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H+ Transhumanisme(s) : une enquête photographique

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12/10/2018 | Benjamin Favier

Les éditions Actes Sud proposent un opus dans la lignée du remarquable livre de Matthieu Asselin sur Monsanto. Le photographe Matthieu Gafsou se penche sur l’intrusion des technologies dans le corps humain, ou à son contact. Passionnant et préoccupant.

L’objet fait directement écho, tant sur la forme que sur le fond, au formidable livre de Matthieu Asselin, Monsanto : une enquête photographique, auréolé du prix du livre photo de l’année lors de l’édition 2017 de Paris Photo (nous avons consacré un large dossier au travail du photographe, lire MDLP 102). Logique, puisque c’est le même éditeur, Actes Sud, qui met à l’honneur le travail de Matthieu Gafsou. Au travers de ses images, le photographe ne se contente pas de montrer et de s’interroger sur l’intrusion, au sens propre comme au sens figuré, de technologies au contact du corps humain.

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Julien Deceroi s’est implanté lui-même un aimant dans le majeur. Il affirme que cette prothèse fonctionne comme un nouveau sens, lui permettant de ressentir les champs magnétiques, leur amplitude ou leurs modulations. Il porte aussi des puces. Il est le seul grinder que j’ai rencontré en Suisse (les grinders ou biohackers revendiquent la liberté totale de leur corps ; ils s’augmentent ou s’opèrent eux-mêmes, souvent dans des conditions extrêmes).
Photo : Matthieu Gafsou / Courtoisie Galerie C / MAPS

Il dénonce leur impact, en employant des termes incisifs, dans chaque légende. Par exemple, en regard d’une photo représentant un masque de photothérapie anti-âge, une fois la description de cet accessoire achevée, il dénonce « sa participation à l’idéologie déjà dominante du corps parfait en y ajoutant le culte de la technologie ». Idem pour les exosquelettes, vantés et utilisés avant tout pour aider le corps dans des efforts difficiles ou pour des personnes handicapées.

L’ombre de Google

Mais Matthieu Gafsou souligne aussi la part d’ombre, citant l’agence américaine Darpa qui œuvre à «  transformer un soldat en machine de guerre quasi inépuisable ». Le pacemaker ou stérilet sont également très répandus. Le fait de les visualiser rappelle leur caractère invasif. Surtout, l’application de ce dernier « transforme localement la physiologie de la femme », rappelle le photographe. Parmi les objets représentés, figure… le smartphone, bien sûr, considéré comme une prothèse mémorielle. Ce panorama des acquis et projections du courant transhumaniste fascine autant qu’il inquiète. S’il cite plusieurs entités, contrairement à Matthieu Asselin, l’ombre d’un autre géant américain plane : Google. « L’un des principaux sponsors du transhumanisme », selon Gafsou. Son ambition ? « Tuer la mort ». Une enquête photographique brillante, ponctuée d’un vertigineux texte signé David Le Breton, professeur de sociologie.

- H+ Transhumanisme(s)
- Par Matthieu Gafsou
- Éditions Actes Sud
- 160 pages
- 22 x 29 cm, 39 €

- Crédit image d’accueil : Photo : Matthieu Gafsou / Courtoisie Galerie C / MAPS

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