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MBP Nikon

Le test

Materiel
05/12/2007 | LAURENT KATZ

C’est avec un grand ouf de soulagement que l’on accueille le E-3. Il faut dire que, même si la gamme d’optiques 4/3 est en devenir – notamment pour les faire passer en motorisation ultrasonique SDM - il existe quelques joyaux, comme le remarquable F2/150 mm pour n’en citer qu’un. Pour avoir eu en main l’appareil avec et sans poignée d’alimentation optionnelle, je dois avouer que c’est un accessoire fortement recommandable. En tout cas, je conseille à celui qui rechigne à en faire l’achat, de se procurer au moins une sangle de poignet qui pallie le centimètre qui manque en hauteur. Par ailleurs, cette poignée, abritant une seconde batterie, apporte une plus grande autonomie à qui pratique la visée sur le LCD, gourmande en énergie.

Si la perception ergonomique d’un boîtier varie avec chaque individu, c’est encore pire pour moi, qui passe d’un reflex à l’autre en permanence, entre les boîtiers de test et mes appareils personnels. Cela dit, quelques propos échangés avec Bruno Calendini montrent que lui aussi a eu un peu de mal à se faire à la position des molettes, un peu trop décalée à gauche pour la dorsale et vers le bas pour la frontale. C’est sûr que lorsque l’on est habitué à Canon ou Nikon, une phase d’adaptation est nécessaire. La présence des touches Iso et +/- à proximité du déclencheur est appréciable et globalement, je n’ai pas vraiment eu l’impression de galérer pour modifier rapidement la sensibilité, jouer du correcteur d’exposition et accéder à d’autres réglages. En outre, le menu de configuration m’a permis de paramétrer les molettes pour figer le correcteur sur celle située à l’arrière et affecter vitesse, ouverture et décalage de programme à la molette avant.

L’afficheur LCD, s’il a le mérite d’être orientable, n’offre pas une lisibilité de lecture satisfaisante par fort soleil. En outre, sa définition de 230 kpxl est en retrait par rapport aux 921 kpxl d’un Sony Alpha-700 ou d’un Nikon D300, sans parler de « l’antique » sortie vidéo analogique à la norme composite, qui n’est pas secondé par une sortie numérique HDMI.


Prise de vue en mode LiveView, l’appareil au ras du sol : 24 mm (équiv. 24 x 36), 400 Iso, F3,7, 1/500e, E-3 de pré-série.

J’étais impatient de tester la visée temps réel, ne serait-ce que pour voir comment la mise au point était gérée. Correctement, mais lentement, car le miroir doit se baisser, afin que le miroir secondaire se mette en place pour que le capteur de l’autofocus puisse être activé. En clair, ce mode de visée convient parfaitement pour la photo d’objets statiques. Avec un sujet en mouvement, on n’est sûr de rien, car il existe un délai non négligeable entre la sollicitation du déclencheur et la prise de vue effective. Pour avoir photographié des chats de rue, l’appareil posé sur le pavé, j’en sais quelque chose, le chaton ci-dessus étant l’exception qui confirme la règle. La même remarque s’applique au reporter qui photographierait un personnage médiatique au dessus d’une foule, l’appareil tenu à bout de bras.


L’usage du 12-60 mm à sa focale la plus basse permet d’englober un champ très large et de photographier au jugé : 24 mm (équiv. 24 x 36), 400 Iso, F9, 1/50e, E-3 de pré-série.

Olympus revendique un autofocus très rapide, du moins quand le zoom 12-60 SDM est monté. Cette optique présente une plage de focales intéressantes, car en équivalent 24 x 36, il s’agit d’un 24 – 120 mm. La photo ci-dessus montre que l’on peut enregistrer des scènes de rue au jugé, avec une bonne profondeur de champ, d’autant que le capteur 4/3, plus petit que celui d’un reflex APS-C, favorise ce critère. L’optique est silencieuse, et la mise au point effectivement rapide, avec une excellente sensibilité en basse lumière. J’ai apprécié, quand un collimateur unique est employé, de pouvoir choisir si la mise au point était étendue ou non aux collimateurs adjacents. Il y a quand même un petit bémol avec des structures répétitives horizontale et verticales qui provoquent, assez rarement il est vrai, des à-coups dans l’autofocus, un phénomène constaté tant avec le modèle de pré-série qu’avec la version définitive.


Photo nette au 1/10e grâce au stabilisateur : 120 mm (équiv. 24 x 36 mm),1 000 Iso, F4, 1/10e, E-3 de série.

Olympus a planché sur le stabilisateur et affirme que l’on peut escompter un gain de 5 vitesses. Concrètement, avec un 300 mm en équivalent 24 x 36, cela veut dire que l’on peut travailler à main levée au 1/10e, et au 1/4 de seconde avec le 120 mm. Plusieurs tentatives sur des sujets différents montrent que c’est une valeur optimiste, mais qui pourra être atteinte en retenant bien son souffle et en stabilisant soi-même l’appareil au maximum. J’ai réussi des photos au 1/8e-1/10e exploitables, au 300 mm, mais avec plusieurs essais. Le gain de 4 vitesses est obtenu bien plus aisément, avec moins de précautions. En revanche, sur un bateau ou dans un véhicule, il ne faut pas escompter un tel gain.


Des commerces surprenants dans ce passage piétonnier istanbuliote : 120 mm (équiv. 24 x 36 mm), 400 Iso, F5, 1/100e, E-3 de pré-série.

L’exposition et la colorimétrie posent peu de problèmes. Il faut savoir jouer un peu du correcteur d’exposition pour éviter les blancs brûlés dans les scènes à fort contraste, jongler entre multizone et pondération centrale, mais c’est le lot de tous les reflex. La balance des blancs automatique fonctionne globalement bien, par exemple la surprenante photo ci-dessus prise dans un passage piétonnier d’Istanbul, montre que le E-3 a parfaitement su tenir compte de l’éclairage fluorescent. J’ai aussi un contre-exemple avec une lampe à économie d’énergie diffusant une lumière jaune, mais il reste toujours la solution de passer par le mode manuel, ou de travailler en Raw et de corriger en post-production.


Double éclairage de ce fumeur de narguilé, grâce à un flash déporté et piloté sans fil : 74 mm (équiv. 24 x 36 mm), 640 Iso, F3,8, 1/125e, -0,7 IL, E-3 de pré-série.

Bien qu’Olympus n’ai pu me fournir, pour cause d’indisponibilité, un des deux nouveaux flashs pour le test final, il m’a été possible d’avoir un avant-goût de leur usage avec le E-3 de présérie. Ce que montre le cliché ci-dessus. Le fumeur est éclairé à la fois par le flash interne et par un FL-50R déporté, qui ne sert qu’à mettre en évidence la bouffée de fumée. La mise en oeuvre est aisée et le paramétrage de chaque flash permet de composer une mise en lumière sophistiquée.


Une photo emblématique des qualité de mesure de l’E-3 : 80 mm (équiv. 24 x 36 mm), 800 Iso, F5, 1/20e, E-3 de pré-série.

Cette autre photo montre encore une fois la bonne gestion de la balance des blancs (les tasses sont blanches) et de l’exposition. Les 800 Iso sont exploitables, sans perte rédhibitoire du niveau des détails. Le bruit est un critère sur lequel on attendait l’E-3 au tournant. Les progrès sont énormes, mais il faut être clair. Canon et Nikon, et même Sony font mieux, car chez eux aussi la technologie progresse et ils disposent d’un capteur de plus grande taille. Néanmoins, si les 800 Iso restent praticables sans états d’âme, les 1 600 Iso sont utilisables avec une baisse marqué de la définition des détails, et une rupture qualitative plus importante dans les zones d’ombres se manifeste à la sensibilité maximale de 3 200 Iso. Quelques photos de nuit, prises à 1 600 Iso et passées à la moulinette du réducteur de bruit Dfine (Nik Software), montrent une nette amélioration, comparée à ce que propose l’E-3 en interne.


Extrait d’une photo à 100 Iso, E-3 de série.


Extrait d’une photo à 200 Iso, E-3 de série.


Extrait d’une photo à 400 Iso, E-3 de série.


Extrait d’une photo à 800 Iso, E-3 de série.


Extrait d’une photo à 1 600 Iso, E-3 de série.


Extrait d’une photo à 3 200 Iso, E-3 de série.

Vous trouverez ci-dessous quatre photos, l’une sans réduction de bruit, les trois autres avec des niveaux progressifs de correction. Le mode Fort lisse un peu trop les détails fins et, pour un fort agrandissement, mieux vaut travailler en Raw, afin d’appliquer ce nettoyage à la source, soit avec les outils standards de Photoshop, soit avec des logiciels dédiés.


Réducteur de bruit désactivé


Réducteur de bruit niveau faible


Réducteur de bruit niveau moyen


Réducteur de bruit niveau fort

À ce bilan photographique doivent s’ajouter quelques remarques sur la richesse fonctionnelle. Certains sous-menus, comme celui consacré aux options régissant l’autofocus, la mémorisation de l’exposition et du point sont d’une complexité telle que l’on se demande s’il existe vraiment des photographes qui se plongent dans des arcanes aussi ténébreuses et qui, sur le terrain, se souviennent des options qu’ils ont paramétrées. Après tout, on s’est tous servis d’un reflex argentique sans ressentir des manques impératifs à combler. Mais pour ceux qui jouent le jeu et veulent se tailler un appareil sur mesure, je regrette qu’il n’y ait que deux configurations utilisateur, qu’Olympus n’ait pas embarqué une aide intégrée comme le fait Nikon et qu’il n’y ait pas d’options pour regrouper dans un menu « utilisateur », les commandes les plus employées, même si elles sont éparpillées dans différents sous-menus.

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