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Canon Expo 2010 : un cru haute définition

02/11/2010 | Laurent Katz

Il y a une vingtaine de jours, La Grande Halle de la Porte de la Villette, à Paris, accueillait un salon quinquennal, ouvert aux professionnels, pour mettre en valeur le savoir-faire de marque et dévoiler des technologies en cours de développement dans les labos. En impression, en médecine, mais aussi en photo et affichage ce qui nous intéresse au premier chef.

Il faut prendre ce salon pour ce qu’il est. Une vitrine technologique et non la présentation de produits à la commercialisation assurée. C’est ainsi que des pistes entrevues lors des éditions 2000 et 2005 ne se sont pas traduites par une concrétisation industrielle. C’est le cas des écrans de type SED, une technologie serpent de mer qui se caractérise par un canon à électrons pour chaque point de la dalle, relevant de la famille des écrans à pointes qui traîne depuis de nombreuses années. Sony y travaille aussi. Mais il apparaît que son coût de fabrication est trop élevé, quand ceux des LCD et même des plasmas ont drastiquement diminué.

La très haute définition

Pour compenser, Canon montrait un moniteur 4K, d’une définition qui en met plein les mirerettes. Explication. La Full HD d’aujourd’hui repose sur des images de 1 920 x 1 080 pixels (dans la famille des images 2K, de 2 048 pixels de large au plus, 1K correspondant à 1 024 points). Mais c’est une étape vers la très haute définition, avec quatre fois plus de points, soit 4 096 pixels au maximum par ligne, la définition verticale dépendant du ratio hauteur/largeur. La technologie a quitté les labos depuis quelques temps et les équipements existent, tant pour l’acquisition, le traitement et l’affichage. Pas encore au niveau du grand public, qui commence à peine de digérer les écrans plats et le Blu-ray. En tout cas, mettre le nez devant les moniteurs de type 4K était une occasion unique d’apprécier le futur de la vidéo, avec un affichage époustouflant des détails les plus fins. Et dire que le 8 K (7 680 × 4 320) pointe à la sortie du tuyau, quand le 4K commence juste à en sortir. Visuellement, l’appréciation de l’accentuation sur l’écran 4K en tire énormément partie.


En descendant de la mezzanine pour passer au niveau principal, une autre surprise attendait le visiteur. Un caméscope multi-usage 4K, à l’état de prototype. Avec un viseur électronique très fin, restituant un bon rendu du contraste, sans faire exploser les blancs. Mais là n’était pas son véritable intérêt. Il est capable de filmer à 60 im/s en 8 Mpxl (capteur Cmos) et d’offrir l’extraction de n’importe quelle image. Sans préjuger de l’aspect final, il tournait le dos à la tendance actuelle des hybrides, jouant la carte de la compacité. D’ailleurs son puissant et lumineux zoom 20x (F1,8-3,8/24-480 mm), doté d’un pare-soleil encombrant, interdisait toute velléité en ce sens. Canon l’a aussi saupoudré d’une dose de « bio-écologisme », avec une coque « environmentally friendly » selon ses dires. Il est exemplaire de l’une des tendances : un caméscope pour servant à photographier, pour débusquer le bon cliché et saisir une expression fugace sur un visage ou une attitude emblématique d’un sportif. Il y aura toujours des esthètes pour préférer anticiper et déclencher au bon moment, mais un appareil photo offrant des rafales continues à 60 im/s sans autre limite que celle de la capacité de la carte mémoire, cela laisse songeur. Évidemment, il faudra que la vitesse d’exposition de chaque image puisse être élevée, pour que le cliché d’un guépard en chasse soit net, même si les technologies logicielles n’ont pas dit leur dernier mot sur ce sujet. Et que le photographe accepte de se passer du Raw. Mais cela montre que l’appareil photo grand public est loin d’être en bout de course technologique.

Quand les Mpxl se comptent par dizaines

Il suffisait d’aller au fond de la Grande Hall, dans la zone chargée de montrer quelques pistes du futur proche. Avec des capteurs étonnants et des technologies logicielles qui ne l’étaient pas moins.


Une première halte dévoilait un capteur multibande Cmos de 50 Mpxl recouvert, non pas d’une matrice de Bayer RVB comme sur nos CCD et Cmos courants, mais d’une grille de filtres à six couleurs : le rouge, deux types de vert, l’orange, le bleu et le violet. Pour enregistrer en une seule exposition un gamut bien plus étendu que ce que proposent aujourd’hui les capteurs RVB. Preuves visuelles à l’appui, on pouvait constater que la palettes des couleurs reproduites était bien plus large. A l’image de certaines imprimantes, comme les Canon Pixma Pro 9500 Mark II ou Epson Stylus Photo R1900, qui comportent par exemple des encres rouges et vertes pour la première, rouges et oranges pour la seconde. Un exemple spectaculaire montrait les nuances capturées sur les ailes d’un papillon aux ailes d’un bleu métallisé, photographié sous différents angles pour en monter les variations colorimétriques selon l’incidence. Ce capteur a pour cible des applications d’archivages d’objets artistiques et culturels, le commerce électronique ou encore l’usage médical.


Juste à côté, un appareil photo omnidirectionnel dédiée à la prise de vue panoramique sur 360° en une seule photo, reposait sur un capteur de 50 Mpxl (8 984 x 5 792 photosites de 3,2 µm) et un miroir asphérique. Rompant les limitations des solutions actuelles mono-déclenchement comme le Gyroptic.

Quelques pas plus loin, un gigantesque capteur ultrasensible, quasiment de la taille d’une feuille A4, montrait sa capacité à travailler en très basse lumière (1 Lux). Avec des applications toutes trouvées en astronomie, dans un télescope, pour observer le ciel et enregistrer par exemple le passage d’une étoile filante, sans la grande trainée d’une exposition trop longue.

Ailleurs, deux moniteurs LCD placés côte à côte attiraient l’attention. Sur l’un, la photo d’une bibliothèque pleine de livres. Sur l’autre, un détail montrant que les titres sur chaque tranche étaient d’une parfaite netteté. Normal, l’image avait été prise avec un imageur Cmos APS-C de 120 Mpxl ! Également capable de produire de la Full HD, à 60 im/s, sur une partie de l’image, choisie par l’opérateur.

Encore quelques pas et des LCD de démonstration expliquaient des technologies logicielles surprenantes pour répartir les composants d’une image sur différents plans, à l’instar des calques d’un logiciel d’imagerie comme Photoshop. Ensuite, c’était un jeu d’enfant que de choisir la zone de flou, premier ou arrière-plan, voire de changer homothétiquement les proportions d’un sujet pour qu’il s’intègre différemment dans le décor. Ou encore simuler un flou de mouvement. Impressionnant.

Les yeux encore émerveillés, on quittait cette section de l’exposition pour admirer, dans une autre salle, quelques prototypes. Design blanc et épuré, avec les diodes bleues tant à la mode. Appareil photo ressemblant aux anciens Epoca, en bien plus réussi esthétiquement, et muni d’un zoom de grande amplitude. Compact pour photographier en 3D. Lunettes de visualisation. Une vitrine chargée de montrer que les ingénieurs de Canon ne se contentaient pas de développer des technologies hors-normes, mais avaient en ligne de mire des équipements grand-public.

Et s’il fallait justement finir par un matériel qui fait rêver, la Station Cross Media était là. Pas par la qualité de ses images — elle n’en prend pas — mais parce qu’elle fait disparaître toute câblerie. Enfin presque, car il faut quand même le relier au secteur et au téléviseur… quoique le jour où elle sera commercialisée, la transmission HDMI sans fil sera peut-être effective. C’est un boîtier sur lequel on pose un appareil photo, et même deux. Qui se rechargent par induction, comme une bouilloire sans fil ou une brosse à dents électrique. Mieux, les nouvelles photos sont transmises automatiquement vers un ordinateur. Ou transférées vers l’imprimante ou un site communautaire. Sans autre souci que de choisir une action un écran. Évidemment, une telle solution n’aura d’intérêt que si elle est normalisée par un protocole international qui n’est pas lié à une marque. Car on imagine mal un APN Nikon arborer la mention Canon dans un menu de configuration. Et réciproquement. Il faudrait donc, à l’instar du protocole HDMI CEC qui permet le pilotage d’appareils audiovidéos et photos par la télécommande du téléviseur, qu’un tel matériel, fabriqué par des marques différentes, s’appuie sur un socle normé et commun. Pour que l’on puisse l’utiliser avec n’importe quel APN, smartphone ou baladeur. Et ce n’est pas gagné du tout !

L’édition 2010 close, rendez-vous en 2015 pour le prochain salon - si Canon continuait sur la même périodicité - voire avant si certaines des merveilles trouvent leur concrétisation industrielle et commerciale.

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Messages

  • J’ai eu l’occasion de pouvoir faire un tour à la Canon Expo et j’en ressors avec les mêmes choses que toi.

    Deux petites remarques en passant :

    - Les écrans 8k offrent une telle qualité d’image que ça m’étonnerais pas de les voir remplacer dans 10 ans les cimaises de nos murs d’exposition. On peut véritablement exposer un travail photo avec ces écrans.

    - Alors qu’il y a énormément d’évolutions et de R&D sur l’électronique, il n’y a quasiment plus rien de neuf sur les matières ou sur les optiques. Signe des temps.

    A suivre :).