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Malo : « Je qualifie mon travail de participatif, car je pose des questions qui ouvrent le débat »

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28/10/2020 | Sandrine Dippa

Il ne reste que quelques jours pour participer au financement du projet Faces Cachées sur Ulule. L’ouvrage regroupe une sélection d’images réalisées sur dix ans. Pour l’occasion, le photographe nous parle de sa démarche artistique.

Le Monde de la Photo : Parlez-nous de votre parcours de photographe…
Malo :
J’ai grandi dans la photo avec un père photographe. À l’époque, tout était argentique et j’ai passé une grande partie de mon adolescence en laboratoire avec l’odeur du révélateur et du fixateur. J’adorais travailler mes tirages avec des « poêles à frire » pour retenir ou remonter certaines densités de mes photos. Je réalisais des photos de voyages ou de déambulations parisiennes avec mon FM2, plus tard avec un F2. Pendant 20 ans, j’ai ensuite été graphiste. J’ai réalisé beaucoup d’affiches pour des évènements culturels tels que Paris Musées et le festival Off d’Avignon, mais aussi des pochettes de disques pour Indochine, Patricia Kaas ou encore Manu Lanvin. En 2010, j’ai voulu raconter mes propres histoires et les mettre en scène. C’est à ce moment que j’ai réalisé mes deux premières séries Un jour mon enfant tu seras ! et La vie ordinaire d’un homme invisible. À l’époque, ce fut un sacré challenge pour moi, car je connaissais peu la lumière studio. C’est donc en autodidacte que j’ai appris à utiliser des flashs. J’ai eu beaucoup de chance avec ces séries, car j’ai eu de bons retours qui m’ont permis d’avoir de la visibilité et d’être approché par la galerie Bettina avec laquelle je travaille encore aujourd’hui. Je suis alors devenu photographe à part entière en ayant deux axes : la photographie publicitaire et la photographie d’auteur afin de réaliser mes propres séries.

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Photo : Malo, série Animalités

Le Monde de la Photo : Comment définiriez-vous votre style photographique ?
Malo :
Je mets en scène des personnages dans des lieux, dans l’ensemble prestigieux, ou dans des décors que je réalise afin de créer une atmosphère qui servira au mieux mon propos. Je qualifie mon travail de participatif, car je pose des questions qui ouvrent le débat et permettent un échange avec le public.
Un jour, un couple de collectionneurs qui m’a acheté deux photos de L’homme invisible m’avait les avoir installées dans leur salon, comme ça quand ils recevaient du monde ils avaient tout de suite un sujet de discussion. C’est le plus beau compliment que l’on puisse me faire.

Le Monde de la Photo : Comment travaillez-vous vos projets ?
Malo :
Lorsque j’ai une idée concrète en tête, j’écris un synopsis, je détaille les images que je souhaite réaliser et je détermine notamment le nombre de personnages ainsi que l’époque à laquelle ma scène va se situer. Je cherche en parallèle un lieu et je constitue mon équipe. Je fais ensuite un repérage pour déterminer chaque image et une feuille de service avec le planning des photos à réaliser. En parallèle, je réalise un moodboard avec les intentions du projet. Il est constitué de photos bien sûr, mais aussi de peintures, d’illustrations ou de textes provenant de romans ou de poésies. Une fois que j’ai trouvé les modèles, j’échange avec le styliste, les coiffeurs et les maquilleurs. À cette étape, je m’occupe de la partie technique c’est-à-dire de la lumière et j’établis une liste matériels (Flashs, modeleurs, pieds, super-boom, diffuseur…). Il est important de repérer les contraintes inhérentes au lieu. Le jour de la prise de vue, je briefe mes assistants. La plupart du temps, je travaille avec plusieurs modèles dont je m’occupe un à un, afin d’obtenir la bonne attitude pour chacun d’eux. Une fois le shoot terminé, je passe à la postproduction, ce qui est une grosse étape. Je m’occupe aussi du tirage et de l’encadrement.

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Photo : Malo, série In the mood for Black

Le Monde de la Photo : Quelle est la part de retouche dans votre travail ?
Malo :
La retouche a une part importante dans mon travail. Déjà parce qu’il y a du surréalisme pour lequel je fais des montages, mais aussi tout simplement parce que je ne m’interdis rien. Je ne fais pas de photos reportages qui témoignent d’une réalité donc je peux tout me permettre et les seules contraintes que je me donne sont que cela me plaise. Maintenant, je considère que la postproduction n’est pas là non plus pour cacher des insuffisances à la prise de vue, mais bien pour servir un rendu pour lequel j’ai construit spécifiquement une lumière et une mise en scène. En clair, je ne vais pas changer l’intention de la lumière que j’aurais faite lors du shoot. Je fais le choix d’avoir la main sur l’ensemble des étapes, je ne laisse pas l’appareil me faire une proposition de traitement avec tel ou tel rendu jpg. Je travaille en Raw qui est un fichier brut et qu’il faut donc développer. Par la suite, si j’ai fait du focus stacking, il faut que j’assemble l’image. Comme je shoote plusieurs photos pour chaque scène, je peux tout à fait remplacer l’attitude d’un personnage par une autre, meilleure. Ensuite, je vais nettoyer le fichier. Il m’est par exemple arrivé sur la série Une vie de château d’avoir à restaurer en postproduction le château qui était complètement délabré. Je vais faire plus ou moins de beauté sur les peaux des modèles en fonction du rendu souhaité et puis finir par l’étalonnage.

Le Monde de la Photo : Quel matériel utilisez-vous ?
Malo :
Pour mes séances, je travaille au moyen format avec le GFX100 de Fujifilm, ce qui me permet d’avoir une grande dynamique dans l’image, une importante plage colorimétrique et une très bonne résolution pour mes tirages grand format. Selon moi, Fujifilm a réussi à faire un moyen format hybride très compact et donc très maniable, de la taille d’un gros 24x36 reflex. De plus, les collimateurs sur l’ensemble du capteur révolutionnent radicalement le monde du moyen format et son collimateur unique. Pour la lumière je travaille avec des flashs Profoto, car ils sont très stables et très fiables et offrent une gamme complète à la fois sur les flashs et les modeleurs. J’utilise en même temps des torches sur générateurs Pro10 pour avoir le maximum de puissance (et de vitesse de recyclage), des torches autonomes B1x sur batterie pour pouvoir rehausser facilement un personnage ou un détail et des A10 que je vais placer directement dans mes scènes en pratical light afin de simuler une lampe ou une TV. J’utilise ensuite toute la gamme de modeleurs en fonction de la forme et de la dureté de lumière que je souhaite avoir dans chaque scène. Pour mes tirages d’art exposés en galerie, je me sers d’une SC-P9000 d’Epson qui a un rendu incroyable dans les dégradés de couleur avec le papier Fine Art Cotton Smooth.

Le Monde de la Photo  : Quels sont vos projets ?
Malo :
Actuellement, ce livre me prend bien sûr beaucoup de temps. À côté je dois finir la postproduction d’une nouvelle série qui sera présentée pour la première fois dans ce livre. J’expose également - en ce moment - une partie de ma série Animalités à la Galerie Bettina. Et je cherche un lieu pour un nouveau projet que je souhaite réaliser avec un styliste dont les pièces sont incroyables.

ulule.com/faces-cachees/

malo-photos.com

@malophotos

Crédits image d’accueil : Photo : Malo, série Animalités

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