Les plans d’eau aux rendus éthérés vous plaisent en raison de la fantasmagorie qui s’en dégage ? Alors ce livre vous apprend tout sur la création de ces ambiances qui confinent parfois à l’onirisme.
Le secret de ces images où les plans d’eau, aussi agités soient-ils, et les ciels tourmentés de nuages deviennent cotonneux et immobiles, réside dans un temps d’exposition anormalement long. Comme les paysages urbains striés de jaune, d’orange, de rouge et de blanc, correspondant aux trainées induites par les phares et voyants des véhicules. Photographier de la sorte ne va pas de soi et implique de nombreuses spécificités techniques que l’auteur, un spécialiste du genre qui aime « photographier le temps qui s’écoule », maitrise parfaitement. Ce que vous constaterez en vagabondant sur son site.
La vitesse jouant un rôle crucial dans ce type de prise de vue, il n’est pas étonnant que trois exemples soient développés, avec des séries de photos au temps d’exposition progressif pour en montrer l’influence. L’usage du filtre de densité neutre, pour exposer longtemps en plein est détaillé, avec un tableau montrant la progression des vitesses selon l’intensité du filtre. Un tableau que l’amateur ferait bien de photographier et garder dans son téléphone… qui fera à l’occasion une super télécommande Wi-Fi pour son appareil. Plusieurs pages sont consacrées au matériel : filtre, mais aussi trépied (que l’auteur n’hésite pas à installer dans l’eau et à entretenir soigneusement aussi). D’une manière générale, on apprécie la finesse des conseils techniques, issus d’une pratique assidue, comme le placement de petits bouts de planches pour éviter tout enfoncement des jambes du trépied dans un milieu meuble. Détail qui a son importance quand une exposition dure plusieurs minutes. La méticulosité est de mise, l’auteur détaillant une check-list à vérifier avant toute séance. Rien n’est laissé au hasard.
Le post-traitement n’est pas oublié, l’auteur agissant avec Lightroom, voire Photoshop pour fusionner deux expositions, l’une privilégiant le ciel, l’autre l’élément liquide. Sans oublier Silver Efex Pro de la Nik Collection quand il s’agit de peaufiner un rendu monochrome. Pour clore ce parcours initiatique, Christophe Audebert donne la parole en images à six photographes qui apportent « un autre regard sur la pose longue », titre du dernier chapitre. J’en retiendrai tout particulièrement Julia Anna Gospodarou et Joël Tjintjelaar pour leur vision N&B de l’univers architectural.
Encore une fois, la collection Les secrets d’Eyrolles montre que la conjugaison d’un photographe passionné et d’un sujet original fonctionne à merveille pour publier des livres à la fois techniques et artistiques… il n’y a pas de secrets !
Sommaire
Les secrets de la pose longue , par Christophe Audebert
17 x 23 cm, 148 pages
23 €
Éditions Eyrolles
www.eyrolles.com