L’immense photographe, décédé en 2020, venait tout juste de publier le livre Side Walk, aux éditions Xavier Barral, à partir de photos prises à New York, entre 1982 et 1987. Un véritable court-métrage, soutenu par un échange passionnant entre l’auteur et le cinéaste Amos Gitai.
« Vous n’êtes jamais politique, mais finalement vous devenez un anarchiste humaniste ». Le cinéaste Amos Gitai complimente Frank Horvat en employant ces termes, au sujet de ses photos new-yorkaises, dans une lettre publiée en préface de l’ouvrage. L’analogie qu’il fait entre la trilogie cinématographique et le triptyque photographique ou références à Cartier-Bresson, qui exerça une grande influence sur Horvat, fait mouche.
L’échange qui suit, entre Gitai et Horvat, est savoureux. Le photographe revendique sa rigueur et son goût pour l’ordre. Il évoque l’importance de l’observation sans misérabilisme, un mantra asséné par HCB. Il explique comment ses photos de New York sont devenues un projet, agrémenté d’un journal, rédigé entre 1982 et 1987. Il y exprime des leçons à retenir pour les voyages à venir, ses doutes, sur le fait de photographier une ville déjà tant filmée, tant photographiée, son penchant pour le 85 mm, ses impressions, au fil des allées et venues dans la grosse Pomme : « Une raison qui me fait préférer New York aux villes européennes est de pouvoir photographier ici sans me sentir obligé d’exclure de mes photos les objets et les architectures de notre époque. »
Cet ouvrage, remarquablement construit, adoubé par l’auteur, paraît alors que Frank Horvat est décédé au mois d’octobre, âgé de 92 ans…
Crédit image d’accueil : 1984, NY USA, drugs shop entrance. © Frank Horvat
Side Walk
Par Frank Horvat
Éditions Xavier-Barral
160 pages, 17 x 24 cm, 37 €