D’une certaine manière, le plus dur, dans la photo de spectacle, n’est pas de savoir comment choisir et régler son matériel, mais d’obtenir l’autorisation de photographier comme bon nous semble. Ce qui ne signifie pas qu’une fois en place avec le blanc-seing des organisateurs, il suffit de viser et déclencher. Il y a des règles, des astuces à connaître pour ne pas revenir avec des photos mal exposées, floues, ou peu intéressantes. C’est là qu’intervient Sébastien Mathé qui exerce en tant que photographe officiel de l’Opéra national de Paris (veinard !) et sur de multiples scènes. Il met aussi son talent au sein de Graine de photographe qui organise des stages et des voyages.

Un premier conseil, si le livre se trouve devant vos yeux, est de le parcourir comme s’il s’agissait d’un album de photos. Notamment l’annexe qui dévoile un travail personnel de l’auteur, Viva Danza, avec pour base le flou de bouger, source d’images magnifiques. L’autre conseil est de jeter un œil aux données Exif qui montrent ce qu’il faut attendre d’un jeu de réglages d’exposition, pour obtenir une image correcte selon le sujet et le niveau de luminosité.

Enfin, l’auteur étant équipé en Canon, les réglages ne font pas référence à d’autres marques. Il est même dommage qu’il n’ait pas cherché à développer ce qu’apporte l’usage d’un hybride, qu’il reconnaît comme étant un outil extraordinaire en raison du silence de fonctionnement que l’obturation électronique apporte. Il met en avant le mode manuel, « M le Maudit » comme il se plait à le qualifier en hommage au film de Fritz Lang et donne quelques conseils de préparation. Car ce n’est pas dans le noir et pendant que l’action se déroule qu’il faut plonger dans les menus à la recherche d’un réglage oublié. Comme désactiver la lumière de l’AF, ce qui m’est arrivé il y a quelques jours… dans une salle où la photo est interdite !

Reste que le cœur du livre va bien plus loin que les réglages de l’appareil, hormis des conseils ici et là sur le mode de mesure en fonction des types d’éclairage ou des considérations de vitesse, sensibilité et de focale selon les types de spectacles. C’est l’expérience d’un photographe qui se déroule devant nos yeux, avec le distinguo entre les photos qu’il prend dans un cadre professionnel, qui doivent répondre à ce qu’en attendent ses clients, et celles qui satisfont ses aspirations artistiques et son engagement personnel. Et il montre que cette dualité doit s’inscrire dans le respect de nombreux codes, à la fois relationnels et esthétiques, car on ne se comporte pas de la même manière pour photographier à l’Opéra de Paris que dans un concert gratuit de groupes peu connus, un spectacle de fin d’année dans une école de danse ou une performance de rue.

Un dernier et court chapitre, consacré à la postproduction, apporte de nombreux conseils, tant pour la gestion des images que leur traitement sans s’étaler sur des considérations inutiles. C’est d’ailleurs une des qualités du livre que de parler technique avec équilibre, sans développement superflu.

• Matériel et réglages
• Se préparer à la représentation
• S’adapter aux disciplines artistiques : concerts (de rock, de variété, de jazz, classiques), théâtre, opéra, danse moderne/classique, cirque, comédies musicales, spectacles en extérieur, en déambulation
• Postproduction des images

  Les secrets de la photo de spectacle, de Sébastien Mathé, photos de l’auteur

• 21 x 23 cm, 120 pages
• 23 €
• Édition Eyrolles