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Nikon

Fujifilm X-Pro2 : premier contact

Materiel
16/01/2016 | Benjamin Favier

Une prise en main d’un boîtier de présérie nous permet d’aborder certaines caractéristiques de manière plus concrète : molette dédiée à la sensibilité, simulation de Film Acros, personnalisation, mode Mon menu, réactivité… Nos premières impressions.

Fujifilm n’a clairement pas voulu désarçonner les aficionados du X-Pro1… tout en délimitant le territoire par rapport au X-T1. Le design demeure ainsi très classique, dans la lignée du précédent modèle. Viseur hybride déporté façon boîtier télémétrique (placement auquel a également droit la série X-E), construction robuste, écran fixe et non tactile : le X-Pro2 mise sur la sobriété. La solidité aussi. Le boîtier, conçu en alliage de magnésium, paré de soixante-et-un joints d’étanchéité, invite à braver les terrains poussiéreux ou à le sortir sous des intempéries.

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La prise en main du X-Pro2 est très agréable… Les salariés de l’usine de production de Sendaï ne lésinent pas sur les mesures d’hygiènes pour accéder à la zone d’assemblage des XF 100-400 mm et 35 mm à Sendaï. Photo : Benjamin Favier

Prise en main sûre

Le grip s’avère réussi, offrant une préhension sûre d’une seule main, à condition d’utiliser une optique au gabarit raisonnable : ça passe encore avec le 16-55 mm f/2,8. Si le viseur ne surprendra pas les habitués du X100T, le X-Pro2 apporte deux nouveautés ergonomiques assez réjouissantes : la molette de sensibilité Iso est un régal à utiliser ; il faut soulever la couronne, puis la tourner pour changer de valeur ou opter pour le mode automatique (A).

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La fameuse molette de réglage de la sensibilité Iso couplée au barillet de vitesse.

Par contre, des trois modes de sensibilité automatique, seul celui couramment utilisé sera accessible par ce biais : un détour par les menus ou un raccourci sur une touche programmable sera nécessaire pour passer de l’un à l’autre. Le verrou visible sur le dessus ne sert qu’à bloquer le barillet dédié aux vitesses d’obturation.

Ergonomie séduisante, mais…

L’autre satisfaction vient de l’intégration du joystick, qui permet, comme sur les reflex Canon EOS experts par exemple, de piloter les collimateurs : une apparition fort bienvenue, tant le nombre (273) et la couverture des collimateurs évolue singulièrement par rapport aux précédents modèles de la marque, a fortiori le X-Pro1.

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Le nombre de collimateurs AF atteint 273 points sur le X-Pro2, qui inaugure une troisième génération de capteur X-Trans.

Le tour du propriétaire confirme que les molettes avant et arrière sont cliquables, ce qui n’est pas le cas sur le X-T1. Déception en revanche, la roue de correction d’exposition souffre d’un crantage pas assez prononcé : un défaut notamment pointé sur le premier X100. Depuis, Fujifilm avait pris soin de rendre cette roue, que l’on retrouve sur tous les X Premium, plus ferme. Sur le X-Pro2, il faudra faire preuve de vigilance…

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Deux vues assemblées avec le mode d’exposition multiple du X-Pro2.
Photo : Benjamin Favier

La vie sans panoramas

Quelle ne fut pas notre surprise en parcourant le menu Drive, accessible par la touche située en haut du trèfle : alors qu’on retrouve les traditionnels modes d’exposition multiple, rafale et bracketing, on constate l’absence de la fonction de panorama par balayage ! Et la réponse apportée par les ingénieurs de la marque, manifestement pris de court par la question, nous laisse dubitatifs : selon eux, les professionnels préfèreraient assembler leurs fichiers lors de l’editing… rappelons que cette fonction figurait bien sur le X-Pro1, puis sur les autres boîtiers Fujifilm. Une réapparition lors d’une future mise à jour de firmware serait la bienvenue.

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Il est désormais possible d’opter pour un format de fichier brut non compressé sur 14 bits, ou pour une compression sans perte pour alléger le poids des fichiers Raw.
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L’obturateur mécanique du X-Pro2 atteint 1/8 000s, tandis que le boîtier hérite logiquement d’un obturateur électronique à 1/32 000s.
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La fonction Mon menu consiste à faire une liste des options auxquelles on souhaite accéder en priorité via un onglet dédié.

Menus revus

Le design des menus a été revu. Pour autant, ils n’y gagnent pas forcément en clarté, et il faut un certain temps pour trouver ses marques. La possibilité de créer un onglet personnalisé (Mon Menu) est ainsi un vrai plus, même si toutes les options ne sont pas accessibles dans ce mode, comme celles liées à la gestion de l’enregistrement des données sur les deux cartes SD. Trois options sont disponibles.

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Il existe trois options d’enregistrement lorsqu’on utilise deux cartes SD.

Cartes SD : coup double

En mode « Séquentiel », la seconde carte sera sollicitée une fois la première remplie. En choisissant « Retour », chaque image est enregistrée en double sur les deux cartes. Enfin, « Raw + Jpeg » fonctionne de la même manière que « Séquentiel », sauf que dans ce cas, les Raw sont copiés sur la première carte et les Jpeg sur la seconde. Et les vidéos ? Pas de choix possible : chaque séquence sera d’office copiée sur la première carte. Rappelons que seul le logement 1 est compatible avec les cartes UHS-I et II. En mode lecture, pour passer d’une carte à l’autre, il faut maintenir la touche Lecture enfoncée.

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Six touches sont personnalisables ; un menu classique, pour les possesseurs des X-T10 et X-T1 notamment.

Les six compagnons

Même principe pour accéder au menu de personnalisation des touches, comme sur le X-T1 par ailleurs, en pressant la touche Disp/Back. Six peuvent être paramétrées : les trois boutons du pad qui accompagnent « Drive » ; celui placé sur le levier permettant de basculer entre visée EVF et OVF ; le bouton AE-L et bien sûr, la touche Fn près du déclencheur. Une fois l’appareil réglé, on se demande à quoi peuvent servir les molettes avant et arrières, hormis pour gérer l’ouverture, au cas où on aimerait pas jouer de la bague de diaphragme dont sont dotés la majorité des Fujinon XF… ce qui constitue d’ailleurs l’un des charmes du système hybride Fujifilm.

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Le 35 mm f/2 est produit en 1h30 de la première à la dernière pièce ; l’usine de Sendaï peut en produire quatre cents par jour. Photo : Benjamin Favier

Taillé pour les focales fixes

Le X-Pro2 est d’abord conçu pour les amateurs de focales fixes. Il suffit de mettre l’œil dans le viseur OVF avec un zoom comme le 16-55 mm f/2,8 pour le constater : toute la partie inférieure droite du viseur se retrouve obstruée, si bien que l’on peut, de manière absurde, positionner les collimateurs AF sur la masse sombre ! Et que dire du cadre délimitant le champ couvert (92 %), qui rétrécit au fur et à mesure que l’on zoome. Heureusement, la petite fenêtre ERF, la même que l’on trouve sur le X100, indique la totalité de la scène cadrée. Dans ce cas, autant privilégier la visée électronique. Ainsi, les utilisateurs de zooms trouveront autant de satisfactions dans le X-T1. En revanche, la visée hybride du X-Pro2 s’avère bien plus séduisante avec des focales fixes comme le 16 mm f/1,4 ou le 35 mm f/2. On comprend alors mieux l’engouement de certains reporters pour ce système, qui se rapproche des boîtiers télémétriques dans l’esprit.

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Le flash cobra EF-42 a été utilisé sur le X-Pro2, privé de flash interne et livré sans accessoire, contrairement au X-T1, pour déboucher le sujet.
Photo : Benjamin Favier

Et pourtant il tourne

La lecture des caractéristiques du boîtier ne laissait guère d’espoir aux férus de tournage. Les ingénieurs de Fujifilm nous ont confirmés que la vidéo n’était pas une priorité, parmi les retours de photographes professionnels sur le boîtier, d’où l’absence d’écran tactile sur le X-Pro2. Quant au fait qu’il demeure fixe, la marque argue une volonté de ne pas accroître l’encombrement… Arguments discutables, l’intégration d’un LCD inclinable étant une réussite sur le X-T1, tandis qu’une fonction tactile peut tout simplement être désactivée. À l’instar du X-T1, le X-Pro2 ne propose pas de mode vidéo. Impossible donc de définir un cadrage au préalable, sauf à opter pour un ratio 16:9 en mode photo. La seule solution consiste à attribuer la fonction vidéo à l’une des touches programmables. En pressant celle-ci, on lance directement l’enregistrement. Gérer la vitesse, la sensibilité et l’ouverture pendant le tournage reste possible via les différentes molettes, et il faudra alors privilégier un enregistrement du son via un micro externe pour éviter que les cliquetis polluent la bande-son. Étonnamment, il n’est pas possible de permuter entre visée EVF et LiveView une fois l’enregistrement enclenché. Mais on peut tout à fait enclencher le tournage en choisissant l’une ou l’autre au préalable. En mise au point manuelle, le focus peaking n’est toujours pas disponible ; et il n’est pas non plus possible de grossir une portion de l’image pour mieux gérer la netteté. Reste la qualité d’image, sur laquelle Fujifilm insiste : la manifestation de moiré serait particulièrement réduite par rapport au X-T1…

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Le piqué du 50-140 mm f/2,8 est excellent à pleine ouverture, ici à 153 mm en équivalent 24 x 36. Contrairement au 16-55 mm, cette optique bénéficie de la stabilisation OIS. Photo : Benjamin Favier

Qualité d’image et réactivité

Étant donné qu’il s’agit d’un modèle non finalisé, nous nous garderons pour l’instant d’émettre un jugement définitif sur ce point. Ce qui vaut aussi pour les prises de vue fixes. Toutefois, les premières images effectuées laissent entrevoir une bonne gestion en hauts Iso, dans la lignée de la précédente génération de capteur X-Trans, qui délivre notamment des Jpeg parfaitement exploitables.

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Le mode de Simulation de film Acros rejoint les classiques Astia, Provia, Velvia et Classic Chrome.
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L’Effet de grain apparaît dans les menus. Il est ajustable sur deux niveaux et s’applique aussi bien en couleur qu’en noir et blanc.

D’où l’intérêt des Simulations de films, parmi lesquels on note l’arrivée d’un petit nouveau : Acros, film monochrome, assorti d’un choix de trois filtres (vert, jaune ou rouge), comme avec le film Monochrome classique. Son intégration coïncide avec celle de la fonction « Effet de grain », ajustable sur deux niveaux (faible ou fort).

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Toru Takahashi, vice-président de Fujifilm, lors de la présentation du X-Pro2 à Tokyo le 15 janvier 2016. Mode de Simulation de film Acros. Photo : Benjamin Favier
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Agrandissement à 100 % avec l’Effet de grain désactivé, à 2500 Iso.
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Agrandissement à 100 % avec l’Effet de grain réglé sur fort, à 2500 Iso.

L’autre domaine sur lequel le X-Pro2 est très attendu est bien sûr la réactivité, maillon faible du X-Pro1. Quatre ans après, toute comparaison entre ces deux modèles sur ce point montrerait des écarts considérables, puisque le X-Pro1 était doté de la première génération de capteur X-Trans. Il semble plus pertinent de confronter le X-Pro2 au X-T1 et son Cmos X-Trans II. Sur le papier, Fujifilm annonce une réactivité accrue (de 30 %) en faveur du X-Pro2. Sans faire de distinction entre la détection de phase (désormais sur 77 collimateurs) et de contraste. Or, dans les faits, l’autofocus du X-Pro2, malgré une couverture plus importante et la possibilité de sélectionner 273 collimateurs, avec le nouveau processeur X Pro à la manœuvre, ne nous a pas semblé vraiment plus tranchant que celui du X-T1, dans des conditions de prise de vue identiques. Nous attendrons cependant qu’une version définitive nous parvienne pour statuer sur ce point.

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Actuellement, les lignes d’assemblage de Sendaï assurent avoir une capacité de production de huit cents X-Pro2 et trois cents X-T1 par jour. Photo : Benjamin Favier

En attendant le test…

Photographier avec le X-Pro2 procure du plaisir. La robustesse, les réglages accessibles même lorsque l’appareil est éteint, le viseur décalé y contribuent largement. Quant au viseur hybride, il s’avère pertinent en utilisant des focales fixes… mais avec les zooms, c’est le viseur EVF qui s’en sort le mieux. Il ne fait aucun doute que ce système ravira les photographes conquis par le premier modèle et confortera le X-Pro2 dans sa position singulière sur le marché, puisqu’il est le seul compact à optique interchangeable doté d’une telle technologie. Mais à 1799 €, le niveau d’exigence se veut forcément plus élevé. La construction made in Japan, avec un assemblage final aux petits oignons dans l’usine de Sendaï, comme nous avons pu en témoigner, justifie en partie un tel coût. À noter que les X100T et X-T1 ont droit à la même considération, dans la même salle d’ailleurs, quand un X30, par exemple est construit en Chine.

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Installation du firmware en cours sur un X-Pro2 tout proche de la fin de la ligne d’assemblage. Photo : Benjamin Favier

Nous nous garderons pour l’instant de tout commentaire définitif sur la réactivité de l’AF et la qualité d’image, même si les premières impressions sont bonnes et laissent entrevoir un léger mieux, loin d’être flagrant par rapport au X-T1 en termes de mise au point : nous attendrons de recevoir un boîtier finalisé pour mesurer l’écart entre les deux appareils X Premium tropicalisés. Reste que la concurrence est rude dans ces eaux tarifaires où naviguent des reflex plein format Canon et Nikon, mais aussi des hybrides 24 x 36 Sony et des experts Micro 4/3 chevronnés, dont certains intègrent un système de stabilisation, argument non négligeable. En adoptant adoptant le format APS-C, Fujifilm a emprunté la voie du milieu.

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L’usine compte cinq cents employés, dont quatre-vingt travaillent à plein temps sur le 100-400 mm, qui peut produire cent cinquante unités en moyenne par jour.
Photo : Benjamin Favier

Quand on monte une optique comme le 100-400 mm sur le X-Pro2, le déséquilibre est important et remet sur la table le débat sur la compacité, raison d’être des appareils à optique interchangeable dénués de miroir…

- Le site de Fujifilm

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