoin, via l’application Camera Connect, ou Mobile File Transfer App. Ce qui permettra aussi de mettre à jour le firmware de l’appareil.

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L’adaptateur AD-E1.
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Le transmetteur ST-E10.

L’EOS R3 est par ailleurs compatible avec la certification Apple MFI. Une prise Ethernet est disponible. Ainsi qu’une fonction GPS (GNSS). En outre, les accessoires ST-E10 (169 €) et AS-E1 (49 €), respectivement conçus pour piloter plusieurs flashs asservis et garantir l’étanchéité avec tous les flashs et accessoires existants, sur la nouvelle griffe.

L’EOS R3 sera lancé en novembre, au prix de 5 999 €, nu.

- Le site de Canon

Premier avis

La première question qui vient, à la vue de cet hybride monobloc, est : pourquoi ne pas l’avoir nommé R1 ? Il semblerait, tout simplement, qu’il y a encore de la place pour un modèle au-dessus. Pourtant, quand on le compare à l’actuel 1D X Mark III, ce R3 n’a pas grand-chose à envier à son aîné à miroir. Mais voilà : sorti début 2020, ce reflex mérite encore d’exister. En attendant que la gamme optique RF se développe un peu plus (même si ce n’est pas mal du tout). Et que les photographes pros, habitués à la visée reflex, s’habituent pour de bon au viseur électronique (même s’il sera possible de bénéficier d’une simulation de visée optique).

Mais en mettant en regard les caractéristiques du R3 avec celles du Sony A1, on se dit qu’il est plus proche des A9/A9 Mark II. Ce qui confirme qu’il laisse de la place pour un modèle au-dessus. La définition, en premier lieu, de 24 Mpxl, bien qu’elle soit intéressante et polyvalente, est largement inférieure aux 50 Mpxl de l’A1. Canon aurait pu aller un peu plus loin : pourquoi pas 30 Mpxl comme sur l’EOS 5D Mark IV ? Cela reste toutefois supérieur aux 20 Mpxl de l’EOS-1D X Mark III.

L’ergonomie entretient cette idée d’une transition douce, du reflex vers l’hybride, sur le segment professionnel. L’esprit des 1D est bien présent (et quelques attributs propres au Mark III comme la touche AF tactile pour piloter les collimateurs AF en l’effleurant), tandis que les technologies dernier cri, dont la stabilisation sur cinq axes, vues sur les R5/R6, sont bien là. Et l’articulation de l’écran LCD, dans toutes les directions, est une excellente chose, tant en photo qu’en vidéo. Le temps où ce type d’écran sur rotule était boudé, soi-disant pour sa fragilité, semble révolu. Enfin, le tarif, s’il n’est évidemment pas négligeable, aurait pu être bien plus élevé, au regard des tendances actuelles. Mais entre les parts de marché à reprendre à Sony, et la menace des Fujifilm GFX de plus en plus abordables, Canon est bel est bien en position d’outsider, sur le segment haut de gamme des appareils sans miroir.

Fiche technique

  • Capteur : Cmos 24 x 36 BSI empilé de 24,1 Mpxl, avec filtre passe-bas
  • Définition maxi. : [3/2] 6000 x 4 000 pixels
  • Définition vidéo. : 6K Raw à 24, 25 ou 50 im/s et 4K DCI/UHD à 24, 25, 50 ou 100 im/s
  • Montures/Coefficient : Canon RF/1x
  • Stabilisateur : Système intégré IBIS + IS avec optiques stabilisées jusqu’à 8 IL
  • Tropicalisation : oui
  • Sensibilités : 100-102 400 Iso (extension 50-204 800 Iso)
  • Formats de fichiers : Jpeg, Raw CR3, C-Raw, Heif, Mov, MP4
  • Processeur : Digic X
  • Viseur : Oled de 5,76 Mpts, grossissement 0,76x, dégagement 23 mm
  • Écran : LCD 3,2’’ de 4,15 Mpts, multi orientable et tactile
  • Flash  : -
  • Mise au point : AF Cmos Dual Pixel II à détection de phase sur 4779 points (sensibilité - 7,5 IL) ; 3 969 points en vidéo. Reconnaissance des humains, des animaux (chiens, chats, oiseaux), des véhicules (voitures de course ou motos)
  • Mesure de la lumière : Évaluative sur 384 zones
  • Vitesses : 1/64 000s à 30s (obturation électronique) ; 1/8 000s à 30s (obturation mécanique), synchro flash 1/200 s (1/250 s avec obturation électronique sur le premier rideau ; 1/180 s)
  • Rafales : 30 im/s (obturation électronique) sur 540 Jpeg ou environ 150 Raw ; 12 im/s (obturation mécanique) sur plus de 1 000 Jpeg ou environ 1 000 Raw
  • Balance des blancs : Auto, préréglages, K, mesurée
  • Modes Exposition : PASM
  • Modes Scènes : Scène Intelligent Auto
  • Traitements d’image : Priorités Hautes Lumières, Optimiseur d’exposition, Réduction de bruit, Réduction de bruit hauts Iso, correction aberration chromatique, corrections optiques, Multi exposition, HDR, conversion Heif vers Jpeg.
  • Styles d’image : Auto, prédéfinie (8), personnalisées (3)
  • Stockage : 1x CFexpress type B + 1 x SD/SDHC/SDXC UHS-II
  • Interfaces : USB 3.2, prises casque et micro, HDMI type D, sortie N3 pour télécommande, prise Synchro flash, Ethernet
  • Wi-Fi/Bluetooth/GPS : WiFi 5GHz/2,4 GHz/Bluetooth v4.2/-
  • Alimentation : LP-E19, autonomie d’environ 860 vues (avec LCD) ; 620 vues (avec Oled)
  • Dimensions/Poids : 150 x 142,6 x 87,2 mm/1 015 g avec carte et batterie

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