La question brûlait les lèvres. : le X-T3 serait-il stabilisé comme le X-H1 ? La réponse dans quelques lignes ! Le capteur serait-il le même ? Non, car il est ouvert sur la technologie BSI et offre une petite poignée de millions de pixels en plus. Et les rafales s’envolent jusqu’à 30 im/s .
On ne vous fera pas languir plus longtemps, le X-T3 n’est pas stabilisé. Et ce n’est pas une surprise, les ingénieurs japonais l’avaient laissé entendre en affirmant que l’encombrement de l’unité stabilisatrice du X-H1 n’était pas compatible avec la taille du X-T2. Donc du X-T3, car extérieurement, c’est le même boîtier avec les mêmes commandes situées aux mêmes emplacements. Enfin presque, car un examen attentif montre de légers, mais bienvenus changements. Par exemple un viseur plus protubérant de 3 mm pour réduire l’effet Cyrano de Bergerac (le nez qui touche le LCD), certaines touches dorsales plus grandes pour un usage plus facile et un réglage dioptrique muni d’un verrou. Le viseur Oled est maintenant de classe 3,69 Mpts avec un taux de rafraichissement de 80 im/s, passant à 100 im/s au besoin pour une meilleure fluidité et une consommation électrique accrue de 30 %. Le barillet de correction d’exposition est moins large et un peu plus en retrait, pour éviter les déréglages impromptus.
La connectique, qui hérite de la prise casque, dispose maintenant d’un port USB-C (USB 3.1 Gen1) qui assure aussi l’alimentation. Rassurez-vous, le chargeur est toujours dans la boîte pour revigorer un accu vidé, toujours le NP-W126S. Ce qui devient intéressant est de pouvoir y brancher un accu externe, fixé avec du gaffer par exemple.
Le X-T1 posait les jalons d’un hybride APS-C haut de gamme en 2014, suivi du X-T2 en 2016 qui proposait quelques atouts pour une incursion dans la photo d’action, surtout à l’aide d’un mode Boost s’appuyant sur un grip d’alimentation. Le coucou sort à nouveau de l’horloge, deux ans plus tard pour le X-T3 et là, certaines caractéristiques sont vraiment impressionnantes.
Capteur et processeur de course
Le capteur Cmos présente un peu plus de pixels que celui du X-T2, marquant l’ouverture de Fujifilm à la technologie BSI. Le plus intéressant n’est pas ce léger surcroit de définition, mais sa capacité à transférer les données plus rapidement. Cinq fois plus vite que le X-T1 et près de 30% de gain sur le X-T2. Quant au nouveau processeur d’image X-Processor 4, doté de quatre unités de traitement, il roule presque trois fois plus rapidement comparé au X-Processor Pro de la précédente génération. Les conséquences se manifestent dans la vitesse des rafales, le taux de rafraichissement du viseur, le suivi autofocus du sujet et la vidéo. Ainsi que le rolling shutter, inférieur à 10 ms en vidéo indique Fujifilm. Il produit des Raw en 14 bits, avec un traitement interne sur 16 bits.
Revenons au capteur, dont la plage de sensibilités nominales débute maintenant à 160 Iso. Sur les 26,1 millions de photosites, 2,16 millions sont dédiés à l’autofocus à détection de phase, soit quatre fois plus que sur le X-T2. La couverture de l’image est totale, même en AF-C, quand sur le X-T2 il y avait une restriction centrale. Et la sensibilité de l’AF passe à -3 IL. L’autofocus continu fonctionne pendant les rafales et au vu de leur cadence, on mesure combien le processeur doit être véloce et le capteur capable d’envoyer des données, jusqu’à 50 fois par seconde pour alimenter l’AF. Si l’on est en obturation électronique, la cadence est de 20 im/s, sans trou noir dans la visée. Valeur qui passe à 30 im/s si l’on accepte un recadrage 1,25x qui outre une réduction de l’angle de champ produit des images en 16,6 Mpxl. Dans ce cas, le viseur affiche un cadre, ce qui laisse observer ce qui se passe en dehors, pour anticiper un éventuel recadrage. Le rolling shutter est atténué indique Fujifilm. En obturation mécanique, c’est 11 im/s sans qu’il faille recourir au grip d’alimentation, indispensable avec le X-T2 pour soutenir cette cadence. Fujifilm offre un mode Pre-Shoot qui, lorsque le déclencheur est enfoncé à mi-course (obturation électronique activée) mémorise cycliquement une vingtaine de vues qui sont inscrites sur la carte au déclenchement.
Les Jpeg fournis sont les meilleurs possible. C’est un atout chez Fujifilm. Leur rendu bénéficie d’un nouvel effet, Color Chrome, issu du moyen-format GFX 50S qui va renforcer les couleurs dans les ombres, affiner les dégradés des sujets aux couleurs saturées. En vue par vue comme en rafale. Autre nouveauté, dédiée à la simulation de film Acros et aux modes Monochromes, une réglette ajuste la teinte, de -9 (rendu cyanotype) à +9 (aspect sépia).
L’appareil est annoncé pour le 20 septembre... en quantité suffisante pour alimenter les ventes de Noël, afin que la pénurie constatée lors de la sortie du X-T2 ne reste qu’un mauvais souvenir sans piqure de rappel. Son prix ? 1 499 € alors que le X-T2 valait 1 699 € à son lancement. Une remise de 200 € accompagne l’achat couplé du X-T3 avec l’un de ces objectifs : 14 mm, 16 mm, 56 mm APD, 80 mm, 90 mm, 10-24 mm, 16-55 mm, 50-140 mm et 100-400mm
La vidéo a fait un bond en raison de la puissance du X-Processor 4 et du débit de sortie du capteur. Le format DCI 4K est introduit (4 096 x 2 160) jusqu’à la cadence 60p, comme pour l’UHD 4K, sachant qu’en Full HD, la cadence maximale est le 120p. Le X-T3 ne lésine pas sur la qualité, car l’enregistrement en 10 bits et 4:2:0 sur la carte est proposé quand, via la sortie HDMI, c’est du 4:2:2. En matière de codec, les H264 et H265 sont de sortie, les compressions All-I et Long-Gop aussi, le premier étant réservé à la DCI 4K en 30p maximum, pour un débit de 400 Mbit/s, ce qui implique l’usage d’une SD estampillée V60. En matière de durée d’enregistrement, la limite est de 29’30’’, et de 20 mn en DCI 4K.
Aux sensibilités élevées, Fujifilm revendique un gain de 2 IL en termes de bruit, également réparti entre une amélioration du processus de réduction du bruit et une diminution reposant sur l‘analyse de la répartition du bruit dans le canal rouge entre deux images consécutives.
L’HDR est en ligne de mire avec le HLG (Hybrid Log Gamma). Pas à la sortie, mais en novembre à l’occasion d’une mise à jour du firmware. La simulation de film Eterna introduite avec le X-H1 est reconduite ici et le zébra pour contrôler l’exposition. Le X-T3 n’a pas de déclencheur dédié, c’est le barillet des modes de prise de vue qui donne accès à la vidéo, et le déclencheur standard qui initie le filmage Pour les réglages, l’usage de l’écran tactile propose de nombreux ajustements, comme celui du niveau d’enregistrement sonore, cela de manière silencieuse. La prise casque, omise sur le X-T2, est bien présente. Ces caractéristiques propulsent le X-T3 comme un sérieux concurrent de Panasonic ou Sony... le stabilisateur en moins !
Le grip du X-T2 ne sera pas recyclable sur le X-T3. Fujifilm indique qu’il porte l’autonomie à 1 100 photos et que l’on peut changer ses accus sans que le filmage s’interrompe si une batterie est aussi dans le boîtier. A 329 € l’unité, ceux qui feront la migration vers le nouveau couple X-T3+VG-XT3 vont faire grise mine, un peu colorée par l’offre commerciale couplée qui amène cette poignée d’alimentation verticale à 200 €. Autre poignée, la MHG-HXT3, compatible Arca Swiss, vient juste soutenir l’assise, sans commandes ni accu. Un étui en cuir BLC-XT3, une télécommande filaire RR-100, un chargeur de réserve BC-W126S et un kit CVT-XT3 comprenant les éléments amovibles que l’on peut égarer, dont le volet cachant les prises, complètent la liste des nouveaux accessoires.
Quel boîtier. Bien sûr, une batterie de tests est prévue pour vérifier les allégations de Fujifilm. Mais sur le papier, le X-T3 présente un visage séduisant et surtout une grande polyvalence. La qualité du couple capteur/processeur n’est plus à prouver, surtout son aptitude à sortir des Jpeg exploitables sans gros travail. Les rafales offrent des cadences élevées, mais leur longueur pourrait s’avérer insuffisante quand les Raw sont de la partie, voire le Jpeg, sans doute en raison d’une mémoire tampon un peu juste pour soutenir de longues séquences à ces cadences élevées. En tout cas, l’appareil saura répondre présent en de nombreuses circonstances lors de prises de vue animalières et sportives. Le portraitiste, le photographe de spectacles ou de scènes de nuit bénéficient d’un comportement appréciable aux sensibilités élevées. Le vidéaste pourrait se poser la question au moment du choix et ne pas considérer uniquement le Panasonic GH5 ou le Sony A7S II. Le prix, enfin, est raisonnable, 1 499 € nu faut-il le rappeler. L’absence de stabilisateur et d’objectif transstandard qualitatif, stabilisé, protégé contre les intempéries (comme le boîtier) et démarrant à 16 mm (24 mm en éq. 24 x 36) est aujourd’hui un petit handicap, qui aura disparu avec la sortie du 16-80 mm F/4 OIS WR prévu pour 2019.