Dévoilé lors de la Photokina en septembre dernier, le boîtier moyen-format de 100 Mpxl débarque enfin. Avec un Cmos rétroéclairé, la stabilisation IBIS, la possibilité d’enregistrer des Raw 16 bits et de tourner en 4K 10 bits 4:2:2. Impressionnant.
Alors que la majorité des constructeurs d’appareils photo mise, en complément d’autres formats, sur le 24 x 36, Fujifilm fait l’impasse sur ce créneau. À l’occasion de l’annonce du GFX50R, lors de la Photokina 2018, en septembre dernier, la marque a dévoilé les contours de son futur colosse de 100 Mpxl, clamant qu’elle croyait plus au « super full frame ». Le GFX100 et son impressionnant capteur moyen-format de 102 Mpxl débarque enfin. Le troisième boîtier de la série, depuis l’avènement du GFX50S, lancé il y a deux ans.
Par rapport aux 50S et 50R, Fujifilm ne s’est pas contenté de multiplier la définition par deux. Ce qui n’a rien d’inédit, Phase One ou Hasselblad offrant des définitions encore supérieures. Cependant, le capteur 32,9 x 43,9 mm à matrice de Bayer du GFX100 est rétroéclairé ; et il comporte quelque 3,76 millions de pixels à détection de phase, couvrant toute la surface.
Le système autofocus repose sur l’algorithme à corrélation de phase inauguré sur les X-T3 et X-T30, et repose également sur la détection de contraste (les GFX50S et 50R ont uniquement droit à un AF à détection de contraste), avec les modes traditionnels de la marque (Point unique, AF Zone, Suivi Large). Le collimateur central est sensible à -2 IL. La détection du visage et des yeux est aussi intégrée. La mise au point devrait donc être plus tranchante par rapport aux GFX50R et GFX50S qui embarquent tous deux un AF à détection de contraste.
Le capteur au format 4/3, offre les définitions suivantes : 11 648 x 8 736 pixels (4/3) ; 11 648 x 7 768 pixels (3/2) ; 11 648 x 6 552 pixels (16/9) ; 8 736 x 8 736 (1/1). Il sera possible d’enregistrer les fichiers Raw sous 14 et même 16 bits. Et de générer des Tiff 16 bits, en procédant à un développement des fichiers Raf depuis le boîtier. Des évolutions rendues possibles par l’intégration du processeur X-Processor 4, qui répondent à des demandes de professionnels, indique Fujifilm. En plus des traditionnels modes de Simulation de film, un effet « Peau douce » sera proposé, pour « lisser automatiquement les aspérités de la peau ».
Autre évolution majeure liée au processeur, la possibilité de tourner en 4K UHD à 25 im/s en 4:2:2 10 bits, via un enregistreur externe, ainsi qu’en 4:2:0 10 bits, en interne. Une première sur un moyen-format. Les Panasonic Lumix S atteignent eux une cadence de 50 im/s en 4K UHD, mais disposent « seulement » d’un capteur 24 x 36. Parmi les différentes options, les profils F-Log et Hybrid Log Gamma sont disponibles – comme sur le X-T3 – ainsi que le codec H.265/HEVC. Et il sera possible de filmer en 4K DCI à 24 im/s. On trouve aussi le mode de simulation de film Eterna, dédié à l’univers cinématographique, introduit dans le X-H1.
Jusqu’à présent, seul ce dernier, hybride APS-C orienté vidéo, disposait d’un système de stabilisation en interne, dans la gamme hybride Fujifilm. La stabilisation Ibis (In Body Image Stabilization) reprend du service sur le GFX100, toujours sur cinq axes, avec un gain de 5,5 vitesses, selon la marque. Sa mise en œuvre s’appuie sur trois accéléromètres et autant de gyroscopes. Nous ne savons pour l’instant pas si elle fonctionnera de concert avec les optiques OIS en monture GF, comme le 120 mm f/4 Macro R LM OIS WR. Ni s’il sera possible d’accéder à une définition supérieure via un mode dédié (mode Hautes résolution chez Olympus, Panasonic ou Pentax), ce qui pourrait par exemple faire l’objet d’une mise à jour de firmware, Fujifilm nous y ayant habitués sur ses produits…
Alors que les deux précédents GFX disposent d’un Oled de 3,68 Mpts, le GFX100 adopte une nouvelle dalle, d’une définition égale à celle des Lumix S plein format : un viseur Oled amovible de 5,76 Mpts, qui offre un grossissement 0,86x et un dégagement oculaire de 23 mm.
Selon les dires de Fujifilm, ce modèle aurait été spécialement conçu pour le GFX100. Sa construction repose sur cinq éléments optiques en verres (certains asphériques), pour optimiser la précision de la mise au point sur le capteur 102 Mpxl. Trois modes sont disponibles : « Priorité au Taux de Rafraîchissement », « Priorité à la Résolution » ou « Priorité à la rapidité de l’AF ».
Il sera possible de greffer le viseur externe optionnel inclinable EVF-TL1, conçu pour le GFX50S. Quant au LCD de 3,2 pouces, à l’arrière, tactile et inclinable (également en position verticale, comme avec le X-T3), il est doté d’une définition identique à celle du GFX50R, soit 2,36 Mpts.
Sur le dessus, un afficheur LCD de 1,80 pouce et une seconde fenêtre, à l’arrière (2,05 pouces) renseignent sur différents réglages liés à la mise de vue.
Le GFX100 n’a pas été pensé que pour les séances de prise de vue en studio. La construction compte quelque quatre-vingt-quinze joints d’étanchéité, ce qui confère au boîtier un degré de protection élevé contre les intempéries. Il pèse 1400 g avec le viseur, les deux accus et une carte.
L’obturateur mécanique culmine, comme les deux autres GFX, à 1/4000s ; il atteint 1/16 000s en mode électronique. Comme sur le X-H1, qui dispose aussi de la stabilisation IBIS, l’obturateur du GFX100 repose sur un système de suspension à quatre ressorts, pour minimiser les vibrations lors du déclenchement. L’obturateur est donné pour 150 000 cycles par Fujifilm.
L’enregistrement des données passe par deux ports SD (UHS-I et UHS-II). Le GFX100 est alimenté par deux accus NP-T125 (compatible avec les deux autres GFX), qu’il sera possible de charger via la prise USB 3.2 Type C. Fujifilm annonce une autonomie d’environ huit-cents vues, avec l’optique Fujinon GF 63 mm f/2,8 R WR (non stabilisée).
Parmi la connectique disponible, il sera possible de brancher un casque, un micro externe, un enregistreur externe via la sortie micro HDMI Type D, ou d’utiliser des flashs de studio. La prise de vue connectée avec Lightroom ou Capture One est possible. Et on pourra piloter le boîtier à distance en WiFi ou Bluetooth.
Le GFX100 sera commercialisé fin juin au prix de 10 999 €.
Fujifilm persiste et signe dans la voie du moyen-format. Après avoir lancé un modèle « grand public », le GFX50R, de par son prix et ses caractéristiques, constituant une exception dans l’univers du moyen-format, Fujifilm s’adresse aux professionnels, souhaitant un maximum de définition. Ceux-là même qui utilisent des dos Phase One ou Hasselblad de plus de 100 Mpxl, vendus à des tarifs bien plus stratosphériques. Outre un prix plus doux, le GFX100 ambitionne de concurrencer ces acteurs historiques avec des technologies inédites, comme l’intégration de la corrélation de phase au niveau d’un capteur de si grande taille, ainsi que la stabilisation IBIS. Ou encore la possibilité de filmer en 4K UHD en 4:2:2 10 bits.
C’est une évolution logique pour Fujifilm, qui assure avoir développé les optiques en monture GF pour des performances optimales sur un capteur de 100 Mpxl. En sortant un tel modèle, la marque s’offre une belle vitrine, se plaçant au-dessus de la mêlée 24 x 36, et reléguant un peu plus loin la concurrence, principalement constituée des Pentax 645 et Leica S à ces niveaux de prix, qui restent inaccessibles pour le commun des mortels.
Quels enseignements pour les futurs hybrides Fujifilm, APS-C compris ? L’intégration de la stabilisation ISIS laisse espérer une généralisation prochaine de cette technologie sur tous les modèles – ainsi que la série X100. D’autant que la plupart des optiques Fujinon X ne sont pas dotées de la stabilisation OIS. En outre, les caractéristiques du GFX100 dans le domaine du tournage, après les X-H1 et X-T3, déjà bien pourvus, confirment les ambitions de Fujifilm en la matière. La marque s’affiche comme un rival sérieux pour Panasonic et Sony, sur le segment des appareils photo dotés de fonctionnalités vidéo avancées.