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Larry Clark

technique
02/11/2010 | Benjamin Favier

Le site officiel du photographe et cinéaste américain devrait voir le jour d’ici la fin de l’année. C’est en tout cas ce qui est annoncé sur la page d’accueil. Mais depuis un mois, le nom de Larry Clark est sur toutes les lèvres : son exposition Kiss the past hello, au musée d’Art Moderne de la ville de Paris, défraie la chronique.

Interdiction pour les personnes âgées de moins de 18 ans de voir l’exposition Kiss the past hello, première rétrospective consacrée à Larry Clark en France. Un comble. L’essentiel de l’œuvre du photographe et cinéaste américain traite justement des teenagers, de leur mal-être, de leurs excès. Clark reconnaît avoir pris « des photographies interdites, des photos qu’on n’était pas censé faire, d’une vie qui n’était pas censée avoir lieu. » Des photos montrant des coïts, des érections, des seringues. Mais il ne renie rien.

Photo : Larry Clark/Untitled, 1968. Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London.

Introspection

Cette déchéance, c’est aussi la sienne. Natif de l’Oklahoma, état perdu au milieu des États-Unis, Larry Clark a vécu tout cela. L’ouvrage Tulsa (nom de la capitale de l’Oklahoma) sort en 1971. Il retrace huit années de descente aux enfers. Un autoportrait sombre, sans concession : « J’ai commencé à me shooter aux amphétamines à 16 ans. Je me suis shooté tous les jours, pendant trois ans, avec des copains, puis j’ai quitté la ville mais je suis revenu. Une fois que l’aiguille est rentrée, elle ne ressort plus. » Depuis, Larry Clark n’a cessé de se pencher sur les tourments des adolescents américains. Ses films Kids, Bully ou Ken Park abordent la violence, la drogue et la sexualité sans détours. Pas de recherche esthétique, comme le ferait un Gus Van Sant (Elephant, Paranoid Park, Last Days). Il agit plutôt à la manière d’un documentariste, appareil photo ou caméra au poing.

Photo : Larry Clark/Untitled, 1972. Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London.

Polémique

Selon la Mairie de Paris, Kiss the past hello contient des images susceptibles de heurter la sensibilité des adolescents. Notamment la série Teenage Lust. Suite à une couverture datée du 6 octobre de Libération, digne de l’époque July (on peut lire « Larry Clark censuré : Interdit aux moins de 18 ans » au-dessus d’une image mettant en scène un jeune couple en plein ébat), Christophe Girard, adjoint à la culture à la Mairie de Paris, a dénoncé une sélection de photos prude de la part du quotidien et envoyé celles mises en cause à toute la presse. Libé s’est empressé de les publier sur son site Internet. Dans un communiqué, Bertrand Delanoë, Maire de Paris, justifie cette décision en invoquant l’article L. 227-24 du code pénal, qui définit comme un délit « le fait, soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur ». À l’heure où la pornographie est à portée de clic et où des films d’une violence inouïe jouissent de programmations en première partie de soirée, cet arbitrage fait débat.
Il ne faudrait cependant pas donner plus d’importance à l’œuvre de Larry Clark qu’elle ne le mérite. L’intérêt de son travail réside avant tout dans sa dimension crue et réaliste. Son acharnement sur le sujet ainsi que ses choix de mise en scène, autant en photo qu’en vidéo, n’en restent pas moins discutables. Son site permettra bientôt aux Internautes de se forger leur propre opinion en visionnant ses divers créations. En accès libre.

- Le futur site de Larry Clark
- Le site du musée d’Art Moderne de la ville de Paris

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