L’argument revient régulièrement : tel objectif est accusé de ne pas être solide parce qu’il a une monture en plastique, tel autre est réputé indestructible avec sa monture en métal. Et les constructeurs font très attention à ne pas trop communiquer sur le sujet. Et pour cause : si l’on cherche bien, beaucoup d’objectifs reposent sur des fixations en polycarbonate.
Les constructeurs aiment garder leurs secrets de construction et, même pour les journalistes techniques, il est souvent difficile d’obtenir des réponses claires à certaines questions. Du coup, paradoxalement, c’est souvent par des chemins détournés que l’on obtient des informations intéressantes : par exemple, le loueur de matériel américain LensRentals avait l’été dernier publié ses propres statistiques de fiabilité, égratignant quelques idées reçues sur les télézooms professionnels.
La semaine passée, son fondateur Roger Cicala s’est intéressé à une autre question : la vraie nature des montures. Les débats sont en effet vifs chez les utilisateurs, qui critiquent tel objectif ou tel appareil pour sa monture plastique ou louent tel autre pour sa monture métal, supposée plus solide — et ce, bien que les constructeurs répètent à l’envi que le polycarbonate n’est pas forcément moins résistant et absorbe mieux les chocs.
Le problème, c’est que ceux qui parlent de monture métallique pour leur objectif favori n’ont pas tous les éléments pour juger. Photos à l’appui, Cicala montre que beaucoup d’objectifs réputés "tout métal", avec un barillet et une baïonnette en laiton par exemple, ont en fait une monture en plastique entre les deux.
Dans le lot, on trouve quelques surprises : par exemple, l’emblématique Canon 24-70 mm f/2,8L première version, réputé être un "tank" indestructible, a bien une monture plastique entre le fût et la baïonnette, de même que le 14 mm f/2,8L II de la même marque.
L’auteur précise au passage que ces montures en polycarbonate ne posent en fait pas de problème de fiabilité particulier : « La monture en plastique [du 24-70 mm] ne casse jamais, bien qu’elle supporte un kilo d’objectif. Croyez-moi : nous avons transporté des centaines et des centaines d’exemplaires pendant des années et n’avons jamais eu de monture cassée. »
Il ajoute que sur le plan de la maintenance, une monture plastique est un avantage : elle casse sans bouger et se remplace aisément, alors qu’avec les montures entièrement métalliques, « les composants internes et les lentilles sont déplacés et tordus, et cela peut prendre plusieurs heures pour restaurer l’alignement optique ». Et de considérer que le débat sur le matériau des montures est un exemple d’ « hystérie Internet » plus qu’un vrai argument.
Notons tout de même qu’il ne parle pas ici des baïonnettes, le dernier élément de la monture, qui se glisse et se verrouille dans l’appareil. Celle-ci est presque systématiquement métallique sur les objectifs haut de gamme ; cependant, ce n’est pas une question de solidité mais d’usure, les frottements lors du montage et du démontage de l’objectif pouvant plus facilement abraser du polycarbonate que du laiton.
Le billet intégral de LensRentals (en anglais)