Deux septembre. Une balle dans la tête, trois dans le thorax. Fin tragique pour cet homme épris du Salvador, le plus violent d’Amérique latine, où il avait élu domicile depuis cinq ans. Un attachement qu’il avait décidé de cristalliser sous la forme d’un long-métrage. La Vida loca emmène le spectateur dans les bas-fonds de San Salvador, la capitale. Plus précisément à la rencontre de l’un des maras les plus redoutés : Mara 18. Les maras, copiés/collés des gangs américains, sèment la terreur au sein de la population locale. Selon l’AFP, ils sont responsables de 60 % des homicides commis au Salvador et contrôlent aussi le trafic de drogues et d’armes.

Infiltré

C’est dans une zone contrôlée par les maras que le corps de Christian Poveda a été retrouvé. Loin d’être une tête brûlée - même s’il faut l’être un peu pour mener de tels projets - le photographe avait réussi à gagner le respect des gangs de San Salvador. Pendant deux ans, il a filmé leurs membres tatoués de la tête aux pieds, les a photographiés dans leur quotidien : prise de drogue, séances de tatouages, rixes armées, rôle des épouses… Une proximité qui lui avait valu des gallons de médiateur entre les autorités locales et les malfrats.
Des copies du film circulaient depuis quelques semaines dans le pays. Pas sûr qu’il faisait l’unanimité dans les bidonvilles. En regardant les images, d’un réalisme assommant et en attendant de voir le film, monté sans ambages - sortie prévue pour le 30 septembre - on réalise la folie de l’entreprise. Une enquête au long court, d’une puissante force visuelle, qui a fini par coûter la vie à son auteur.

 Lire aussi, un très bel article consacré au film de Poveda, publié ante mortem dans le numéro 6 du magazine Polka, actuellement en kiosques.

 Photos : Christian Poveda

 La Galerie photo du film

 La bande-annonce de La Vida loca sur Dailymotion