Tout savoir pour réaliser, optimiser et diffuser ses photos

Interview de Jean luc Van den Berghe

technique
04/05/2007 | Michel Lion

Rencontre avec Jean-Luc Van den Berghe, le dirigeant emblématique de Rainbow Color.

« Okavango, portraits animaliers autour d’un fleuve » est une exposition photo qui a été présentée en avant première au Festival International de la Photographie Animalière et de Nature de Montier -en-Der. Pour la première fois des images de photographie animalière étaient dévoilées au grand public sous la forme de grands tirages sépia. Son large succès est le fruit d’un travail minutieux entre le photographe et son "labo". Rainbow Color, le laboratoire partenaire de cette exposition, est situé dans le XIème arrondissement de Paris. L’occasion de faire le point sur un marché en mutation et de nous entretenir avec un maître des couleurs.


© Bruno Calendini / www.studionature.com

Jean Luc Van Den Berghe, vous dirigez Rainbow Color. Quel regard le responsable d’un laboratoire photographique porte-t-il sur l’avènement de la photographie numérique ?
L’arrivée du numérique a été pour nous, techniciens de l’image, une grande chance : elle nous a fait sortir de l’obscurité des chambres noires et nous a offert un outil formidable.Cette « révolution » a généré un gain énorme en qualité, en productivité et en confort de travail. Nous avons pu le répercuter auprès de nos clients d’abord par une baisse conséquente des tarifs, ensuite par un élargissement de la gamme de nos prestations pour les adapter aux nouvelles technologies.


Quelles sont à vos yeux les principales mutations de votre métier ?

Il y a deux mutations : l’une technologique et l’autre commerciale. Techniquement, le savoir-faire est toujours le même ! Certes l’outil a changé, l’approche et le langage sont parfois différents, mais la mission reste la même : optimiser l’image sans la dénaturer, la mettre en valeur en préservant son authenticité, et toujours grâce à un œil exercé, beaucoup de soin et de précision et une haute technicité.
Commercialement, le virage a été plus délicat à négocier. D’abord dans le choix des investissements qu’il a fallu cadrer au mieux par rapport à notre activité. Parallèlement nous avons subi une baisse progressive et irréversible du volume des travaux de traitement argentique (développements films). Ensuite, la vulgarisation du numérique a nourri l’illusion de nombreux décideurs qui ont vu là une possibilité de créer et fabriquer en interne, ce qu’ils ont essayé de faire avec plus ou moins de bonheur. Puis nous avons été mis en concurrence avec de multiples procédés d’écriture numérique qui ont envahi le marché avec une qualité inégale mais surtout des prix très agressifs. Enfin l’arrivée progressive des écrans plats sur les lieux de vente offre une nouvelle communication visuelle, par image fixe ou animée, aux annonceurs qui représentent une partie importante de notre clientèle. L’ensemble de ces paramètres a inévitablement provoqué quelques turbulences dans notre profession.

Cela veut-il dire que le marché grand public devient un enjeu vital pour les laboratoires professionnels ? Et que de votre capacité à valoriser un beau tirage photo dépendent vos nouveaux relais de croissance, voir votre avenir à moyen terme ?
Rainbow Color, qui est un laboratoire professionnel depuis sa création en 1975, trente ans déjà, a toujours été ouvert au grand public. Nous sommes partenaires de nombreux clubs photo et d’associations comme Objectif Nature depuis de longues années. Mais depuis quelque temps il est certain que la demande « grand public » est en très nette progression et qu’elle vient naturellement compenser certaines pertes purement « profesionnelles ».
Cela s’explique d’abord par la baisse de nos tarifs consécutive à l’arrivée des nouvelles technologies. Et des prix plus attractifs deviennent forcément plus accessibles à des budgets « domestiques ». Ensuite on constate un regain d’interêt pour la qualité et les particuliers trouvent (ou retrouvent) chez nous des interlocuteurs qualifiés, passionnés et de bon conseil notamment dans la sélection des images, la colorimétrie, le calibrage d’un écran… Donc sans être forcément un enjeu vital, car heureusement le marché professionnel reste actif, l’avenir des laboratoires passe aussi par une bonne relation et une bonne communication avec tous les amateurs de belles images…

Pensez-vous que votre activité souffre de désinformation sur vos produits ?
Le laboratoire professionnel est très méconnu. Souvent ignoré des médias, il a longtemps été imaginé comme un prestataire élitiste, coûteux, inaccessible ou réservé à une caste, celle des publicitaires ou de certains grands photographes. Si nous collaborons effectivement avec le monde de la publicité et des artistes prestigieux pour leurs expositions, nous accueillons également, et avec la même attention, un client qui ne voudra qu’un bel agrandissement de son dernier voyage ou d’une photo de famille. Par ailleurs nous continuons à assurer les traitements traditionnels E6 et C41 avec le même soin et la même qualité.

Bon nombre de professionnels s’inquiètent de la durée de vie des supports digitaux. Le concept du tirage photo, comme étant une véritable mémoire dans la vie de la famille par exmeple, est souvent avancé, quel est votre sentiment ?
C’est exactement ce que nous répétons tous les jours… Je reste intimement persuadé qu’un bon tirage argentique survivra à toutes les révolutions technologiques, de même qu’un beau bouquin résistera mieux au temps que n’importe quel texte sur support numérique.

Pensez-vous que la diminution drastique des travaux photos vous oblige à « réinventer » votre métier en développant de nouveaux produits ?
Sans « réinventer » notre métier, il ne faut pas être présomptueux, nous le faisons évoluer de façon quasi permanente, ce qui est passionnant et très motivant !Nous réfléchissons constamment à de nouveaux produits. Nous avons mis en place la « post-production numérique », qui permet aux photographes de retour de voyage ou de reportage, et qui ne souhaitent pas passer des nuits entières devant leur écran, de nous confier l’ensemble de leurs fichiers Raw que nous allons convertir en Tiff ou Jpeg avec une planche index et un CD ou DVD… Nous assurons aussi la conversion des fichiers RVB en CMJN (norme eurostandard) dans une qualité parfaitement adaptée à l’impression. De même nous avons été parmi les premiers à proposer la Digigraphie (en partenariat avec Epson) pour offrir des moyens d’expression plus artistiques aux créateurs. Si nous n’avons plus les mains dans le révélateur, à la lueur de la lanterne inactinique, nous sommes devenus des spécialistes de la gestion de la couleur, et toujouts au service de l’image.

Une des tendances des travaux photos est la réalisation de « livres photo », avec une véritable conception artistique et une fabrication très proche de l’édition. À la rédaction nous y voyons peut-être un avenir pour les travaux photos, qu’en pensez-vous ?
Parmi nos nouveaux produits, nous présentons effectivement des « livres-albums » qui rencontrent déjà un franc succès ! Ceci me conforte dans l’idée qu’un album photo, de belle qualité, sera toujours plus convivial, plus agréable à regarder, à feuilleter et à commenter qu’un écran. Il faut savoir utiliser le numérique dans tout ce qu’il apporte comme avantages et facilités mais se garder d’annihiler le tout par une présentation finale médiocre. C’est un peu notre philosophie : conserver une part de tradition dans le progrès.

Laboratoire Rainbow Color

5 Rue Bouvier

75011 PARIS

Tél : 01 55 25 66 66

www.rainbowcolor.fr

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    dans la vie de la famille par exmeple

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