L’éthique du reportage selon Carl de Keyzerjeudi 20 mars 2008, par Benjamin Favier
Les photos de Carl de Keyzer offrent plusieurs niveaux de lecture. Le photographe belge, membre de l’agence Magnum, parcourt le globe, à la recherche d’images fortes : Russie, Thaïlande, États-Unis, Angola, Chine…
Souvent lors de conflits, mais pas seulement. Un passage par le Forum économique mondial de Davos en Suisse, pays neutre par excellence, est l’occasion pour lui de côtoyer les dirigeants des nations les plus riches de la planète. Il va se rendre au Texas, prendre des clichés d’une campagne de publicité de Coca-Cola. Avant de gagner les décombres d’un hôpital au Burundi ou une plaine désertique et aride en Afghanistan. Carl de Keyzer vit d’un extrême à l’autre en permanence. Son cadrage serré, son sens de la composition, souvent renforcés par l’utilisation du flash, même en plein jour, rendent la plupart de ses images très riches. La partie Tableaux de guerre est indéniablement la plus saisissante. Le recours aux panoramiques renforce le sentiment de vide, de solitude des populations concernées en temps de conflits. Tel ce jeune Afghan, assis sur une chaise au milieu d’une route, face à l’ancien palais royal de Kaboul. La violence n’est jamais montrée. Le résultat n’en est pas moins fort. Les Tableaux politiques dépeignent un univers institutionnalisé, bureaucratique, froid, uniforme : étouffant. Riches ou pauvres, victimes ou bourreaux, les hommes semblent condamnés à vivre dans la solitude selon Carl de Keyzer. Sociologique, historique, esthétique, mais avant tout éthique, son œuvre est d’une incroyable richesse. Trinity Réagir à cet article |
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