Ils jouent un rôle-clé sur les plateaux de tournage. Ce livre donne la parole à certains d’entre eux, qui témoignent de leurs expériences aux côtés des plus grands réalisateurs.
Parmi les noms qui défilent au générique au début d’un film, on prête généralement plus attention aux principaux protagonistes, au réalisateur, voire au producteur. Celui du directeur de la photographie, bien qu’il figure en bonne place, passe plus inaperçu aux yeux du grand public. C’est pourtant lui qui conçoit le rendu esthétique d’un film. Ce qui ressort des différents récits publiés dans ce livre, c’est qu’il n’existe aucune règle dans ce métier, tant l’approche diffère d’un réalisateur à l’autre.
Christopher Doyle parle de sa collaboration avec Wong Kar-wai, sur In the mood for love : le cinéaste hongkongais incitait les équipes du film à écouter de la musique, à lire des livres, sans lien direct avec le film pour s’approprier des œuvres et les intégrer au projet. La plupart des directeurs de la photo manient aussi la caméra.
Rodrigo Prieto raconte comment, sur le tournage de 21 grammes (réalisé par Alejandro Gonzales Inarritu), il s’est retrouvé à deux reprises submergé par l’émotion devant le jeu de Naomie Watts : « Parfois il était difficile de continuer à tourner efficacement parce que le viseur était tout embué de larmes, mes pleurs se sont mis à vraiment me faire bouger ». Vittorio Storaro, qui a notamment œuvré sur Le dernier tango à Paris ou Apocalypse now, se voit comme un « écrivain de la lumière ». Il décrypte son travail sur la couleur, qu’il a approfondi en étudiant la peinture, la littérature et l’architecture.
La rigueur de la méthode employée par Matthew Libatique, à qui l’on doit notamment les teintes froides de Requiem for a dream et de Black swan, tous deux réalisés par Darren Aronofsky, impressionne : il note tout en permanence et certains de ses documents sont publiés dans le livre, comme des schémas linéaires qui décortiquent les choix de couleurs pour chaque séquence.
Il est aussi beaucoup question de technique : par exemple, Dion Beebe revient sur les difficultés engendrées par l’emploi de caméras numériques, de nuit, sur le tournage de Collatéral, de Michael Mann : « Les techniques habituelles d’éclairage ne marchaient pas. Un contre-jour ou un éclairage direct auraient eu l’air faux. On a donc travaillé avec des éclairages super légers sur les visages. Pour la première fois, mon posemètre était devenu inutile : à ce niveau, il n’enregistrait plus rien. »
Cet ouvrage s’adresse avant tout aux étudiants et professionnels de l’univers du cinéma : il s’agit du second dans la collection, après celui consacré aux réalisateurs, chez le même éditeur. Il intéressera également les photographes souhaitant peaufiner leur approche de la lumière et leurs connaissances techniques. Et les cinéphiles bien sûr. L’index, très bien fait, permet de repérer rapidement les films ou réalisateurs auxquels sont liés chaque directeur de la photo. Seul bémol, une mise en pages parfois trop rudimentaire. Enfin, les inconditionnels de productions hexagonales déploreront sûrement une faible représentation (il s’agit d’une traduction) : ils se consoleront tout de même avec une double page consacrée à Raoul Coutard, grande figure de la Nouvelle Vague, et de nombreuses références à des films français au fil des pages.
Métier : directeur de la photo, par Mike Goodridge et Tim Grierson (traduction-adaptation Jean-Louis Clauzier et Laurence Coutrot), éditions Dunod, 23,5 x 25,5 cm, 192 pages, 29,90 €
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