Avec l’Alpha-700, Sony joue une forte partie : sa place sur le marché des reflex numériques experts, voire professionnel léger (photo sociale, mariage, reportage). Pour comprendre l’enjeu, un bref retour en arrière n’est pas inutile : à la fin du siècle dernier, on parlait des quatre grands sur le marché du reflex petit format, par ordre alphabétique Canon, Minolta, Nikon et Pentax. Minolta jouissait d’une réputation bien établie de qualité et d’innovation, même si la marque était minoritaire sur le marché professionnel. C’est Minolta qui le premier avait lancé, en 1985, le reflex autofocus expert, puis grand public, et c’est aussi Minolta qui s’était avancée à créer une nouvelle monture pour un reflex au format argentique APS. Hélas, ce format n’a jamais vraiment percé et la marque a essuyé des déboires importants malgré la production d’excellents modèles.
Mise en perspective
Quand le numérique a touché les reflex, à l’orée de l’an 2000, on pouvait penser que cette base argentique (petit boîtier étanche à la pluie, optiques motorisées) allait être recyclée, mais il n’en fut rien : après un essai commercialement peu concluant, Minolta se lança avec un certain succès technique sur le créneau du bridge expert. Après 2002 et la sortie des premiers boîtiers de 6 Mpxl, la marque hésita à suivre alors que Pentax faisait des annonces et que de nouveaux acteurs tentaient de se positionner : Olympus avec un tout nouveau système, Sigma avec une technologie alternative sur les capteurs.
Au final, en 2003, non seulement Minolta était absent de ce marché expert, mais elle fusionnait avec Konica et annonçait une nouvelle stratégie. C’est en septembre 2004 que le Dynax 7D de 6 millions de pixels était annoncé. L’innovation était au rendez-vous, puisque ce boîtier était le premier au monde à intégrer un système de réduction de vibration par mouvement du capteur, compatible avec toutes les optiques. Il fut accompagné d’objectifs dédiés numériques, d’origine Tamron, et suivi en 2005 d’un modèle simplifié, le Dynax 5D, plus grand public.
Début de 2006, coup de tonnerre : la marque renonçait en bloc aux marchés photographiques, argentiques (films et labos Konica) comme numériques ! Sony annonçait peu après qu’elle serait amenée, dans la continuité d’accord de coopération qu’il avait avec KM, à entamer la fabrication de reflex numériques compatibles avec la monture Minolta, la confiance eut du mal à se restaurer chez les possesseurs d’optiques argentiques de la marque. Dans un très bref délai de 5 mois, Sony réussissait cependant à annoncer l’Alpha-100 en juin, premier reflex 10 Mpxl stabilisé, et à reconfigurer la gamme optique issue de générations successives Minolta, puis Konica Minolta. Une coopération avec l’opticien de réputation mondiale Carl Zeiss était annoncée, avec des optiques fixes très lumineuses (comme le Planar 85 mm f/1,4), mais aussi de futurs zooms.
Le zoom pour capteur APS-C de cet essai est issu de cette collaboration, c’est le haut de gamme des optiques expertes, en attendant des fruits professionnels - zooms transstandards ouverts à f/2,8 constant - que mériterait l’Alpha-700.