La parution de La fin d’un monde date de 1965. L’œuvre phare de Peter Beard est à nouveau rééditée. À l’image de son auteur, âgé de 60 ans, rien n’a changé.
Le titre perd un peu de sa saveur, une fois transposé dans la langue de Victor Hugo. La fin d’un monde ne véhicule n’est pas empreint de la même force que l’original anglais, The end of the game. Car en réalité, Peter Beard ne se contente pas de tirer le signal d’alarme. Il dénonce clairement les responsables. Depuis 1965, date de la première parution de l’ouvrage, plusieurs fois réédité. Bien visibles sur le banc des accusés, les chasseurs. « Il n’y a pas cinquante ans encore, l’homme devait se protéger contre les fauves ; ce sont aujourd’hui les fauves qu’il faut protéger contre l’homme. »
Éternel amoureux de l’Afrique, il vit toujours entre New York et Hog Ranch, son domicile isolé dans la brousse kényane. Une destination motivée par la lecture d’Out of Africa, célèbre ouvrage de l’écrivain Karen Blixen, dont l’adaptation cinématographique fut couronnée de succès. L’œuvre de Beard fusionne ses deux univers : le contact avec la nature est matérialisé par des taches de sang d’animaux enduit sur les clichés. La scène new yorkaise ne jure alors que par le Pop’Art. Une manière pour Beard de faire connaître son travail et de sensibilité les salons mondains à son combat, grâce à ses carnets si singuliers.
Le livre est résolument sombre. Les images aériennes de carcasses d’éléphants sont terribles. Comme pour enfoncer le clou, Peter Beard en aligne sur plus de trente pages successives, dans une rubrique laconiquement intitulée « Ni crainte ni espoir ».
« Nombreuses sont les espèces de gibier déjà décimées. La vie fait lentement place à des mirages de désert. » La préface de Peter Beard date de 1965. Pas une ligne n’a été modifiée pour cette nouvelle édition.
La fin d’un monde
Éditions Taschen
288 pages
29,99 €