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Frédéric Mitterrand, invité surprise au congrès de l’UPP

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29/01/2011 | Benjamin Favier

Visiteur surprise au dernier congrès de l’UPP, le ministre de la Culture et de la Communication tenait à rendre hommage à Lucas Dolega, photojournaliste tué lors des manifestations de janvier en Tunisie. Ce rendez-vous était également l’occasion de faire le point sur différents chantiers. En premier lieu, la Mission de la photographie, créée l’an dernier par le ministre.

« Il est mort. Il a reçu une grenade lacrymogène en pleine figure. J’ai été incapable de faire cet hommage personnellement. J’ai été moi victime, en avril 1976, de la même chose. J’ai vécu le coma comme lui. Je n’étais pas encore photographe. J’ai été blessé. J’ai été bouleversé. » Rarement Frédéric Buxin est apparu aussi ému au micro. Visiblement très affecté, le président de l’Union des Photographes Professionnels ne peut rendre hommage à Lucas Mebrouk Dolega, photojournaliste de l’agence EPA (European Press Photo Agency) tué au cours d’une manifestation à Tunis, le 14 janvier dernier. Il laisse la parole au ministre de la Culture et de la Communication, qui s’est invité à la dernière minute au congrès de l’UPP, qui se déroulait les 28 et 29 janvier, dans les Studios de l’Olivier (92). Frédéric Mitterrand n’a pas fait le déplacement pour parler des travaux engagés par la Mission de la photographie, comme il le précise en prenant le micro. Cette tâche incombe à Daniel Barroy, chef de la mission, lui aussi présent dans la salle. S’il « tenait » à être là, c’est avant tout pour célébrer la mémoire du jeune photojournaliste disparu : « Je suis profondément solidaire du métier que vous faites. Certains d’entre vous me connaissent, savent que ça fait longtemps que j’éprouve ce sentiment. Chaque fois que je vois une telle catastrophe, j’ai le cœur serré en pensant au danger que représente votre travail. »

Frédéric Buxin, président de l’UPP et Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, devant les Studios de l’Olivier. Photo : Benjamin Favier

Ton posé, mots justes, gestes sobres : Frédéric Mitterrand, ce n’est pas une surprise, excelle dans l’exercice. Saluant le travail du défunt photojournaliste, il se défend de toute instrumentalisation, rappelant sa relation particulière avec la Tunisie, où il a élu résidence : « Je vivais ça plus profondément (les événements survenus en Tunisie en janvier, qui ont vu le départ du président Ben Ali, NDLR) comme j’ai des attaches tunisiennes, que j’ai commis des maladresses. Je vivais tout cela avec une intensité très très forte. » Pour lui, il ne fait aucun doute que Lucas Dolega a été tué volontairement : « Il apparaît assez clair que cette grenade a été tirée à bout portant au visage avec le désir de le tuer. » Le ministre quitte discrètement la salle, sans un mot, à l’issue d’une courte projection, rassemblant une sélection de photos prises par Lucas Dolega.

Une mission et des questions

Place au débat. Marie-Christine Blandin, Sénatrice du Nord, auteur de la proposition de loi 441, Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, auteur d’une proposition de loi sur les photos retouchées et Daniel Barroy, chef de la Mission de la photographie, rejoignent Frédéric Buxin autour de la table. Amputé de deux amendements, le projet de Loi PPL 441 va être réexaminé dans « un mois à six semaines » par le gouvernement, assure Daniel Barroy. Malgré un premier vote encourageant, qui octroie une définition à la notion d’œuvres orphelines, l’UPP reste vigilant. Marie Christine Blandin compare le projet de loi à « un arbre amputé au sortir de l’hiver ». Tous les acteurs sont unanimes pour reconnaître le caractère crucial de ce vaste chantier.

Frédéric Buxin, Marie-Christine Blandin, Valérie Boyer et Daniel Barroy. Photo : Benjamin Favier

Sur le front de la Mission de la photographie, monsieur Barroy donne rendez-vous au printemps. Ses deux priorités : instaurer un dialogue régulier avec les principaux partis et donner naissance à un Observatoire du photojournalisme. Le chef de la Mission de la photographie souhaite surtout formaliser les diverses entrevues, qui ont déjà lieu de manière éparse : « Il faut trouver un lieu régulier de rencontres, de discussions, entre les différents partis professionnels et syndicaux, concernés par la photographie. Les réunions auraient lieu deux ou trois fois par an. On traiterait les sujets d’actualités et les préoccupations des photojournalistes. Il serait bien qu’une figure extérieure, connue, qui fasse autorité, anime ces réunions. Je pense que nous allons mettre dans la boucle l’École Nationale Supérieure de la photographie d’Arles. »
Dans le cadre de la création d’un Observatoire du photojournalisme, objectif prioritaire de la Mission de la photographie, Daniel Barroy veut s’appuyer sur le travail effectué par un cabinet extérieur (Ithaque), dans le cadre du rapport sur le photojournalisme de l’IGAC (Inspection générale des affaires culturelles), pour avoir une meilleure vue de la profession d’un point de vue économique et social : « On souhaite voir comment les choses vont évoluer, tant en termes d’effectifs que de revenus. Dans l’Observatoire, il faudra intégrer les organismes de sécurité sociale qui sont les principaux pourvoyeurs de données au sujet des professions concernées. On sort ainsi des logiques de sondages, plus ponctuelles et plus discutables. »
L’optimisme est de mise du côté de Frédéric Buxin, qui compte beaucoup sur Frédéric Mitterrand pour faire avancer ces différents dossiers, comme il l’a rappelé en préambule du discours de ce dernier : « Monsieur le ministre, vous avez impulsé depuis votre arrivée au ministère de la Culture l’énergie dont nous avions besoin, nous les photographes professionnels, pour que la photographie soit enfin considérée comme un secteur culturel à part entière. » Une déclaration sincère, qui replace en même temps le visiteur surprise du jour devant ses responsabilités.

- Le site de l’UPP

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