Le numérique a-t-il banni les filtres ? Sûrement pas et le livre fait découvrir quand leur usage est indispensable, sans oublier de décrire ceux qui peuvent être remplacés par un traitement logiciel.
À jeter un œil sur le bout de l’optique des photographes estivaux, on se rend vite compte que, hormis le classique UV protecteur de la lentille frontale, bien peu d’appareils sont munis d’un filtre pouvant réellement améliorer la qualité des photos. Et le numérique pousse à croire que la postproduction permet toutes les acrobaties pour que les pixels retombent sur leurs pieds. Ce que démontre ce livre, avec force exemples du type avant/après, c’est que ce n’est pas toujours possible et que cela peut être coûteux en temps personnel. Une fois que l’on s’est habitué à la typographie employant des caractères vraiment petits, genre dictionnaire et petites lignes que l’on ne lit jamais dans les contrats d’assurance, force est d’apprécier la maquette qui fait la part belle à l’illustration.
La démonstration sur l’intérêt de filtre est convaincante. Dès la page 14, où un paysage présentant une dynamique tonale élevée, hors des possibilités des capteurs actuels, est présenté en trois versions : l’une exposée pour le ciel et les reflets dans l’eau, l’autre pour la montagne et le rivage, la dernière faisant usage d’un filtre gris neutre dégradé montrant comment, en un déclenchement, obtenir la bonne exposition. Sans passer par le bracketing et le HDR. Après un passage en revue des différents systèmes (filtres vissant et porte-filtres), l’auteur entre dans le vif du sujet, multipliant exemple, tableaux et conseils. Et n’oublie pas les filtres dits créatifs… incluant même les bonnettes que l’on pourrait assimiler à un filtre de mise au point. L’auteur affirme employer le numérique pour la photo animalière et préférer l’argentique pour les paysages. On le croit volontiers par la place accordée aux filtres de compensation de couleurs.
Le traitement numérique n’est pas oublié. L’auteur a traité l’usage de Photoshop, appliqué à la simulation des filtres. Tout en sachant se limiter vu la vastitude du sujet. Neutraliser une dominante avec les niveaux, employer la Balance des blancs de Camera Raw, activer les Filtres photo ou la fonction Noir&Blanc. L’essentiel est là, complété par des manipulations impliquant une sélection. Par exemple simuler un filtre de densité neutre, évidemment pas pour réduire la lumière à la prise de vue, mais pour retrouver l’effet cotonneux caractéristique de l’eau d’une cascade, qui n’aurait pas été restitué d’emblée faute d’avoir pu accéder à une vitesse lente. Ou encore approcher le rendu d’un filtre dégradé gris neutre, infrarouge ou soft focus. Des logiciels comme Nik Color Effects ou Tiffen DFX sont juste cités, mais ni décrits et commentés comme peuvent l’être les filtres traditionnels. Par ailleurs, les gratuiciels comme le fameux Harry’s filter, ne sont pas évoqués. C’est la faiblesse du livre que de ne pas faire découvrir les outils logiciels dédiés, avec le même esprit didactique et souci du détail qui animent les sections consacrées aux filtres traditionnels.
Sommaire
Systèmes de filtres
Filtres optiques
Créativité et effets spéciaux
Filtres numériques
Annexes
Filtres optiques et numériques pour la photographie par Chris Weston
192 pages, 19 x 24,6 cm
29 €
Dunod