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My brother’s war, poignante enquête en images

technique
22/03/2011 | Benjamin Favier

Photographe de formation, Jessica Hines se sert de l’image fixe pour densifier l’intensité narrative de ses récits. Le plus poignant d’entre eux, My brother’s war, relate une enquête en images et en mots sur les traces de son frère Gary, vétéran du Vietnam, qui commis un suicide il y a trente ans. On peut en voir une partie sur le site de l’artiste, en accès libre.

Telle une détective, Jessica Hines a mené, durant des années, une enquête très particulière. 1980 : alors âgée d’une vingtaine d’année, elle apprend que son frère, Gary, s’est suicidé. Comme beaucoup de vétérans de la guerre du Vietnam, il souffrait de troubles nerveux post-traumatiques et invalide à 50 %. Parti volontairement au combat en 1967, le jeune homme voulait trouver un moyen de guérir ses parents, gravement malade. Deux ans plus tard, il revenait au pays, pour vivre reclus, dans le Colorado. « La boîte est restée posée sur une étagère, dans un placard, pendant plus d’une vingtaine d’années. Ma mère avait mis des lettres, des photos, des médailles et des documents importants qui appartenaient à mon frère, Gary », peut-on lire sur le blog d’Elizabeth Avedon, à l’origine du design du livre, My brother’s war.

Mystérieuse boîte

Quand elle découvre cette fameuse boîte, Jessica décide de remonter le temps et de partir sur les traces de Gary. Le projet My brother’s war est né. Il fait écho, selon Jessica Hines, « aux autres familles à travers le monde qui ont perdu ou qui ont actuellement des proches engagés dans une guerre. » En rassemblant les différents éléments, elle découvre des lettres révélant une histoire d’amour entre son frère et une Vietnamienne. Ils avaient prévu de se marier. Personne n’en avait jamais rien su. Elle trouve aussi de nombreux noms et adresses de ses « frères de toujours ». Elle se rend à une réunion de vétérans des compagnies dont il a fait partie. Une expérience éprouvante. En 2007, elle part au Vietnam, à Chu Lai. Sans trop se faire d’illusions, elle pense pouvoir en savoir plus sur le cheminement de son frère en se replaçant dans le contexte. En vain.

Sept chapitres

Scindée en sept chapitres, l’histoire n’accouche pas vraiment d’une grande découverte. Elle est avant tout un moyen, pour l’auteur, de faire un travail de deuil, comme d’autres le font en se recueillant sur une tombe ou un monument. La photographie sert ici à donner une plus grande puissance au récit. Parfois, un bout de main de Jessica, brandissant un cliché dans le cadre, apparaît : elle symbolise ainsi l’aspect très personnel de sa démarche. Cette histoire, c’est aussi la sienne. Sans soulever de polémiques, elle souligne qu’elle n’a jamais pu obtenir de chiffres précis concernant le nombre de suicides de vétérans de la guerre du Vietnam. Ni sur les décès relatifs à une exposition à des produits chimiques. Au-delà de sa dimension artistique, ce travail rappelle combien cette guerre continue de traumatiser la population américaine, tout en dressant un parallèle évident avec les épisodes irakiens et afghans.

- My brother’s war sur le site de Jessica Hines (en flash)

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