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Leica SL : priorité à la qualité d’image

Materiel
20/10/2015 | Jean-Marie Sépulchre

Leica a fait le choix de normaliser ses trois produits phares 24 x 36 mm avec une définition de 24 millions de pixels – le S de 30 x 45 mm affichant 37 millions de pixels. Le constructeur allemand serait-il trop timide, quand Nikon a fait le choix du 36 millions de pixels et Canon du 50 millions de pixels ? L’affaire est délicate à trancher : certes, des objectifs haut de gamme récents permettent d’exploiter les 50 Mpxl du dernier Canon, mais pour quel but ? Rares sont les amateurs experts voire les pros qui ont à fournir de façon courante des agrandissements géants de 60 x 90 cm, et il est d’ailleurs frustrant de constater qu’avec les capteurs ultradéfinis on admire à l’écran des microdétails qui seront trop petits pour être vus sur le papier. Reste l’incontestable atout de pouvoir considérablement recadrer son image. A contrario, un capteur natif 40 x 60 cm (le 24 Mpxl à 254 ppp) sans filtre antialiasing et couplé à des objectifs d’élite permet des agrandissements plus importants à partir des fichiers DNG qu’un capteur plus défini, mais accueillant des optiques moins performantes. Enfin, on peut penser que pour exploiter au mieux les anciens objectifs Leica - parfois comme ceux de la série R ou M du siècle dernier, prévus pour le pouvoir séparateur des films argentiques - il faut rester un peu raisonnable et que le pouvoir séparateur du SL, 80 paires de lignes au millimètre, est un excellent compromis.

Pour avoir eu la malchance d’essayer surtout le SL par temps gris, agrémenté de rares percées du soleil, nous avons constaté qu’incontestablement, il y a bien un effet Leica dans le rendu des images qui ont été faites avec des éclairages variés à l’aide du premier modèle de zoom disponible avec le SL. Cette optique ressemble à un objectif moyen-format et l’image finale Jpeg est dans le même esprit : netteté très fine des détails, mais sans trace d’accentuation numérique par la petite frange blanche visible à 100% écran sur beaucoup de modèles concurrents. À première vue, on pourrait penser que les images sont moins claquantes que celles des autres 24 x 36 de même définition, comme les Canon EOS 5D Mark III, Nikon D750 ou Sony A7, mais dans les faits, pour agrandir un fichier de façon très propre, il est essentiel qu’il soit dépourvu de traces d’accentuation, qui dès lors deviennent plus larges ; c’est une fois le format final obtenu que l’on pourra appliquer un peu de masque flou ou de microcontraste pour rendre le tirage « croustillant ». Ce choix est logique compte tenu de la définition de 24 Mpxl qui nécessitera une interpolation pour les 50 x 75 ou 60 x 90 cm d’exposition.

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Exemple de prises de vues à 24 et 90 mm de focale, 50 ISO, f/4, temps gris soleil voilé.
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Exemple de portrait en contre jour converti en noir et blanc, 90 mm f/4.

Cette finesse et cette douceur sont encore de mise si l’éclairage est uniforme à 1 600 Iso et même à 3 200 Iso , avec un grain d’aspect très fin et argentique qui se manifeste progressivement. À 6 400 et surtout 12 500 Iso, le grain devient très présent, il va ressembler à de la Tri-X poussée, mais sans les dérives colorées qui étaient par exemple l’apanage de la Fuji Superia 1 600. Leica a fait le choix de ne pas recourir au lissage en montant en sensibilité, priorité est donc toujours donnée au piqué : il est toujours possible de lisser en post-traitement un Jpeg, en revanche les détails effacés à la prise de vue le sont pour de bon.

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Essai en haute sensibilité lumière du jour.



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Essai en Jpeg sans aucun post-traitement, extraits 100% de la vue de la façade.

Le manque de styles applicables au Jpeg incitera néanmoins à privilégier le format DNG, que même des générations anciennes de Photoshop Elements ouvrent sans difficulté, mais la finesse des réglages et de la réduction de bruit proposées par les dernières versions CC de Photoshop ou de Lightroom incitent à ne pas lésiner sur la qualité des logiciels de post-traitement. Bien entendu, quand on a la chance d’essayer un appareil en avant-première, on se prive de la comparaison avec les logiciels qui n’ouvrent le DNG que s’ils ont en mémoire le profil de l’appareil, comme Capture One et DxO Optics Pro. Nos essais avec Lightroom CC montrent la supériorité des fichiers DNG notamment en hauts Iso, avec un grain quasiment invisible après correction jusqu’à 6 400 Iso et encore très limité à 25 000 Iso. On pourra donc doser, avec la précision la plus grande, l’équilibre souhaité entre le piqué et la finesse du grain : en pratique le DNG offre une marge de 2 IL par rapport au Jpeg. La correction des DNG sous Lightroom garantit des tirages A2 impeccables à 6 400 Iso et des doubles pages magazine (A3) impressionnantes jusqu’à 25 000 Iso. De même en lumière délicate – par exemple les fatales lampes basse consommation –, la balance de blanc automatique a parfois des difficultés, alors que la correction du DNG est très aisée. On peut penser que les photographes très exigeants qui recherchent une certaine perfection avec des outils coûteux seront plus motivés pour photographier en DNG qu’en Jpeg.

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Essai en haute sensibilité lumière artificielle.


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Essai en haute sensibilité lumière artificielle, DNG corrigés avec Lightroom CC, extraits 100% de la scène de test.

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