On peut se demander pourquoi nous ne sommes pas plus sévères sur le manque de piqué en bords et angles aux ouvertures extrêmes…et bien c’est parce que le plus souvent vous n’en saurez jamais rien : ce type d’optique n’est plus guère employé en paysage de nuit avec un film Kodachrome 25 Iso, comme c’était le cas quand ces ultra-lumineux étaient disponibles dans de nombreuses marques, car à 800 Iso le M9 s’en tirera mieux qu’avec un négatif couleur de 200 Iso et il n’y a guère de problème de fermer entre F4 et F5,6 pour des vues « réalistes » ! Mais son domaine de prédilection sera la photo de rue avec un point de netteté et des dégradés de flous somptueux, le portrait dont le fond est estompé, etc…
Pour la pleine ouverture et un gros plan à distance minimale de 1 m (en pratique portrait cadré un peu large) la profondeur de champ indiquée par Leica pour film argentique est de…2 centimètres, et de 6 centimètres à 1 m 50. Sachant que le M9 est à peu près deux fois plus détaillé qu’un film argentique de même format, la netteté maximale en fait ne s’étendra que sur une plage de 1 cm à 1 m et de 3 cm à 1,5 m. Si on prend un sujet de rue moyen (rue étroite d’un trottoir à l’autre par exemple) soit une mise au point à 5 m, la profondeur de champ « large » (définition du film) est de 60 cm soit l’épaisseur d’un passant, et 30 cm à la netteté maximale, le reste de la scène se diffusera dans un flou très progressif et lumineux du fait du « nimbé ». Enfin pour un paysage calé à l’infini le premier point vraiment net sera à presque 100 m de l’appareil !
À partir de F4 on retrouve des valeurs plus confortables…miracle c’est à partir de F4 que le piqué mesuré sur mire est excellent sur tout le champ. Le visage entier de la modèle sera net (profondeur de champ de 8 cm en bonne netteté, soit le nez, les lèvres et les deux yeux !) et surtout en scène de rue on disposera d’une plage de 2 m environ, alors la netteté des bords et angles va compter.
Les tables de profondeur de champ de Leica sont calculées pour le film, nos essais montrent qu’elles sont un peu moins larges, mais la qualité du dégradé des flous fait que les transitions ne sont jamais désagréables, elles ne « font pas numérique ».